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«Un sommet de l’action et non de l’hypocrisie»

Ethnologue de formation, Madeleine Bolliger, comme ses collègues de la Communauté de travail des œuvres d'entraide, s'occupe d'abord de politique de développement.

Comme eux, elle constate que le programme de Rio est resté lettre morte. Interview.

swissinfo: Madeleine Bolliger, puisqu’il n’y pas eu de changement de cap après Rio, qu’attendre encore de Johannesburg?

Madeleine Bolliger: Que ce soit un sommet de l’action. Et non un sommet de l’hypocrisie, ce qui sera le cas si les États se barricadent derrière des mesures volontaires, ce qui permet à chacun de faire ce qu’il veut.

La décennie qui a suivi Rio a été la décennie de la mondialisation économique: elle a profité aux plus riches tandis que la pauvreté n’a fait que s’aggraver et que l’environnement a continué à se dégrader.

Ce que les ONG suisses d’entraide demandent, c’est qu’on mette vraiment en œuvre l’Agenda 21, qu’il y ait un calendrier précis et des actions concrètes.

Et pourquoi les promesses faites à Rio n’ont-elles pas été tenues?

M.B.: Tout simplement parce que les problèmes d’environnement et les problèmes sociaux ne sont pas pris au sérieux: les États font des promesses mais, ensuite, ne ratifient pas les traités internationaux.

Quand il s’agit de commerce, c’est très différent. Ils font en sorte que tout fonctionne le plus rapidement possible et que des sanctions soient prises le cas échéant.

Le développement durable, c’est le contraire de la mondialisation économique. Il faudrait plus de solidarité et plus de justice dans le monde.

Parmi les dossiers que vous suivez personnellement de plus près dans le domaine du développement, il y a celui de l’eau potable…

M.B.: Oui, parce que nous considérons la privatisation de l’eau potable comme un véritable fléau qui aggrave les conditions de vie des pays du Sud.

C’est dû au fait que des multinationales rachètent des réseaux existants et que cela a pour conséquence une augmentation du prix de l’eau. Regardez ce qui s’est passé en Angleterre, en Bolivie, en Argentine, etc.

Si le prix de l’eau augmente de 30 pour cent dans le bidonville d’une grande ville du Sud alors que les gens ne gagnent qu’un dollar par jour, cela aura des conséquences gravissimes pour leur budget familial.

Que fera une multinationale lorsqu’une famille ou un quartier ne pourra pas payer la facture faute d’argent? Va-t-elle leur couper l’eau, tout simplement?

Propos recueillis par Bernard Weissbrodt

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