Accueil royal à Tours pour les Suisses de France

Marie-Brigitte Schor Golaz, présidente de l'Amicale helvétique tourangelle, organisatrice du congrès. swissinfo.ch

Ce week-end à Tours, l'Union des Associations suisses de France (UASF) fête dignement ses 50 ans. Marie-Brigitte Schor Golaz, organisatrice du congrès, se réjouit d'une bonne affluence.

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la Touraine, dans la quiétude des bords de la Loire et la majesté de ses châteaux, constitue un cadre de rêve pour fêter dignement ce demi-siècle. D’autant que le printemps a décidé de s’installer pour l’occasion.

Mais la beauté des lieux n’a pas réussi à dissiper les nuages qui s’amoncellent sur la tête de la plus importante communauté de Suisses de l’étranger dans le monde: fermeture imminente du consulat de Bordeaux (créé en 1778), perte de subventions pour l’Ecole suisse de Paris et menaces sur l’édition imprimée de la «Revue Suisse», organe de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE).

Mais aussi le nouveau régime de l’assurance maladie qui s’applique depuis que la Suisse a adhéré à l’espace Schengen.

Jacques-Simon Eggly, président de l’OSE, a exprimé ses inquiétudes sur la participation des expatriés à la vie de leur pays. «Les politiciens parlent de plus en plus de la 5e Suisse mais l’augmentation des mesures prises à son encontre contredit ce discours», a notamment déclaré l’ancien député libéral genevois. Et d’ajouter que l’OSE doit «augmenter sa pression, mais sans agressivité».

Samedi, le président de l’UASF Serge Lemeslif a eu fort à faire pour diriger l’Assemblée générale, avec notamment l’adoption à l’unanimité d’une résolution à transmettre à la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey pour sauver la «Revue Suisse».

Souvenirs encourageants

Mais ce congrès du cinquantenaire a laissé aussi une large place aux souvenirs de la création de l’UASF, en 1959 à l’Abbaye de Royaumont. Outre une exposition d’archives très intéressante, Bernard Gessler, toujours membre de l’Amicale suisse des Pyrénées, est venu apporter son témoignage.

Avec son accent rocailleux, il a raconté que, âgé de 25 ans à l’époque, il était le seul jeune de cette vénérable assemblée fondatrice. «Déjà alors, on se plaignait beaucoup du manque de relève, alors ne vous en faites pas, nous sommes toujours là!», a-t-il conclu parmi les rires de l’assemblée.

Premier essai de e-voting en juin

De son côté, l’ambassadeur Markus Börlin, responsable du service des Suisses de l’étranger, a essuyé les plâtres. Il a rappelé, au nom de Micheline Calmy-Rey, les pressions budgétaires croissantes qui pèsent sur le gouvernement suisse.

Mais il a aussi indiqué que les travaux visant à offrir un système de vote par Internet à la Cinquième Suisse (une revendication prioritaire de l’OSE) progressaient. Et d’annoncer le premier essai du genre dans le canton de Neuchâtel lors de la votation fédérale de juin prochain.

Du côté de l’UASF également, un gros effort a été fait pour développer le site Internet et améliorer la communication entre les 85 à 90 organisations membres. Un appel a notamment été lancé samedi pour encourager les présidents à promouvoir ce nouvel outil.

Revitaliser les relations avec la France

Par ailleurs, l’ambassadeur de Suisse en France Ulrich Lehner, en poste depuis juin 2007, assistait à son premier congrès de l’UASF. Il en a profité pour dresser ce bilan des relations franco-suisses: pas de problème majeur mais peu de visibilité suisse.

«Alors que 31 ministres britanniques se sont rendus à Paris depuis que le président Sarkozy est en place, il n’y a eu qu’un seul conseiller fédéral.» Et le diplomate d’en conclure qu’il s’agit de «revitaliser une relation qui manque d’entrain». D’autant que la France va bientôt occuper la présidence tournante de l’Union européenne (UE).

Place à la fête

La suite des débats a été consacrée à une table ronde sur les énergies renouvelables, puis le programme s’est fait plus festif avec des agapes et visites dans les châteaux de Chinon, de Chenonceau et d’Amboise.

Le tout organisé avec une précision de pendule neuchâteloise par l’Amicale helvétique tourangelle et sa présidente Marie-Brigitte Schor Golaz.

Jean-Michel Begey, vice-président de l’UASF, s’est dit ravi de l’affluence de ce congrès 2008 (près de 200 personnes) et, surtout, de la présence de 30 présidents d’associations, un nombre record qui atteint les 30%.

«Nous avons fait tout un travail en amont pour motiver les présidents à venir et nous sommes très optimistes pour l’avenir», a-t-il dit à swissinfo.

swissinfo, Isabelle Eichenberger à Tours

En bref

En 2007, un Suisse sur dix vivait à l’étranger, soit plus de 668’000 personnes immatriculées, dont 176’723 en France (146’713 binationaux). 160’000 Français vivent en Suisse.

Fondée en 1916 par la Nouvelle Société helvétique de Gonzague de Reynold, l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) a son siège à Berne et réunit plus de 750 associations et institutions suisses à l’étranger.

Créée en 1958, l’Union des Associations suisses de France (UASF) rassemble aujourd’hui entre 85 et 90 organisations.

Faits

A l’occasion de ses 30 ans, l’Amicale Helvétique Tourangelle (AHT) accueille le 50e congrès de l’UASF à Tours, du 25 au 28 avril 2008, soit près de 200 personnes.

Samedi, les délégués ont adopté une résolution destinée à la ministre Micheline Calmy-Rey visant à sauver l’édition imprimée de la Revue Suisse, organe de l’OSE.

Le 51e Congrès de l’UASF se tiendra les 25-26 avril à Roanne.

Motiver les jeunes

Dans son souci d’encourager les jeunes, l’UASF organise une fois de plus un concours destiné aux jeunes de 16 à 25 ans. Avec à la clé un séjour du 17 au 24 août en Suisse pour le ou la gagnant(e) sur le thème «Suisse sans frontières» et participation au Congrès de l’OSE à Fribourg.