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A Johannesburg, la Suisse aura elle aussi les POPs dans son collimateur

Tristement célèbre la dioxine à l’origine de la catastrophe de Seveso en Italie en 1976. Keystone Archive

Une délégation suisse participe à Johannesburg au dernier round d'une négociation sur l'élimination des POPs, les polluants organiques persistants. L'enjeu: une convention pour protéger l'homme de menaces chimiques pas toujours prises au sérieux.

C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé. Car bon nombre de ces produits avaient été développés jadis pour contrer des maladies ou pour augmenter la productivité de l’agriculture. Aujourd’hui, ils se retournent contre leurs inventeurs.

Le mieux connu de ces POPs est le DDT (dichloro-diphényl-trichloroéthane). Ce pesticide a certes disparu depuis longtemps de la panoplie des agriculteurs du Nord. Mais, sous les tropiques, il sert encore de moyen de lutte contre les insectes qui véhiculent le paludisme.

Tristement célèbre aussi: la dioxine, ce composé chimique à l’origine de la catastrophe de Seveso en Italie en 1976. Mais il faudrait aussi parler des PCB (polychlorobiphényles), des composés organiques utilisés comme fluides isolants réfrigérants dans des transformateurs, condensateurs et autres disjoncteurs électriques.

Les douze produits catalogués comme extrêmement toxiques ont ceci de particulier qu’ils se décomposent très lentement, sont facilement transportés par les vents sur de longues distances et peuvent contaminer n’importe qui et n’importe quoi n’importe où sur la Terre.

On retrouve par exemple des POPs dans les régions arctiques. Des études ont montré que dans les populations Inuits, qui se nourrissent principalement de poisson et de viande, le lait maternel est dix fois plus contaminé que celui des autres femmes canadiennes.

La Suisse, depuis le milieu des années 80, a interdit la production, l’utilisation et le commerce de ces polluants. Au rayon des traitements des déchets ménagers et industriels, elle a pris également un certain nombre de mesures techniques pour limiter les émissions de dioxine.

Cela ne l’empêche pas de se sentir vraiment concernée par des mesures prises à l’échelle de la planète. D’abord parce que, les vents n’ayant pas de frontières, elle n’est pas à l’abri d’accidents chimiques. Ensuite, parce qu’elle tient fortement à ce qu’on applique dans ce domaine, comme dans d’autres, le principe de précaution.

Chaque année, si l’on en croit les informations données par l’Office fédéral de l’environnement, une centaine de milliers de substances chimiques sont commercialisées de par le monde. Il est donc essentiel de prévoir des procédures de contrôle suffisamment strictes pour prévenir de nouveaux dangers.

On discutera aussi à Johannesburg des délais d’adaptation réclamés par les pays en développement qui n’ont pas les moyens financiers ni techniques d’éliminer leurs stocks ou déchets dangereux. La convention n’aura pas les effets espérés si les nations industrialisées ne s’impliquent pas financièrement dans la rénovation des infrastructures industrielles de ces pays et dans le remplacement des POPs par des produits écologiquement corrects.

La Suisse a déposé sa candidature pour le siège du secrétariat de la future convention. Genève est déjà l’hôte de la Convention de Bâle sur le trafic de déchets dangereux et, provisoirement, de la Convention sur le commerce des produits chimiques. La synergie entre ces trois domaines est un argument de poids. Mais l’Allemagne et Bonn qui hébergent la Convention sur les changements climatiques ne partagent pas cet avis.

Bernard Weissbrodt

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