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Valse des sièges à la tête d’UBS

Peter Kurer fait le ménage dans le conseil d'administration d'UBS. Reuters

Quatre administrateurs de la grande banque ont remis leur démission. Le patron d'UBS Peter Kurer annonce une refonte des structures de l'entreprise mais les investisseurs restent méfiants. A la bourse, le titre plonge à son plus bas niveau depuis 10 ans.

Les administrateurs Stephan Haeringer, Rolf Meyer, Peter Spuhler et Lawrence Weinbach quitteront leurs fonctions au sein du conseil d’administration d’UBS en octobre, a annoncé mardi le numéro un bancaire suisse.

La raison de leur démission n’a pas été communiquée. Afin de les remplacer, la banque convoquera le 2 octobre prochain une nouvelle assemblée générale extraordinaire, la troisième depuis le début de l’année.

Une procédure d’évaluation est en cours afin de sélectionner des candidats à leur succession. «La plupart des personnalités retenues présenteront une solide expérience dans les domaines de la banque, de la finance et du risque», a d’ores et déjà assuré UBS.

L’institution répond ainsi aux nombreuses critiques qui avaient été formulées lors de la dernière assemblée générale d’avril à propos du manque de personnalités bancaires au sein de son organe de surveillance.

Fer de lance de ces critiques, la fondation genevoise Ethos s’est déclarée satisfaite des changements annoncés. «La tenue d’une nouvelle assemblée générale est une bonne nouvelle. C’est ce que nous réclamions», a indiqué son directeur Dominique Biedermann. «Nous sommes très satisfaits, avec quatre changements, le tiers du conseil va changer», a-t-il ajouté.

Pas une surprise

Peter Spuhler avait déjà fait part publiquement de son intention de démissionner dès qu’on lui trouverait un successeur adéquat. Dès lors, pour Andreas Venditti, analyste auprès de la Banque cantonale zurichoise, ces démissions ne sont pas vraiment une surprise.

«Les turbulences étaient si fortes en avril dernier que la banque n n’a pas été en mesure de proposer des candidats à la succession», estime-t-il.

«Il ne suffit pas de remplacer les vieilles têtes; il faut avoir de bon candidats, sans quoi le marché risque d’être déçu. Or la banque a clairement signifié qu’elle cherchait des candidats dotés d’un savoir-faire bancaire et financier et que le processus d’évaluation allait durer quelque temps.»

Refonte structurelle

Parallèlement, UBS a annoncé vouloir procéder à une refonte immédiate de son mode de gouvernance d’entreprise. Le nouveau modèle vise à établir une séparation claire des rôles et des responsabilités entre le conseil d’administration et le directoire du groupe et par un renforcement des activités de surveillance de ce dernier.

En outre, UBS a créé un nouveau poste de senior independant director, fonction qui sera assumée par Sergio Marchionne, patron du constructeur automobile Fiat et actuel vice-président exécutif de la banque.

Dégringolade historique sur fond d’évasion fiscale

Peu goûtée par les investisseurs, l’annonce a provoqué une dégringolade historique de l’action UBS à la Bourse suisse. Une demi-heure après l’ouverture des cotations, le titre cédait plus de 6% et passait en fin de matinée sous la barre des vingt francs.

Jamais l’action UBS n’était descendue aussi bas depuis la création de la banque il y a plus de dix ans. A la clôture, l’action cédait 5,32% à 20,30 francs.

Plusieurs analystes ont pourtant salué les décisions prises par UBS en matière de gouvernance d’entreprise. Mais dans les faits, les investisseurs semblent davantage préoccupés par les pertes au deuxième trimestre et l’évolution de l’affaire d’évasion fiscale dans laquelle la banque est actuellement empêtrée aux Etats-Unis.

UBS est en effet soupçonnée par les autorités fiscales américaines d’aider de riches citoyens des Etats-Unis à cacher des millions de dollars au fisc. Les pressions s’accentuent pour que la banque révèle les noms de quelque 20’000 clients américains de ses services de gestion de fortune.

L’affaire met l’institution financière dans un embarras supplémentaire, alors qu’elle connaît déjà passablement de revers suite à la crise du «subprime» aux Etats-Unis. Sa présence à la une de l’actualité pourrait susciter la méfiance de nombreux super-riches qui préfèrent la discrétion.

Au premier trimestre, UBS a ainsi constaté un reflux d’argent de 11,5 milliards de francs suisses, contre un afflux de plus de 52 milliards il y a un an.

swissinfo et les agences

Fortement ébranlée par la crise du «subprime» aux Etats-Unis, UBS endure depuis plusieurs mois les moments les plus difficiles de son existence.

En octobre 2007, la banque annonce la suppression de 1500 emplois dans sa division d’investissement, dont deux dirigeants prennent aussi la porte.

A la fin du mois, elle révèle une première perte de 726 millions de francs et un correctif de 4,2 milliards dus à la crise du «subprime».

En décembre, les dégâts s’étendent: une dépréciation supplémentaire de 10 milliards de francs est annoncée, en même temps qu’une recapitalisation à hauteur de 13 milliards de francs grâce à un fonds d’investissement singapourien.

En janvier 2008 UBS annonce une perte abyssale de 4,4 milliards sur l’exercice de l’année précédente.

En avril, ce sont 19 milliards supplémentaires qui sont inscrits en négatif. Dans la foulée, le président d’UBS Marcel Ospel renonce à son mandat.

Les dépréciations totales d’actifs se chiffrent désormais à plus de 40 milliards de francs. La banque propose à ses actionnaires une seconde recapitalisation de 15 milliards.

En mai, elle annonce une perte de 11,5 milliards de francs pour le 1er trimestre 2008 et la suppression de 5500 emplois d’ici la mi-2009.

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