Des perspectives suisses en 10 langues

Aéroports: easyJet continue à faire pression

La compagnie à bas prix poursuit sur sa lancée. Keystone

La compagnie orange dicte-t-elle sa loi tarifaire aux aéroports de Suisse? Bâle a en tout cas réagi dans son sens et annonce un futur contrat avec easyJet.

A Cointrin, les négociations seraient sur le point d’aboutir… Zurich, en revanche, reste sourd.

L’aéroport de Bâle-Mulhouse (EuroAirport) annonce fièrement de nouvelles destinations: grâce à easyJet, la capitale rhénane sera reliée à Londres-Stansted une fois par jour à partir du 28 mars prochain et à Berlin-Schönefeld par deux liaisons quotidiennes à partir du 20 mai.

Lors d’une conférence de presse tenue vendredi, les responsables de l’aéroport ne cachaient ni leur satisfaction, ni leur admiration devant la «manière easyJet»: «Avec un minimum de documentation et un confort réduit, la conférence de presse elle-même est low cost», a dit un cadre.

Il faut dire qu’avec 2,49 millions de passagers en 2003, l’aéroport a perdu 19% de ses passagers, suite notamment à la suppression de nombreuses lignes par Swiss. Le besoin de nouveaux clients est donc urgent.

«Excellent potentiel»

«Porte d’entrée sur les Alpes, avec un bassin de quatre millions d’habitants, Bâle offre un excellent potentiel de développement pour nous», a expliqué le directeur général d’easyJet Suisse Jean-Marc Thévenaz.

La compagnie espère pouvoir compter 1 à 1,5 million de passagers au départ de l’EuroAirport «assez rapidement».

A Cointrin, cinq ans après son installation, la compagnie a déjà près de 2 millions de passagers, et est ainsi, avec 27% du total, la première compagnie à Genève.

Zurich trop cher

EasyJet explique encore le choix de Bâle par la proximité de Zurich et du bassin alémanique: «Nous pourrons desservir des passagers qui, aujourd’hui, font par exemple le trajet St-Gall-Genève pour prendre un avion de notre compagnie», ajoute Jean-Marc Thévenaz.

Car l’aéroport de Kloten, la société Unique plus précisément, reste sourd aux appels d’easyJet. «En juin 2003, nous avons lancé un appel d’offres aux aéroports pour trouver de nouvelles bases aux 120 nouveaux Airbus que le groupe a commandés et pour demander une meilleure prise en compte de notre spécificité», rappelle Jean-Marc Thévenaz. C’est-à-dire adapter les taxes d’aéroport.

Mais Kloten n’a rien voulu savoir; easyJet a déjà décidé de supprimer ses deux vols quotidiens vers Londres-Gatwick, mais conserve encore trois liaisons par jour vers Londres-Luton.

«Nous laissons encore une saison à Zurich, dit Jean-Marc Thévenaz. S’il ne se passe rien, nous nous retirerons complètement. Les taxes sont beaucoup trop élevées.»

Des menaces? «Nous ne voulons pas dicter leurs tarifs aux aéroports, rétorque le directeur, mais les inciter à réfléchir autrement. Une compagnie à bas coût, qui fait du point à point, n’a pas besoin de tri de bagages perfectionné, par exemple.»

«En outre, ajoute Jean-Marc Thévenaz, les aéroports ne vivent pas que des taxes. Ils doivent savoir répondre aux besoins des passagers supplémentaires que nous leur apportons.»

La menace laisse les Zurichois de marbre: «Nous n’avons aucune intention de revoir notre structure tarifaire, déclare le porte-parole Andreas Siegenthaler, mais easyJet reste la bienvenue chez nous.»

Bâle acquis, progrès à Genève

A Cointrin, les Genevois s’étaient montrés nettement plus accueillants, au point de provoquer un tollé auprès des autres compagnies, jugeant l’offre faite à easyJet discriminatoire.

Face au développement «bâlois» de la compagnie, le porte-parole de l’aéroport José Roy reste serein: «Nous sommes en train de finaliser notre dossier et nous avons bon espoir de voir aboutir les discussions bientôt», a-t-il déclaré sur les ondes de la Radio suisse romande.

En situation plus délicate, les Bâlois auront donc été les premiers à trouver une solution satisfaisant easyJet ou d’autres compagnies intéressées.

Car l’affaire Ryanair, du nom de cette compagnie tancée par Bruxelles pour avoir exigé des avantages de la part des aéroports, oblige à une stricte égalité de traitement.

Nouvelle structure tarifaire

«Le 5 janvier, nous avons adopté les principes d’une nouvelle structure tarifaire qui permet de différencier les taxes selon trois critères», explique Eduard Belser, vice-président du conseil d’administration de l’EuropAirport.

«Le premier est le volume de clientèle apporté par la compagnie, le deuxième les prestations offertes et, enfin, le troisième est un engagement de fidélité», précise-t-il. Cette nouvelle structure, qui s’appliquera à toutes les compagnies, doit être avalisée le 20 février.

Les nouvelles destinations offertes par easyJet seront donc taxées selon les tarifs actuels. Mais le contrat est déjà préparé entre l’aéroport et la compagnie – même si non encore signé – pour créer à Bâle une deuxième base suisse.

Actuellement, le terminal sud est en effet inutilisé et pourrait être réaménagé en terminal «low cost», permettant de rapides tournus d’avions, un des critères d’easyJet, qui vise 20 minutes par avion, mais en nécessite 30 à Genève et 45 à Zurich.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Bâle

– Avec 2,49 millions de passagers en 2003, l’aéroport de Bâle-Mulhouse a perdu 19% de ses passagers, suite notamment à la suppression de nombreuses lignes par Swiss.

– easyJet reliera la capitale rhénane à Londres-Stansted une fois par jour à partir du 28 mars prochain et Berlin-Schönefeld par deux liaisons quotidiennes à partir du 20 mai.

– La compagnie orange espère bénéficier de nouvelles structures tarifaires différenciées selon les prestations et l’engagement des compagnies, un nouveau plan préparé par l’Euroairport pour inciter de nouvelles compagnies à utiliser son tarmac.

– Ces structures doivent encore être avalisées définitivement par le conseil d’administration le 20 février prochain.

– L’aéroport de Genève-Cointrin prépare également un dossier de tarifs «différenciés».

– Zurich-Kloten en revanche n’entend pas modifier ses tarifs actuels. Par conséquent, easyJet menace de quitter la plate-forme zurichoise.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision