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Un an après: le sentiment des Tunisiens

Tunisie Keystone

Le 14 janvier 2011, le peuple tunisien célébrait le départ du président Ben Ali, à la tête du pays depuis 1987. Une année après, swissinfo.ch a invité les tunisiens à témoigner de leurs émotions, leurs craintes et leurs espoirs.

Comment a évolué la situation au niveau des droits de l’homme, de la démocratie et des libertés individuelles? Qu’attendre de la communauté internationale ou spécifiquement de la Ligue arabe? Quelles perspectives pour l’avenir de la Tunisie après ses premières élections démocratiques?

Ci-dessous, une sélection des réactions parvenues aux rédactions francophone et arabe, via swissinfo.ch et facebook. Nos remerciements à tous les contributeurs. Si vous désirez laisser un message et participer au débat, rendez-vous au bas de la page.

Kawthar M’rabet

Depuis le 24 octobre, je sens qu’il y a une régression: la méfiance s’est réinstallée, la solidarité est finie, la tolérance n’est plus aussi présente. La Tunisie est divisée en deux camps.

  «J’ai vécu les plus belles heures de ma vie»,Kawthar M’rabet

Le 14 janvier 2011, sur l’avenue principale de Tunis, l’avenue Habib Bourguiba, j’ai vécu les plus belles heures de ma vie en tant que citoyenne, en tant qu’être humain, en tant que femme, en tant que mère… (…) Il n’y avait plus de différences entre nous; nous n’étions plus riches ou pauvres, femmes ou hommes, citadins ou paysans, cadres ou ouvriers… Nous étions tous tunisiens! Mais depuis le 24 octobre, je sens qu’il y a une régression: la méfiance s’est réinstallée, la solidarité est finie, la tolérance n’est plus aussi présente. La Tunisie est divisée en deux camps : les partisans d’Ennahdha et ceux qui sont contre… (…) Le futur : c’est la lutte pour protéger le pays.  

«Ranger une fois pour toute la hache de guerre»,Faayachi 

Je pense que tous ces acteurs, à savoir gouvernement – syndicat – patronat – employés, doivent ranger une fois pour toute leurs haches de guerre tout en sachant que l’intérêt de la Tunisie n’est pas un “jeu de bras de fer” ! Déjà notre révolution saigne encore et elle est mise à rude épreuve par ces perdants, ces pseudo-journalistes, ces lâches, ces « pyromanes », ces sit-inneurs,…, qui ne cherchent qu’à entraver la mise sur les rails et sur la bonne direction de la locomotive économique de notre pays. Quel dommage et quelle honte pour notre histoire!

“Libre penseur”

Je suis heureux car j’ai réalisé un de mes rêves, celui de voir mon pays se hisser au rang des pays démocrates où il y a des élections non truquées.

«La Tunisie au rang des pays démocrates»,Libre penseur

Je suis heureux car j’ai réalisé un de mes rêves, celui de voir mon pays se hisser au rang des pays démocrates où il y a des élections non truquées. Je suis heureux de vivre dans un pays où la liberté d’expression, de pensée, ne sont plus dénuées de leurs sens. Je suis heureux et fier d’avoir contribué à cette révolution en m’impliquant depuis la fin des années ’90 dans la lutte contre Ben Ali dans les rangs de l’opposition. Je suis heureux et fier d’être tunisien…

«Je n’ai jamais vu les tunisiens aussi divisés»,Adam

J’ai vécu la soirée du 23 octobre avec stress. Mes craintes se confirmaient: le parti islamiste était sur la voie de faire un score au-delà des attentes. (…) Douche froide. Je n’ai jamais vu les tunisiens aussi divisés. Des visages tristes et inquiets d’un côté et des gens qui se félicitent de la “victoire” électorale de l’autre. Bref je sens que des changements profonds vont toucher la Tunisie.

«Je suis musulmane, mais ça ne regarde que moi»,Leila

J’attends une vraie démocratie. Nous n’avons pas viré un parti et un président mafieux pour avoir à la place une secte. Je suis musulmane, mais ça ne regarde que moi. Je ne veux pas d’un État fondé sur la religion, n’importe laquelle. Je crains de voir le Hamas s’installer à Tunis. Mais d’un autre côté les vrais démocrates sont là pour faire entendre leur voix et les nôtres. Nous ne nous tairons pas et nous ne ferons pas de notre printemps arabe un automne obscure et obscurantiste.

Abou Ahmed

La chute du despotisme et de la dictature s’est faite au prix du renforcement des partis intégristes religieux.

«C’est presque un mai ’68», Abou Ahmed

La Révolution tunisienne fera date comme un point de non-retour pour la dictature, quelle que soit sa forme. (…) C’est presque un mai ’68; il n’y aura plus de chèque en blanc pour futurs dictateurs… Mais le chemin qui mène à une vraie démocratie est long… Et c’est le rôle de l’école, qui doit être complètement réformée et arrêter de condamner de milliers de jeunes à l’enfer de l’immigration clandestine.

«Fuite des entreprises étrangères», Hager Bachouche(via facebook)

La chute du despotisme et de la dictature s’est faite au prix du renforcement des partis intégristes religieux plongeant le pays à l’économie déjà précaire dans une fuite des capitaux et des entreprises étrangères. Un tout autre parti au pouvoir moins radical aurait attiré les investissements étrangers et favorisé le tourisme. Dommage.

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