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Blocher et Deiss dans l’arène

Le conseiller national Christoph Blocher (g) le conseiller fédéral Joseph Deiss swissinfo.ch

Adhérer ou non à l'ONU? Le tribun zurichois et le chef de la diplomatie suisse ont croisé le fer vendredi soir, lors de l'émission Arena, à la TV alémanique.

Deiss-Blocher: l’affiche se répète, c’est inévitable. Le chef de fil des opposants à une adhésion à l’ONU et le ministre des Affaires étrangères se sont retrouvés à Lausanne, il y a 15 jours. En début de semaine, ils étaient à St Gall. Il y aura eu, en tout et pour tout, cinq face à face.

Avec comme point culminant, donc, le débat ce vendredi, dans le décor d’Arena, l’une des émissions phare de la télévision alémanique. Malgré sa programmation tardive, Arena draine une moyenne de 300 000 téléspectateurs. Et, surtout, elle donne le «la» à l’ensemble de la scène politique nationale.

Pas de grosses surprises

A l’arrivée, après une heure et demi de discussion, parfois houleuse, pas de grosse sensation. L’essentiel des échanges a tourné autour de la question de la neutralité, de la souveraineté, du rôle des grandes puissances au sein des Nations unies, du bien fondé des sanctions, notamment de celles contre l’Irak. Des thèmes visités et re-visités ces dernières semaines.

«L’ONU est une organisation de puissance, pas une organisation de droit. Elle n’a pas d’appareil juridique à son siège. Ce sont les grandes puissances qui décident et, en ce moment, avant tout les Etats-Unis», a lancé Christoph Blocher, en mettant par ailleurs en garde contre un «affaiblissement» de la Suisse.

Pour sa part, Joseph Deiss a voulu rassurer: ni la souveraineté, ni la neutralité de la Suisse ne sont en danger. Il a voulu aussi donner des gages, au nom du Conseil fédéral: «nous sommes tout aussi patriotes que les autres, et même peut-être un peu plus, étant donné notre fonction.»

Une Landsgemeinde pour la TV

Les deux ténors étaient d’ailleurs bien entourés. Aux côtés du conseiller national UDC, plusieurs collègues de parti, dont le député st-gallois Toni Brunner. Dans le camp adverse, Joseph Deiss était notamment accompagné du schwyzois Bruno Frick et du socialiste bâlois Remo Gysin, à l’origine de l’initiative soumise au vote le 3 mars.

La particularité d’Arena, c’est de recréer en studio un modèle réduit de démocratie suisse, une Landsgemeinde pour le petit écran. Car plusieurs dizaines de personnes participent à l’émission, du ministre à l’écolier. Lorsque les pointures politiques s’essoufflent, c’est au deuxième, puis au troisième cercle des invités d’intervenir et de relancer le débat.

Un numéro de cirque

Quitte à verser dans le numéro de cirque. Comme dans le cas de cet opposant schaffhousois, qui brandit les deux kilos et demi de documentation («de propagande», grogne t-il) reçus de Berne, avant de les laisser tomber sur le plateau, malgré les mises en garde de l’animateur, Patrick Rohr («Doucement, doucement», en essayant de rattraper les prospectus).

A l’heure du bilan, dans les coulisses de l’émission, Christoph Blocher se montre plutôt satisfait. «C’est absolument clair, ce soir nous avons gagné», confie t-il à swisinfo. Il était pourtant favorable à une autre mise en scène, ramassée sur deux ou trois invités principaux. Configuration écartée suite au limogeage, il y a deux semaines, du rédacteur en chef de la TV, Filippo Leutenegger.

Joseph Deiss est lui déçu: «on a pas réussi à prendre un peu de hauteur». Au fait, quel est l’enjeu de cette Arena? D’un côté comme de l’autre, on souligne que beaucoup de citoyens ont déjà forgé leur opinion. «Cela peut avoir une influence sur les indécis», précise le chef de la diplomatie helvétique. Qui évalue cette proportion à 15 à 20%. «C’est peut-être cette partie là qui fera la décision.»

Pierre Gobet, Zurich

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