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A Genève, 400 experts pour débattre de la sécurité européenne

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Mercredi s´est ouvert à Genève le 4e Forum international de sécurité. Organisé sous les auspices de la Suisse, ce rassemblement de spécialistes «euro-atlantiques» se présente comme un maillon de plus dans la chaîne du Partenariat pour la paix.

Ils sont plus de 400 – experts, chercheurs, diplomates, fonctionnaires, militaires ou encore représentants d’ONG – à s’être inscrits à ces trois journées de débats. Les organisateurs ont même dû refuser du monde. Comment alors expliquer un tel intérêt croissant des spécialistes pour ce rendez-vous bisannuel qui n’en est pourtant qu’à sa quatrième édition?

Une première réponse tient aux ambitions que la Suisse a voulu lui donner. «Il ne s’agit pas dans ce Forum de distribuer seulement des informations, explique l’ambassadeur Ulrich Lehner, directeur du Centre de politique de sécurité de Genève. Nous voulons favoriser la mise en réseau des institutions actives en matière de sécurité internationale. C’est une place de marché où circulent de nouvelles idées et de nouveaux projets pour la paix».

François Heisbourg, président du conseil de fondation de ce même Centre, avance une autre explication: «le Forum international de sécurité a ceci d’original qu’il est le premier lieu de rassemblement dont le principe de fonctionnement est d’inviter des institutions». Résultat: ce sont quelque 200 organisations qui sont cette année représentées à Genève.

Le thème inscrit à l’ordre du jour porte sur les nouveaux défis de la sécurité européenne. Dix ans après la chute du Mur de Berlin, l’architecture sécuritaire du continent a foncièrement changé. L’Union européenne doit-elle être plus qu’une puissance civile? A-t-elle besoin de missiles pour sa défense? Deux questions qui parmi d’autres attendent réponses.

Dans ce contexte, la Suisse a bien évidemment tenu à ce que les spécialistes d’Europe centrale et orientale soient présents. L’ambassadeur Theodor Winkler, qui dirige à Genève le tout nouveau Centre pour le contrôle démocratique des forces armées, se souvient que l’un des constats qui avait conduit à la création de ce Forum était précisément que «même si les murs sont tombés, il reste toujours des divisions et des frontières invisibles».

De plus, toute une génération d’excellents chercheurs d’Europe de l’Est s’étaient retrouvés coupés du monde, au moment de la débâcle communiste, alors même qu’ils avaient des connaissances très élaborées des situations stratégiques internationales. On mesure mieux dès lors l’importance de recréer avec eux des liens et des outils de coopération.

Autre thème au programme: l’engagement humanitaire. On ne peut en effet réduire les problèmes de sécurité à ses seules composantes militaires. A Genève, des institutions comme le Comité international de la Croix-Rouge ou le Haut-Commissariat de l’ONU pour le réfugiés sont bien placées pour le savoir. Quelles devraient donc être les relations entre les organisations civiles et les forces armées dans les cas d’urgence humanitaire?

Enfin, le Forum fait également une large place aux problèmes de l’information. Pour le professeur Kurt Spillmann, directeur d’un centre spécialisé de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, et initiateur de l’un des meilleurs sites Internet dans ce domaine (International Relations and Security Network, ISN), il faut désormais des guides pour ne pas se perdre dans la jungle de l’information.

Non seulement les États ont vu s’effriter les avantages qui étaient jadis les leurs dans le domaine de l’information générale, mais ils les ont également perdus en matière de sécurité internationale. En outre, la masse de nouvelles est telle qu’il est de plus en plus difficile, pour eux aussi, d’en identifier les sources et de distinguer l’information de la propagande.

Les sujets de conversation ne vont donc pas manquer durant ces trois jours. Mais les promoteurs du Forum feront tout pour que les débats ne s’arrêtent pas là. Le dialogue doit selon eux s’installer en permanence, notamment via le site Internet ouvert à cette occasion. Il ne s’agit plus de rendez-vous ponctuels, mais d’un véritable processus continu dont le prochain acte est d’ores et déjà prévu, dans deux ans, à Zurich.

Bernard Weissbrodt

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