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A Berne, Gorbatchev s’est fait l’ambassadeur du désarmement

C'est la deuxième fois que le prix Nobel se trouvait sous la coupole fédérale. Keystone

Depuis le Parlement fédéral, Mikhaïl Gorbatchev a appelé le monde à aborder le nouveau millénaire sans armes de destruction massive, en organisant leur destruction. Une prise de position destinée à éviter de futures catastrophes écologiques.

L’ancien président soviétique et actuel leader de la Croix verte internationale – organisation non-gouvernementale pour la sauvegarde de l’environnement – a décidé de lancer son appel depuis la Suisse, pays qu’il a vivement remercié.

«Votre pays a pris de nombreuses initiatives dans ce domaine et a toujours soutenu la Croix verte», expliquait le prix Nobel de la paix devant le Conseil national. Ce dernier espère, par ailleurs, trouver une écoute aux Etats-Unis et à travers l’Europe.

Les inquiétudes de Mikhaïl Gorbatchev concernent principalement les fusées nucléaires disséminées à travers la planète. «Ces armes pourraient proliférer sans aucun contrôle» a-t-il averti. En outre, «l’idée que des pays pensent que la stabilité dépend de l’arsenal nucléaire doit être combattue».

Plus inquiétant encore: les stocks d’armes nucléaires et chimiques voués à la destruction. Peu d’efforts ont été consentis depuis la ratification de la Convention sur les armes chimiques en 1997.

Si la volonté politique existe, aussi bien en Russie qu’aux Etats-Unis, l’élimination des armes est un casse-tête technique et financier. Au total, 50 milliards de francs seraient nécessaires pour éliminer près de 72 000 tonnes d’armes chimiques dans le monde.

Mikhaïl Gorbatchev compte bien entendu sur la crédibilité de la Croix verte pour aider à trouver des financements dans le monde. «Les organisations non-gouvernementales ont un grand rôle à jouer, précise l’ancien maître du Kremlin, dans la mesure où les gouvernements de ce monde se sentent souvent prisonniers des fantômes de la guerre froide.»

Reste à savoir si l’appel de Mikhaïl Gorbatchev aura quelque écho sur le plan international, après cette étape helvétique.

Une chose est néanmoins sûre: son appel a été écouté avec beaucoup de respect par l’ensemble des députés du Conseil national. Hormis ceux de l’Union démocratique du centre (UDC), qui opposée à la présence de Mikhaïl Gorbatchev dans l’hémicycle, a brillé par son absence.

«Une malhonnêteté manifeste et un manque de politesse», s’indigne le conseiller national jurassien François Lachat. «Cet homme est un personnage historique qui a bouleversé l’histoire du monde, et son appel mérite le respect.»

Comme pour appuyer les propos de Gorbatchev, le Conseil des Etats a même accepté, mardi matin, une motion exigeant que la Suisse s’investisse un peu plus dans le désarment chimique.

C’est la seconde fois que Mikhaïl Gorbatchev se rend sous la coupole fédérale. En 1993, il avait assisté à des débats parlementaires depuis la tribune réservée aux diplomates.

Jean-Louis Thomas

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