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Berne veut éliminer les armes chimiques russes

La ministre Micheline Calmy-Rey et Mikhaïl Gorbatchev, président de Green Cross International, à Genève. Keystone

La Suisse et l'ONG Green Cross organisent un forum international consacré à l'élimination de 40 000 tonnes d'armes chimiques russes.

Objectif de cette rencontre: stimuler le processus de désarmement et écarter tout risques de catastrophe écologique.

Ce péril justifie pleinement l’engagement de la Suisse dans ce dossier, selon Andreas Friedrich, l’un des responsables du Centre de politique de sécurité internationale, un organisme qui dépend du ministère suisse des Affaires étrangères.

En ouverture du forum qui se tient à Genève, Micheline Calmy-Rey a souligné, elle, le risque que de telles armes tombent entre les mains d’organisations terroristes.

La cheffe de la diplomatie suisse précise que «cette menace exige un renforcement des traités existants, la destruction des stocks et une collaboration encore plus étroite des Etats».

Pour autant, la situation n’est pas désespérée. «Le désarmement chimique a fait des progrès. Environ 10% des stocks déclarés d’armes chimiques dans le monde ont été détruits», relève Micheline Calmy-Rey.

Un début timide

De fait, Moscou – qui possède le plus grand arsenal chimique de la planète (40’000 tonnes) – a commencé à le démanteler, en décembre dernier.

«Mais cette opération tourne au ralentit, faute d’argent et malgré l’implication croissante du président russe Vladimir Poutine», constate Mikhaïl Gorbatchev, président de Green Cross International.

L’année dernière, les chefs d’Etats du G8 ont bien promis de consacrer 20 milliards de dollars au démantèlement de l’ensemble des armes de destruction massive russes.

Mais ce «partenariat mondial» auquel la Suisse vient d’adhérer doit encore se concrétiser sur le terrain.

Un chantier titanesque

Il s’agit en effet de construire des usines permettant la destruction ou le recyclage de ces armes. Ces sites industriels doivent également offrir toutes les garanties de sécurité.

Il faut également trouver des emplois aux nombreux ingénieurs et scientifiques qui travaillaient à ces programmes d’armement.

Les pays donateurs veulent enfin s’assurer que les fonds destinés à cette opération ne seront pas détournés. Une situation qui s’est déjà produite dans le passé.

Le forum de Genève – qui réunit une centaine d’experts et de représentants de gouvernement – devrait donc permettre d’accélérer la mise en place de ce vaste programme.

Identifier un projet

Les participants suisses, dont Toni Frisch, délégué à l’aide humanitaire de la DDC, comptent sur cette réunion pour définir la contribution helvétique à ce programme de désarmement.

En mars dernier, le Parlement suisse a en effet décidé d’y consacrer un crédit de 17 millions de francs suisses.

A coté de cet engagement financier, la Suisse fait également valoir son expertise en la matière. «Avec le soutien de son industrie chimique, la Suisse a contribué à la formation d’inspecteur», rappelle Micheline Calmy-Rey.

Le laboratoire de Spiez (officiellement reconnu par la Convention de l’ONU sur l’interdiction des armes chimiques) a en effet dispensé des cours à plus de 300 spécialistes de 90 pays.

Le projet de déclaration finale du forum suggère, lui, un rôle encore plus ambitieux pour la Suisse: celui de coordinateur de l’ensemble du programme de désarmement russe. Mais, pour l’heure, rien n’a été décidé.

swissinfo, Frédéric Burnand, Genève

Les stocks d’armes chimiques déclarés dans le monde représentent 70’000 tonnes.

La Russie a détruit 1% de des 40’000 tonnes de son arsenal chimique.

Les Etats-Unis ont détruit 25% de leur stock évalué à 31’500 tonnes.

L’Inde et la Corée du Nord sont en train de détruire les 1000 tonnes qu’ils déclarent posséder.

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