
Aujourd’hui en Suisse
Chers lecteurs, chères lectrices,
Vous avez certainement entendu parler de «Carlos le chacal», le terroriste le plus recherché au monde dans les années 1970 et 1980. Mais connaissez-vous le Suisse Bruno Breguet? Cet extrémiste de gauche, qui avait rejoint le groupe de Carlos, était encore il y a une vingtaine d’année qualifié de «terroriste de premier plan». Avec la sortie d’un nouveau livre consacré au Tessinois, on découvre que cet homme était également un agent de la CIA.
Dans ma sélection du jour je vais également vous parler de la flotte marchande suisse, que le gouvernement tente de sauver, du débat au Parlement sur les crèches, et de la cacophonie qui règne en Suisse allemande autour de l’histoire d’un locataire qui aurait été expulsé pour laisser la place à des requérants d’asile.
Bonne lecture,

Un soir de novembre 1995, Bruno Breguet disparaît mystérieusement du ferry sur lequel il voyageait en Méditerranée. Qui était ce Tessinois que l’on qualifiait de «terroriste de premier plan»? Extrémistes de gauche, le Suisse avait rejoint le groupe de «Carlos le chacal». A la lumière d’un nouveau livre, on découvre que Bruno Breguet travaillait également pour la CIA.
Bruno Breguet a 19 ans lorsqu’un commando du Front populaire de la Palestine commet un attentat contre un avion de la compagnie israélienne El Al, à l’aéroport de Kloten en Suisse. Cet épisode le marque. Il voit alors dans le sort des réfugiés palestiniens une grande injustice. Il se radicalise et part au Liban pour recevoir une formation militaire.
Il rejoindra à la fin des années 1970 le groupe de Carlos, le terroriste le plus recherché au monde à l’époque. Mais les idéaux de lutte armée de Bruno Breguet s’évaporent comme les bulles d’une coupe de champagne: le groupe porte certes la révolution en étendard contre l’impérialisme sous toutes ses formes, mais il est avant tout une association criminelle qui se nourrit de racket, de trafic d’armes et d’assassinats commandités.
Pour le groupe toutefois, Bruno Breguet aurait accepté de faire sauter Radio Free Europe à Munich, une station de propagande qui était une épine dans le pied de la dictature roumaine, et pour laquelle Carlos et ses hommes travaillaient.
Un jour du printemps 1991, Bruno Breguet décide de trahir son organisation en se rendant dans une ambassade américaine. Il est recruté par la CIA sous le nom de FDBONUS/1, touchera 3000 dollars par mois, et jouera un rôle crucial pour retrouver les traces du «chacal». Alors que s’est-il donc passé à bord de ce ferry? Un accident? L’implication de la CIA pour l’aider à retrouver une nouvelle vie? La vengeance de Carlos? Le mystère demeure.
- Lire l’article d’Adrian Hänni
- Il y a 25 ans disparaissait Bruno BreguetLien externe, article paru en 2020 dans Le Courrier
- Le communiqué de presse du DFAELien externe quelque mois après la disparition de Breguet
- Le jour où Carlos a terrorisé l’OPEP,Lien externe BBC news Afrique

La Suisse dispose d’une flotte marchande qui, il y a six ans encore, était imposante avec une cinquantaine de cargos. Aujourd’hui, on n’en compte plus que 14. Cette marine suisse peine à rester compétitive. Mais le Conseil fédéral n’entend pas la laisser tomber et veut tout faire pour freiner sa disparition.
Depuis 1942, la Suisse possède une marine commerciale qui arbore le pavillon national. L’idée à la base était d’assurer un approvisionnement en céréales, fer ou charbon en temps de guerre, et garantir le ravitaillement de la Suisse face aux sous-marins allemands.
En 2017, pour son 75e anniversaire, le pavillon suisse flottait à la poupe d’une cinquantaine de navires. Aujourd’hui, le pays ne dispose plus que de 14 cargos ou autres vraquiers. Les marins et officiers suisses ont également connu une fonte des effectifs: en 1967 on en comptait 611, alors qu’aujourd’hui ils ne se comptent plus que sur les doigts d’une main.
La marine suisse peine à rester compétitive. Elle a également eu à faire face à la faillite frauduleuse d’un armateur suisse-alémanique. Cette faillite a notamment coûté 215 millions de francs à la Berne fédérale pour couvrir la vente forcée et la perte de 9 cargos et 4 chimiquiers. Et elle a sérieusement ébranlé le système de cautionnement du pavillon suisse.
L’an dernier, la Confédération a pris des mesures pour enrayer cette descente aux abîmes. Le Département fédéral des Affaires étrangères est chargé de rendre le pavillon suisse plus attractif pour les armateurs. L’imposition au tonnage, plutôt que sur le bénéfice, devrait également renforcer l’attractivité. Ce sera au Conseil fédéral de trancher prochainement.
- Lire l’article d’Olivier Grivat
- La Suisse, son armée, ses jets et… sa marineLien externe, Radio France (audio de 2 minutes)
- La marine suisseLien externe, c’était hier, RTS-archives (vidéo de 21 minutes)

En Suisse alémanique, les annonces d’expulsions de locataires pour laisser la place à des requérants d’asile se multiplient. Ce qui entraîne forcément des grognes de toute part, et beaucoup d’agitation à l’extrême droite.
Cela a d’abord commencé hors de Suisse, dans une ville frontière accolée à Bâle, qui a annoncé que 40 de ses citoyens devraient partir en raison de l’ouverture d’un centre d’hébergement pour réfugiés. Et puis, le phénomène a débarqué en Suisse allemande.
Dans une commune zurichoise d’abord, où un homme a été informé qu’il devait quitter son domicile pour faire place à cinq requérants. Puis lundi, dans une commune argovienne qui s’est dit choquée d’apprendre par le canton que 49 personnes allaient être expulsée d’un lotissement pour qu’un centre d’asile voie le jour.
Un élu explique très bien la situation: un marché immobilier très tendu avec tout d’un coup une guerre, de l’instabilité, des demandeurs d’asile qui affluent et l’obligation d’accueil des communes, «qui sont bien obligées de faire de la place quelque part».
Evidemment, cette situation fait le beurre des groupes d’extrême-droite, comme la Junge Tat, un collectif néonazi en pleine ascension qui appelle à «l’action». L’UDC zurichoise a de son côté jugé «inacceptable» la situation, dans laquelle «des citoyens suisses vertueux sont chassés de leur logement pour faire place à des réfugiés».
- Lire l’articleLien externe du Temps (abonnés)
- Une commune zurichoise expulse un locataire pour loger des réfugiésLien externe, Blick.ch

Alors que le National a approuvé mercredi un projet visant à pérenniser le soutien fédéral à l’accueil extrafamilial, une étude zurichoise estime que cette aide n’aurait pas d’influence sur l’activité professionnelle des mères.
Selon certains spécialistes, la subvention des crèches permettrait de résoudre ce que l’on appelle «la pénalité de maternité», ou la perte de salaire subie par la mère en raison de l’abaissement de son taux de travail.
Une étude zurichoise met en doute cette hypothèse et affirme que les crèches subventionnées n’ont pas forcément d’influence sur l’activité professionnelle des mères. Les chercheurs se sont intéressés à l’Autriche qui pratique depuis de nombreuses années une politique généreuse à l’égard des crèches.
«Nous avons mesuré au niveau communal dans quelle mesure la pénalité maternelle avait baissé après l’extension des subventions pour les crèches», explique le responsable de l’étude Josef Zweimüller. «Le résultat nous a surpris. L’effet est presque nul, les mères n’ont pratiquement pas augmenté leur activité professionnelle. Et l’écart de revenu n’a diminué que de manière imperceptible».
Ce mercredi au National plusieurs autres sujets ont été débattus. Ainsi, la Chambre du peuple ne veut plus adapter les rentes au renchérissement. Il s’est également intéressé au délit du chauffard, en apportant quelques allégements pour des cas spécifiques.
- Lire l’articleLien externe de la RTS
- Le National entre en matière sur le projetLien externe, Arcinfo
- Le tarif prohibitif des crèchesLien externe, Le Temps (abonnés)

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