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3,3 milliards de pertes et 1250 emplois à la trappe

En un an, le CSG a creusé un trou de l'ordre de cinq milliards. Keystone

En 2002, Credit Suisse Group (CSG) a essuyé une perte nette record de 3,3 milliards de francs, dont 950 millions sur le seul 4e trimestre.

Pour faire face, le CSG prévoit de supprimer 1250 emplois supplémentaires, dont 350 dans son secteur assurances, la Winterthur.

L’un à New York, à 6 heures du matin heure locale, l’autre à Zurich, à midi, les yeux pourtant emplis de fatigue: les deux nouveaux patrons du Credit Suisse Group (CSG), l’Américain John Mack et l’Allemand Oswald Grübel, successeurs de Lukas Mühlemann, ont présenté mardi à Zurich des résultats qualifiés d’«inacceptables» pour l’année 2002.

Le qualificatif émane d’Oswald Grübel en personne, qui a précisé que la banque était néanmoins, désormais, «sur la bonne voie».

La perte nette pour le dernier exercice s’élève donc à 3,3 milliards de francs (950 millions pour le dernier trimestre), contre 1,6 milliard de bénéfices en 2001.

Les produits bruts ont atteint 28 milliards l’an dernier, un recul de 28% par rapport à l’année précédente.

Ces chiffres confirment les résultats provisoires publiés il y a un mois. Explications officielles? La faiblesse persistante des marchés, de nouvelles règles comptables et «une série de facteurs spéciaux».

Exemple, déjà annoncé en janvier: de nouvelles charges de quelque 700 millions de francs ont été comptabilisées pour faire face aux démêlés juridiques du Credit Suisse First Boston (CSFB) aux Etats-Unis.

Sous la houlette de ses deux chefs, CSG serre les boulons partout où cela est possible. Le groupe va donc supprimer au total 1250 emplois, 900 dans le secteur bancaire et 350 au sein de l’assurance Winterthur.

Surcapacités

En 2000, Credit Suisse avait déjà décidé d’un premier train de restrictions d’emplois, de 1200 places au total, qui n’est pas encore terminé.

«Mais il s’agissait là d’une réorganisation. Les nouvelles suppressions correspondent en revanche à une adaptation», précise le porte-parole du CSG Jean-Paul Darbellay.

Le CSFB a de son côté décidé en août 2001 de rayer plus de 6000 emplois, aux Etats-Unis surtout. Le groupe occupait à fin 2002 un peu plus de 78 000 personnes, dont un peu plus de 28 000 en Suisse.

Pour mémoire, UBS (près de 70 000 employés, dont 28 500 en Suisse), qui a réalisé une perte de 1,8 milliard de francs en 2002, supprime également des emplois: cette année, quelque 800 places devraient disparaître.

Oswald Grübel estime que le secteur bancaire, en général, souffre de surcapacités de l’ordre «de 25 à 30%»:

«On ne peut évidemment pas réajuster par rapport aux besoins réels en une seule fois. Cela prendra des années et il faut des mesures d’accompagnement», a-t-il déclaré.

Le CEO affirme même s’occuper personnellement des cas les plus difficiles. Quant à savoir si la cure d’amaigrissement devra être poursuivie, il a répondu ne pas penser que la situation soit si mauvaise.

«Si la situation géopolitique n’évolue pas trop mal, nous pourrions même compter sur un bénéfice raisonnable», a prédit Oswald Grübel.

«Grand casino»

Les réajustements sont aussi à l’ordre du jour dans la politique globale du groupe. Le duo américano-allemand n’est pas avare de phrases assassines pour juger certaines décisions de leurs prédécesseurs.

«A la fin des années 90, a dit John Mack, on a pris des risques très inhabituels. C’était un grand casino. Nous faisons un métier où l’on ne peut pas ne pas prendre de risques, mais il faut de la discipline.»

Même ton à propos des bonus généreusement accordés aux cadres: «Au CSFB, plus de la moitié des bonus était garantie par contrat. Heureusement, la plupart de ces contrats sont arrivés à échéance fin 2002. Nous pouvons redescendre aux tarifs usuels dans la branche.»

C’est un mot d’ordre, décidément, «redescendre». «Nous venons du haut d’un secteur, a dit Oswald Grübel, nous devons redescendre.»

Le CSG a d’ailleurs déjà réduit les charges d’exploitation de 22% en une année, à 23,5 milliards, grâce aux suppressions d’emplois et, précisément, à la diminution des bonus ainsi qu’à la vente de certains secteurs.

Le salaire des administrateurs est-il «redescendu» de la même manière? On ne le saura que lors de la parution du rapport annuel, qui sera publié avant l’assemblée générale des actionnaires du 25 avril.

Pour eux, il n’y aura pas de quoi jubiler: le conseil d’administration propose un dividende par action de … dix centimes.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

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