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Splendeur et misères de la Suisse à Shanghai

Après presque 6 semaines d'interruption, le télésiège a repris du service. swissinfo.ch

L'expo universelle de Shanghai se termine dans près d'un mois. La Suisse y est très présente, en raison aussi du 60ème anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays. Mais les déboires du télésiège font un peu mauvaise façon.

«Le pavillon suisse démontrera une fois de plus que la Suisse non seulement excelle dans les domaines du chocolat, du fromage et des montres, mais surtout qu’elle est capable d’offrir la plus haute qualité en matière d’innovations techniques». C’est le site internet de l’entreprise Bartholet Maschinenbau AG qui le dit.

Sa filiale Swissrides a construit le télésiège du pavillon suisse à Shanghai. Or l’installation est restée immobile durant presque 6 semaines, pour raisons de sécurité. Une visiteuse chinoise avait eu le pied cassé parce que son siège avait glissé sur le rail.

De nouveaux freins pour le télésiège

Le télésiège a repris du service au matin du 21 septembre, doté d’un nouveau système de freinage. Mais «ça ne corrige pas le fait qu’on ne peut pas opérer s’il pleut», rappelle Manuel Salchli, le directeur du pavillon.

«Les télésièges sont presque intrinsèquement liés à l’image de la Suisse, raison pour laquelle le pavillon propose aux visiteurs un parcours sur ce télésiège spectaculaire», peut-on lire sur ce même site du constructeur. Mais en Suisse, les télésièges fonctionnent par tous les temps. Les ratés de celui de Shanghai nuisent-ils à l’image de la Suisse en Chine?

«Non!» répond la Suisse officielle. «On en discute surtout en Suisse», déclare le conseiller fédéral Moritz Leuenberger, en visite à Shanghai début septembre. Et le ministre des transports d’estimer que «c’est bien, il faut en discuter si on commet une faute. Mais ici, en Chine, ce n’est pas un sujet.»

Même discours un mois plus tôt, le 12 août, lors de la journée officielle suisse à l’expo, en présence de Doris Leuthard. «C’est très dommage», avait alors déploré Johannes Matyassy, le directeur de Présence Suisse, mais «le succès de notre pavillon ne dépend pas de ce télésiège», avait-il affirmé devant la presse suisse. Il avait constaté qu’aucun des journalistes chinois présents n’avait posé la moindre question sur les accrocs du télésiège. C’est bien la preuve que si celui-ci «était très important pour construire la bonne image du pavillon, maintenant celle-ci est là, même si le télésiège ne fonctionne plus.»

«Le pavillon suisse a perdu sa popularité»

A ce stade du récit, on rappellera que la Chine n’est pas précisément un modèle en matière de liberté de la presse. Pour l’expo, les journalistes colporteront des nouvelles positives. Les dérapages, il faut les taire. Durant les longues semaines de panne, on a vu devant l’entrée du pavillon un panneau qui indiquait simplement que «le télésiège est fermé aujourd’hui». Mais les visiteurs ne sont pas dupes.

«Le pavillon suisse n’est pas intéressant sans télésiège. Il est beau à voir, mais il n’y a rien dedans», écrit small ugly fish sur blog.163.com. Maomaoxiaoyu déconseille aux visiteurs de faire la queue devant le pavillon suisse «car la moindre goutte immobilise le télésiège, et on vous avertit beaucoup trop tard.» Et eryuelan a cette remarque assassine: «le pavillon suisse a perdu sa popularité.»

«On est allé visiter les pavillons italien et français, il y avait bien plus de choses à voir. Vous avez un secteur industriel tellement développé, on aurait voulu voir des montres par exemple, mais rien du tout!», déplore ce visiteur de Shanghaï en quittant le pavillon.

Les efforts de Bâle, Genève et Zurich

«C’est un peu malheureux quand cette notion de la Suisse parfaite est écornée par un téléphérique qui tombe dans le pavillon suisse. Ça ne rend pas service», lance Claude Béglé.

L’ancien directeur de La Poste dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Il était récemment à Shanghai, chargé de promouvoir l’excellence genevoise et romande en matière d’énergies propres. Après son exposé, Claude Béglé révèle que deux entrepreneurs chinois très puissants sont dans la salle, et veulent s’implanter à Genève. Ce serait l’un des résultats concrets de la présence suisse à l’expo.

Les villes de Bâle, Genève et Zurich ont bel et bien multiplié les efforts dans leur pavillon commun. Genève présentait début septembre une exposition de la Fondation de la Haute Horlogerie. De quoi ravir ces visiteurs privés de montres au pavillon suisse. Les hautes écoles ont aussi été très présentes, grâce notamment aux efforts de Swissnex China, la Maison suisse d’échanges scientifiques. «Je suis sûr qu’il y aura une intensification des relations entre scientifiques des deux pays ces prochaines années», déclare Zhiyuan Zhu, vice-président de l’Académie Chinoise des Sciences à Shanghai.

Pour le bilan de la présence suisse à l’expo, rendez-vous fin octobre. Idem pour les éventuelles demandes de réparations suite aux ratés du télésiège, qui auront passablement gâché la fête.

Après l’accident, la société Swissrides a développé un système de freinage censé empêcher tout dérapage intempestif.

Les dix combinaisons de sièges ont été dotées de ce dispositif, dont la fabrication, l’installation et le réglage ont pris près de 6 semaines.

Swissrides a dépêché une quinzaine de techniciens à Shanghai, en plus des six personnes qui sont présentes en permanence pour exploiter l’installation.

Paradoxalement, depuis la fermeture, le pavillon accueillait chaque jour plus du double de visiteurs, «jusqu’à 25’000», selon le directeur Manuel Salchli. «Avec sa réouverture, on ne dépassera pas 10’000.»

«Le salon VIP du pavillon suisse est réservé à 90%, on aurait pu le faire plus grand», constate Manuel Salchli.

«Les autorités chinoises nous inondent de demandes pour visiter le pavillon, avec télésiège ou pas», précise le directeur.

Le restaurant rencontre un franc succès, il a été classé meilleur établissement de l’expo par une équipe de journalistes suédois qui réalisent un classement en collaboration avec le Shanghai Daily.

L’espace ouvert du pavillon attire les visiteurs, qui y ont accès sans faire la queue. Ils aiment y pique-niquer, s’y abriter du soleil ou de la pluie et assister aux différentes animations qui s’y tiennent.

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