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Argent sale: un code de conduite commun pour les grandes banques

graphique blanchiment swissinfo.ch

Onze des plus grandes banques de la planète - comme l'UBS, le Credit Suisse Group, Citigroup, Deutsche Bank et la Société Générale - ont présenté lundi à Zurich un code de conduite en onze points pour mieux prévenir les transactions douteuses.

Cette grande campagne à portée internationale contre le blanchiment d’argent prend le nom de «principes de Wolfsberg». Le Wolfsberg est un important centre de réunion de l’UBS sur les hauteurs du lac de Constance. Ce simple détail montre que les banques suisses jouent un rôle majeur dans cette campagne.

En effet, les établissements helvétiques, champions du monde du «private banking» (la Suisse gère presque un tiers de la fortune mondiale offshore), sont particulièrement exposés. Très logiquement, les plus grosses opérations de blanchiment s’opèrent sur les comptes les mieux garnis.

Les «Principes de Wolfsberg» ne proposent pas de règles particulièrement novatrices. Ils demandent notamment aux banques de vérifier l’identité des titulaires des comptes. On peut simplement s’étonner que certaines institutions bancaires ne le pratiquent pas systématiquement.

Autre obligation: les établissements financiers devront dorénavant vérifier avec la plus grande insistance l’origine des gros virements, même lorsque le client est bien connu. A l’évidence, l’affaire Abacha est passée par là.

La Commission fédérale des banques a montré que la majorité des banques helvétiques, et notamment le Credit Suisse Group, n’avaient pas hésité à accueillir les millions détournés par l’ancien dictateur du Nigeria et sa famille entre 1995 et 1998.

L’OCDE, le G7 et le Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux (GAFI) ont montré du doigt les paradis fiscaux, tels que le Liechtenstein ou les Bahamas, en les accusant d’accueillir sans sourciller tout l’argent sale de la planète. Tout? Pas vraiment. Puisque, aujourd’hui, onze des plus grosses banques révèlent que les places financières de renom, comme Londres ou New York, ne montrent pas non plus beaucoup d’énergie pour traquer les transactions douteuses.

C’est d’autant plus grave que la City, par exemple, gère des dizaines sinon des centaines de fois plus d’argent que Monaco, Gibraltar ou les îles Caïmans. Fort curieusement, aucune des grandes places financières mises en cause n’a réagi aux «principes de Wolfsberg». Du moins pour l’instant.

Ian Hamel

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