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A boire et à manger parmi les labels

Les sorties en plein air sont rares pour la plupart des animaux dont on consomme la viande. Keystone

Le consommateur peut faire confiance aux produits estampillés «bio». Mais, il y a à boire et à manger parmi les autres labels alimentaires, qui se réduisent souvent à des instruments de marketing.

Trois associations environnementales et de consommateurs les ont passés au crible.

Ces dernières années, les labels en tous genres ont fleuri sur les emballages des produits alimentaires.

C’est pourquoi le WWF, la Protection suisse des animaux (PSA), la Fédération romande des consommateurs (FRC), ainsi que ses homologues alémanique FPC et tessinois ASCI, ont réalisé une enquête sur ces labels qui a abouti à un classement.

Les différents labels ont été évalués selon plusieurs critères: la protection de l’environnement, des eaux et du climat, ainsi que le respect des animaux.

Des aspects relevant de la crédibilité ont également été pris en compte, selon lesquels le label doit être soumis à des contrôles réguliers et indépendants.

Les organisations pointent notamment du doigt quatre labels pour viande de production non biologique, soit IP-Suisse, Migros Garantie en sept points, Swiss PrimGourmet et Bell Natura.

Faible plus-value

Ces derniers n’offrent guère de plus-value s’agissant du respect des animaux par rapport aux produits non labellisés et sont jugés «peu recommandables», ont-elles annoncé mardi.

Les animaux sont gardés dans des étables à stabulation libre, mais les sorties régulières en plein air ne sont pas obligatoires.

Autre insuffisance, Migros, la plus importante chaîne de supermarchés suisses, ne délègue pas les contrôles à un organe indépendant.

Les autres labels viande non bio sont en revanche jugés «recommandables».

L’étiquetage donne plus d’information



S’agissant des poissons, le label pour thons «Dolphin Safe» est jugé «peu recommandable», car il ne préserve pas les thons d’une pêche excessive.

Au chapitre des fruits et légumes, les labels garantissant une production intégrée obtiennent également une note insuffisante – à l’exception d’IP-Suisse.

Ils n’imposent pas aux paysans des normes plus sévères que les prestations écologiques légalement requises dans l’agriculture suisse.

C’est le même problème pour le label viticole non biologique Vinatura.

A ce sujet, la présidente de la FPC alémanique note que les simples étiquettes donnent souvent des informations plus précises que les labels. La provenance ou le mode de production notamment.

«L’étiquetage des produits est réglementé par la loi. Alors que les labels sont un mélange d’information et de marketing», a déclaré Jacqueline Bachman à swissinfo.

Labels bio «très recommandables»


Par contre, tous les labels bio sont jugés «très recommandables», s’agissant des viandes, des poissons, des fruits et légumes ou des vins.

«Ces produits respectent des critères sévères en matière de protection de l’environnement et des animaux», a indiqué à swissinfo Jennifer Zimmermann du WWF.

Le flux de marchandises est en outre systématiquement contrôlé par un organisme indépendant, depuis les cultures jusqu’à la mise en vente, poursuit-elle.

Les labels garantissant un «commerce équitable» offrent également d’excellentes garanties, à l’exception de «TerrEspoir», qui ne présente pas de produits de culture biologique certifiés et a fréquemment recours aux transports par avion.

«Instruments de marketing»

Le WWF, PSA, la Fondation pour la protection des consommateurs (FPC), la Fédération romande des consommateurs (FRC) et son homologue alémanique dénoncent par ailleurs la confusion engendrée par la profusion de labels en Suisse.

Il existe ainsi quatre labels pour la viande de production non biologique, qui ne se distinguent guère des autres.

«Les labels sont davantage des instruments de marketing que des instruments pour informer le consommateur», dénonce Isabelle Eichenberger, de la FRC.

Les organisations réclament en outre un renforcement des contrôles.

Tous les labels devraient être obligés de faire contrôler l’ensemble des flux de marchandises, «de l’étable à la table», par un organisme indépendant, selon Jacqueline Bachmann.

Et parmi les labels non bio, seul IP-Suisse procède ainsi.

Autre point à améliorer, les inspections des élevages d’animaux sont annoncées à l’avance, même pour les labels bio.

Le marché européen imperméable

Si on jette un coup d’œil de l’autre côté de la frontière, là aussi, les labels bourgeonnent. Et répondent à des critères très divers.

Mais depuis 1993, l’Union européenne possède des normes qui définissent précisément les critères qui doivent être remplis pour obtenir le label «bio». Idem depuis l’an 2000 pour les produits animaliers.

Mais ce marché est difficilement accessible à la Suisse. Et sans cette certification, les consommateurs ne font pas confiance aux produits.

En attendant, le marché suisse est assez grand pour absorber les produits «bio» locaux.


swissinfo et les agences

– Certains labels alimentaires utilisés en Suisse sont peu convaincants.

– Une étude démontre qu’ils n’amènent pas une plus-value par rapport aux autres denrées.

– Et mélangent trop souvent information et marketing.

-Par contre, les labels bio enregistrent les meilleurs résultats.

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