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ABB va réduire sensiblement sa voilure

ABB devrait sortir nettement amaigri de la restructuration en cours. Keystone

Les deux tiers des 800 millions de dollars d'économies que ABB entend réaliser d'ici mi-2004 devraient se faire par le biais de suppressions d'emplois.

Le groupe helvético-suédois a revu ses objectifs à la baisse pour les trois prochaines années.

ABB va subir un traitement de choc, sous la férule de son nouveau patron, l’Allemand Jürgen Dormann, qui va supprimer ou céder 1 emploi sur 3.

«Le nombre de suppressions d’emplois sera supérieur à 10 000, a-t-il déclaré vendredi, au cours d’une conférence de presse téléphonique, en ajoutant que le groupe allait céder ses secteurs pétrochimie (12 000 emplois) et construction (10 000 emplois).

Actuellement ABB, qui traverse la plus grave crise de son histoire, emploie 146 000 personnes, soit 13 000 de moins qu’à l’été 2001.

Selon un porte-parole d’ABB, à l’issue de ce programme d’économies et de cessions d’activités, les effectifs du groupe devraient tourner autour de 100 000 personnes. «Le groupe sera plus petit, mais plus rentable», a-t-il dit.

Encore des économies

Le 24 octobre dernier, Jürgen Dormann, qui a quitté son poste de patron d’Aventis pour diriger ABB, avait déjà annoncé un nouveau plan d’économies de 800 millions de dollars, après un plan précédent de 500 millions de dollars, qui a été «un échec, car il n’a pas apporté les bénéfices attendus».

Vendredi, ABB a précisé que les deux-tiers de ces économies se feront par des suppressions d’emplois.

«Nous allons identifier les postes à supprimer en examinant la situation de Scandinavie jusqu’en Afrique du Sud, et de Bolivie jusqu’en Chine», a indiqué M. Dormann, illustrant ainsi la présence mondiale de ce leader des technologies de l’automation et de l’énergie.

Dans les années fastes, ABB s’était diversifié dans une multitude de domaines, dont l’immobilier et les services financiers. Avec la crise toutefois, le groupe cherche à se recentrer sur ses métiers de base.

Cartes sur table

«Nous voulons plus de transparence et simplifier nos structures», a déclaré vendredi M. Dormann, qui dans le passé a déjà redressé de main de maître le groupe pharmaceutique allemand Hoechst.

Mettant cartes sur table, ABB a aussi sérieusement révisé à la baisse son objectif de rentabilité pour 2002, qui n’est plus que de 1,5% au lieu de 4%.

Une série de casseroles a lourdement handicapé ABB ces derniers mois.

En premier lieu, un scandale a écorné la réputation du groupe, qui a versé des indemnités de retraite record de 233 millions de francs suisses à ses anciens dirigeants, les Suédois Percy Barnevik et Göran Lindahl. Une enquête pénale est en cours sur ce dossier.

Par ailleurs, le groupe fait face à des milliers de plaintes pénales aux Etats-Unis concernant l’amiante fabriquée autrefois par sa filiale Combustion Engineering. Le nombre de plaintes déposées contre ABB était de 111 000 à la fin septembre.

Zurich sera touchée

Dans un communiqué, la Fédération des associations suisses d’employés des industries mécanique et électrique (VSAM) dit espérer que les réductions annoncées seront bien les dernières.

Le syndicat estime à «quelques centaines» le nombre d’emplois qui passeront à la trappe au quartier général zurichois du groupe.

Selon Hansjörg Schmid, porte-parole du VSAM, ces suppressions concerneront les cadres moyens dans l’administration et les finances.

Les ouvriers dans les usines d’ABB Suisse devraient être moins touchés, même s’ils sont en proie à une profonde incertitude.

Samedi, Rolf Schaumann, patron d’ABB pour la Suisse, articule le chiffre de 550 postes à supprimer, sur les 7300 personnes que le groupe emploie en Suisse.

«Manque de vision»

De son côté, le Syndicat de l’industrie, de la construction et des services (FTMH) déplore que le personnel, «une nouvelle fois», doive faire les frais de «graves erreurs de gestion».

A l’instar de son prédécesseur Jörgen Centermann, Jürgen Dormann fait preuve d’un «manque de vision stratégique» dans les mesures annoncées. Le syndicat demande aux banques de «prendre leurs responsabilités» en apportant leur soutien au groupe.

Il exige enfin que les dirigeants qui ont mené ABB au bord du gouffre tout en s’enrichissant «rendent des comptes» à la justice.

swissinfo avec les agences

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