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Cette chère aide au développement

La Suisse soutient notamment des projets de développement au Kirghizistan. Keystone

Les Suisses s'accordent sur la nécessité de l’aide au développement, mais pas sur son prix. Ils sont désormais un sur cinq à la trouver trop chère.

Plus d’un Suisse sur deux est néanmoins satisfait de l’aide telle qu’elle est dispensée actuellement, comme le montre un sondage publié jeudi.

En septembre 2004, l’institut gfs.bern a interrogé 1200 personnes, sur mandat conjoint de la DDC (Direction du développement et de la coopération, l’agence étatique) et de la Communauté de travail qui regroupe six organismes privés d’aide au développement, soit Swissaid, Action de Carême, Pain pour le Prochain, Helvetas, Caritas et Eper.

Par rapport au précédent sondage, réalisé en 1999, la proportion des Suisses qui veulent réduire l’aide publique au développement a progressé, passant de 17% à 21%. Parmi ces contestataires, on trouve surtout des personnes orientées à droite et des membres de l’UDC (droite dure) explique Claude Longchamp, directeur de gfs.bern.

Peter Niggli, directeur de la Communauté de travail ajoute que les tenants d’une réduction des crédits sont essentiellement des gens qui surestiment le budget de l’aide au développement. Ainsi, 40% des sondés imaginent que la contribution fédérale est de un milliard de francs supérieure au budget réel et 19% vont jusqu’à deux milliards de plus.

La majorité soutient le statu quo

A l’opposé, les partisans d’une augmentation sont aussi légèrement plus nombreux que lors du dernier sondage (22%, contre 20% en 1999). Ils font d’ailleurs plutôt partie de la tranche qui sous-estime le budget de l’aide au développement.

Au milieu se trouvent celles et ceux qui souhaitant que l’aide étatique aux pays moins favorisés reste telle qu’elle est actuellement. Ils sont toujours la majorité, même si leur proportion est passée de 56% à 53% entre 1999 et 2004.

Pour 57% des Suisses, la première chose à faire pour aider à soulager les problèmes du monde est de donner de l’argent à une organisation. En deuxième position vient le fait d’avoir un «mode de vie conscient» (46%), notamment en achetant les produits du commerce équitable. Le travail bénévole arrive juste derrière, avec également 46% des avis.

Les personnes interrogées font en outre rimer aide au développement avec organisations privées. Caritas et la Croix-Rouge, suivies de Médecins sans frontières et de Terre des hommes, sont plus populaires que la DDC, organe de la Confédération. La population a l’impression que l’aide des organisations privées atteint davantage ceux qui en ont besoin.

Un monde complexe

Les Suisses sont aussi plus conscients de la complexité de la mondialisation, comme le relève Claude Longchamp. Aux préoccupations sociales et écologiques, s’ajoutent désormais, dans leur esprit, des questions liées à l’armement ou au commerce équitable. Ils sont par exemple 87% à penser que l’interdiction de l’exportation d’armes contribuerait à accroître l’aide au développement.

Concernant les questions économiques, les Suisses donnent une meilleure note à leurs entreprises qu’en 1999. Pour les personnes interrogées, elles sont plus sociales et plus respectueuses de l’environnement. Pour gfs.bern, cela tient notamment à la politique de communication de Coop et Migros, les deux grands distributeurs du pays.

L’idée que les gens se font des causes de conflits mondiaux a aussi énormément changé. Ainsi, et c’est tout à fait nouveau, 74% des sondés citent «l’arrogance occidentale» comme source de conflit, juste après la faim (78%). Claude Longchamp y voit clairement une marque de l’après-11 septembre 2001.

swissinfo et les agences

Par rapport au dernier sondage (1999):
53% des Suisses veulent maintenir l’aide au développement à son niveau actuel (56%)
22% souhaitent augmenter les crédits (20%)
21% veulent au contraire les réduire (17%)

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