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Autriche – Union européenne: la Suisse marche sur des œufs

Le Conseil fédéral a réagi à la formation du nouveau gouvernement autrichien, dont la moitié des ministres appartient à la formation d’extrême-droite de Jörg Haider. Alors que l’Union européenne continue de menacer, la Suisse, elle, joue la prudence.

Le Conseil fédéral a réagi à la formation du nouveau gouvernement autrichien, dont la moitié des ministres appartient à la formation d’extrême-droite de Jörg Haider (à droite, sur la photo). Alors que l’Union européenne continue de menacer, la Suisse, elle, joue la prudence.

Dans sa déclaration, le gouvernement suisse indique qu’il «suivra attentivement l’évolution de la situation en Autriche», et tout particulièrement «l’engagement du nouveau gouvernement en faveur du respect, de la tolérance et de la compréhension dus à tous les êtres humains, quelle que soit leur origine, leur religion et leur vision du monde».

Le Conseil fédéral signale, d’autre part, qu’il est confiant: «la politique du nouveau gouvernement autrichien permettra aux deux pays de maintenir leur relations de bon voisinage».

Ainsi Berne, tout en insistant sur les valeurs fondamentales – les droits de l’homme, la lutte contre le racisme – ne jugera la nouvelle coalition que sur ses actes et renonce à menacer ou à prendre des mesures contre l’Autriche.

C’est donc la prudence qui s’impose. Il faut rappeler que la Suisse et l’Autriche entretiennent des relations étroites. Un exemple: cette vieille tradition diplomatique qui veut que la première visite d’un nouveau ministre des affaires étrangères se fasse chez le voisin.

Ainsi, la Suisse, qui n’est pas membre de l’Union, n’a aucune raison de s’aligner sur la position prise par les 14 capitales européennes. Mais, d’un autre côté, elle doit prendre garde à ne pas sembler manquer de vigilance dans cette affaire.

D’autant plus que l’un des quatre partis gouvernementaux suisses, en l’occurrence l’UDC de Christoph Blocher, vient d’être épinglé par un rapport du Conseil de l’Europe, comme étant une formation politique qui «encourage directement ou indirectement la xénophobie», au même titre que le FPÖ en Autriche.

Mais l’enjeu principal, pour la Suisse, réside à l’intérieur. Le peuple doit, en effet, se prononcer, par voie de référendum, le 21 mai, sur les accords sectoriels conclus fin 1998 entre Berne et Bruxelles. Et au-delà, c’est la question de l’adhésion à l’Europe qui va de nouveau agiter le débat politique suisse.

Le risque, c’est donc que les adversaires de l’intégration européenne exploitent, pour leur campagne, le «précédent» autrichien: un petit pays qui voit sa souveraineté bousculée par les autres membres de l’Union. De là, le parallèle avec la Suisse et l’amalgame entre les accords bilatéraux et l’adhésion peuvent être vite faits.

Les partis gouvernementaux ne s’y sont d’ailleurs pas trompé et s’apprêtent à réagir. Lors d’une réunion, vendredi, ils ont décidé de renforcer leurs efforts d’explication, en mettant l’accent sur la différence entre les accords bilatéraux et l’éventualité d’une adhésion à l’Union européenne.

Pierre Gobet

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