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Ciba SC va supprimer un millier d’emplois

Chez Ciba, les bénéfices augmentent, mais les emplois doivent diminuer. Keystone

Ciba Spécialités Chimiques annonce la suppression de 950 emplois dans les deux prochaines années. Dont 250 à 300 dans la région bâloise.

Bien qu’il ait enregistré une hausse de ses résultats au 3e trimestre, le groupe poursuit ainsi la restructuration de ses secteurs textile et papier.

«Il est nécessaire d’assurer et de renforcer notre capacité concurrentielle globale sur le marché du textile, où la combativité des acteurs est très vive», écrit Ciba SC dans un communiqué diffusé mercredi matin.

Concrètement, cela signifie que la production des colorants textiles dans la région bâloise sera mieux automatisée. Ce qui va signifier la perte de quelque 200 emplois, déjà annoncée en novembre de l’an dernier.

On supprimera également des postes dans les secteurs marketing, vente et support des colorants. Ce qui devrait aboutir en tout à la disparition de 250 à 300 emplois autour de Bâle.

Ces suppressions d’emplois s’étaleront jusqu’en 2006. Ciba SC entend les réaliser prioritairement par des transferts internes, des retraites anticipées et le non-remplacement des départs naturels. Selon le communiqué, «moins d’un quart des postes supprimés le seront par licenciements».

Les sites suisses se modernisent



«Avec ces mesures, nous assurons l’attractivité à long terme de nos sites suisses pour la fabrication de produits nouveaux et innovants», affirme Armin Meyer, grand patron de Ciba SC.

Et de rappeler que le groupe est en train d’investir 15 millions de francs dans la modernisation de ses installations à Bâle, ainsi que 18 millions dans son usine de Monthey, en Valais. Un signe présenté comme évident de son attachement à la Suisse.

Parallèlement au textile, Ciba SC réorganise également sa branche papier. Il s’agit ici d’intégrer la société finlandaise Raisio Chemicals, achetée récemment.

En 2003, elle avait réalisé un chiffre d’affaires de 650 millions de francs suisses et employait 1150 personnes. La suppression des surcapacités créées par cette fusion explique en grande partie le solde des réductions d’effectifs annoncées mercredi.

Optimisme prudent

Au total, ces mesures d’amaigrissement coûteront au groupe 125 millions de francs sur trois ans, pour une économie attendue de 90 millions par année.

Depuis deux ans Ciba SC, réduit ses effectifs, ferme des sites et réduit sa dette.

Une politique qui semble porter ses fruits. Parallèlement aux suppressions d’emplois, le groupe annonce en effet mercredi des ventes et un bénéfice au troisième trimestre 2004 en hausse par rapport à la même période de l’année dernière.

Et en 2003, Ciba SC avait vu son bénéfice chuter de 15% par rapport à 2002. Ce qui permet à son patron Armin Meyer de s’affirmer «prudemment optimiste» pour l’avenir.

Vives critiques des syndicats

Le syndicat UNIA se montre très critique envers la direction de Ciba SC. Il fustige non seulement les 950 suppressions d’emploi annoncées, mais aussi les résultats trimestriels publiés mercredi.

Le syndicat reproche en particulier au président de la direction et du conseil d’administration Armin Meyer d’enjoliver la réalité et de manquer de vision stratégique, écrit UNIA, issu ce mois-ci de la fusion du SIB, de la FTHM et de la FCTA.

La branche dans laquelle l’entreprise évolue souffre de l’érosion de ses marges, de la hausse des prix des matières premières et d’une concurrence internationale accrue, rappelle UNIA. Raison pour laquelle il peine à croire que cette nième réorganisation en quatre ans va faire de Ciba une entreprise florissante.

«Armin Meyer ne fait pas du bon travail», a souligné le responsable d’UNIA pour l’industrie chimique, Mathias Bonert. «Au lieu d’avoir une stratégie, Ciba entreprend une réorganisation après l’autre».

En outre, la présentation des comptes manque singulièrement de transparence, relève le syndicat. Ainsi, le programme de rachat d’actions, annoncé voici une année, n’est tout simplement pas mentionné.

Aucune information ne figure également sur le développement du secteur Home & Personal Care, que le groupe a pourtant qualifié de stratégique dans le passé. Enfin, toutes les divisions font même moins bien qu’en 2000.

swissinfo et les agences

En 2003, Ciba SC a réalisé des ventes pour 6,6 milliards de francs suisses et investi 281 millions dans la recherche et le développement.
Sur les neuf premiers mois de 2004, ses ventes sont en progression, de 5% à 5,261 milliards de francs par rapport à la même période de 2003.
Dans le même temps, son bénéfice net s’inscrit également en hausse, de 11%.

– Ciba Spécialités Chimiques est une des trois entités issues de la fusion (en 1996) des géants Ciba-Geigy et Sandoz. Elle regroupe les activités de chimie fine, à côté de Novartis (santé) et de Syngenta (agrochimie).

– Le groupe fournit des substances qui «renforcent, colorent ou protègent» divers produits de l’industrie textile, plastique, automobile, cosmétique, du papier, des arts graphiques ou de la construction.

– Ce sont par exemple des pigments de Ciba qui donnent leur rouge aux canettes de Coca-Cola et aux carrosseries des Ferrari.

– Ciba SC a son siège à Bâle et emploie quelque 19’000 personnes sur plus de 80 sites de production et centres de recherche dans une trentaine de pays. En Suisse, ses effectifs sont de 4000 personnes, dont 3300 dans la région bâloise.

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