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Serono n’est plus à vendre

Ernesto Bertarelli poursuivra le développement de Serono par des acquisitions, Keystone

Ernesto Bertarelli renonce à céder la majorité qu'il détient dans le groupe genevois de biotechnologie. L'action Serono pique du nez à Bourse suisse.

Selon la famille Bertarelli qui détient 60% de l’entreprise, les propositions reçues depuis novembre dernier «ne prenaient pas suffisamment en compte les perspectives d’avenir».

Lundi, Serono a clarifié la situation quant à son avenir, mettant ainsi un terme à un feuilleton empreint d’incertitudes depuis près de six mois. La société d’Ernesto Bertarelli opte donc pour continuer sur la voie de l’indépendance. Ce qui signifie qu’elle entend se développer par ses propres moyens.

La multinationale «investira dans le développement de ses activités existantes et poursuivra activement les opportunités de croissance au travers d’acquisitions», explique le communiqué d’Ernesto Bertarelli, patron de Serono. Elle avait déjà donné un signal en ce sens il y a dix jours en annonçant une augmentation de capital.

Le conseil d’administration proposera à l’assemblée générale du 25 avril une augmentation du capital autorisé de 190,47 millions de francs par l’émission de 7’618’860 nouvelles actions au porteur d’une valeur nominale de 25 francs pièce. Selon certaines estimations, Serono pourrait lever jusqu’à 4 milliards de francs.

Une dépendance au Rebif

Ce capital autorisé serait valable durant deux ans, soit jusqu’au 25 avril 2008. Le numéro un européen des biotechnologies a par ailleurs précisé que l’opération pourrait être effectuée en une seule fois ou en plusieurs tranches.

Avec le message délivré lundi, il paraît que le groupe genevois écarte non seulement l’option d’une vente à un tiers, mais aussi celle d’une fusion.

Reste qu’aux yeux des analystes, Serono affiche pour l’heure une trop grande dépendance vis-à-vis de son médicament contre la sclérose en plaques Rebif, qui génère plus de 50% de ses ventes.

Analyste à la Banque cantonale de Zurich, Yasemin Ersan est ainsi surpris qu’une société bien assise comme Serono, cotée à la Bourse suisse depuis 1987, ait échoué à étendre sa gamme de produits.

«Cela dit, ce n’est pas un problème propre à Serono. Bon nombre de sociétés, qui ont un produit fort, sont aujourd’hui dans la même situation», explique Yasemin Ersan à swissinfo.

Des rumeurs insistantes

Au-delà, toujours selon les analystes, la société présente un déficit quant à l’émergence de produits capables d’assurer le relais en termes de croissance et de réduire la dépendance au Rebif. Le scénario d’une ou plusieurs acquisitions pourrait remédier à ce problème en apportant des nouveautés.

Depuis novembre, la biotech genevoise a passablement alimenté la rumeur boursière quant à l’éventualité d’une reprise par un tiers. Plusieurs noms ont circulé, comme Novartis, les américains Pfizer et Merck ou le britannique GlaxoSmithKline.

Les rumeurs ne devraient donc pas pour autant se taire. Il s’agit désormais d’identifier quelles cibles Serono serait en mesure de racheter. Des précisions sur la stratégie future sont attendues à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires du 25 avril.

Action en baisse à la Bourse

L’action du groupe de biotechnologie genevois Serono a piqué du nez lundi. A la clôture, elle avait perdu plus de 8% à la Bourse suisse.

En automne dernier, après la confirmation par Serono de sa volonté de trouver un repreneur, l’action avait bondi de plus d’un tiers à plus de 1100 francs.

swissinfo et les agences

– Basé à Genève, Serono est numéro 1 européen et numéro 3 mondial de l’industrie des biotechnologies.

– Le groupe est aussi leader mondial du traitement de l’infertilité et détient de fortes positions en neurologie, dans le métabolisme et la croissance.

– La société commercialise 8 produits biotechnologiques dans 90 pays et emploie 4900 personnes dans le monde.

– Depuis l’automne, les spéculations fusaient autour d’un éventuel rachat du groupe suisse.

– Le PDG de Serono, Ernesto Bertarelli, est également à la tête du team Alinghi qui a remporté en 2003 la Coupe de l’America à la voile.

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