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Comment UBS a tiré son épingle du jeu

L'UBS affronte un environnement économique difficile. Keystone

Les résultats de la première banque suisse ont déçu la communauté financière. Dont les attentes étaient manifestement trop élevées au vu de la conjoncture.

La qualité du bilan d’UBS permet néanmoins d’être optimiste à moyen terme.

Les soubresauts qui animent l’évolution des marchés financiers depuis près de trois ans ont affecté les résultats du groupe UBS. Malgré des résultats en demi-teinte au quatrième trimestre 2002, la première banque suisse démontre que son bilan reste solide. Illustration de cette situation à travers quatre questions que chacun peut se poser.

Quels sont les points faibles des résultats 2002 de la première banque suisse?

La surprise est venue d’UBS Capital, filiale de la banque dont l’activité consiste à investir de l’argent dans des sociétés qui ne sont pas cotées en Bourse. Sur les cinq milliards de francs investis au début de l’année 2002, UBS comptabilise une perte de 1,8 milliards à la fin de l’exercice.

Le volume des opérations de courtage a diminué dans des proportions plus importantes que la communauté financière ne l’avait anticipé. La dégringolade des marchés a participé activement à la dégradation de ce résultat, qui s’inscrit en recul de 37%.

«Les activités de courtage d’UBS ont diminué dans la même proportion que dans les autres établissements financiers. Cela indique que les attentes de la communauté financière étaient trop élevées à l’égard de la banque suisse», estime Susanne Walther, analyste de la banque Bordier & Cie à Genève.

De quoi la direction d’UBS peut-elle se satisfaire?

De la bonne gestion du portefeuille de crédits. Malgré les difficultés financières que subissent les entreprises, en Suisse, en Europe ou aux Etats-Unis, les entités d’UBS chargées de la gestion des crédits n’ont pas perdu d’argent.

«Au contraire, UBS a même récupéré de l’argent sur ses provisions pour crédits douteux, démontrant ainsi la maîtrise de l’établissement sur ce type de risques», se félicite Michel Wiederkehr, analyste de la Banque cantonale vaudoise (BCV).

Contrairement à Susanne Walther, l’analyste vaudois déplore toutefois une maîtrise de coûts insuffisante. En effet, les charges d’exploitation totales ont reculé de 3% sur l’exercice. Ce recul atteint 7% si l’on fait exception des amortissements de la marque PaineWebber.

Comment s’explique le bénéfice d’UBS (3,5 milliards de francs) alors que Credit Suisse Group s’apprête à publier une perte sur ce même exercice?

Contrairement à son rival, UBS n’est pas actif du tout sur le marché de l’assurance. Et en 2002, l’augmentation du nombre de sinistres, comme la déconfiture des marchés financiers, a lourdement pesé sur leurs résultats.

Le titre Credit Suisse Group (CSG) a particulièrement souffert de ce phénomène, «d’autant plus qu’à l’exception du secteur de l’assurance vie, le lien entre banque et assurances ne se justifie pas forcément», explique Michel Wiederkehr.

Force est donc de constater aujourd’hui que les options stratégiques prises par UBS depuis plusieurs années s’avèrent payantes.

L’acquisition de la firme de gestion de fortune américaine PaineWebber a permis à UBS de se développer outre-Atlantique. Elle a participé à la progression des parts du marché mondial de la gestion de fortune, de 4,5% à 5% sur l’exercice 2002.

De son côté, CSG a acquis la firme de courtage américaine Donaldson, Lufkin & Jenrette (DLJ), dont les performances ont été mises à mal par la déconfiture des marchés financiers. «D’autant plus que DLJ était particulièrement exposé aux obligations à très hauts risques (junk bonds)», confirme Susanne Walther.

Quel avenir pour UBS compte tenu de l’incertitude économique actuelle?

L’avenir de la première banque helvétique reste bien évidemment fonction du scénario économique qui se profile. Forte de la solidité de son bilan, UBS est en mesure d’affronter une nouvelle année boursière difficile.

En effet, «son potentiel de réduction de coûts reste important par rapport aux autres établissements financiers comparables, ce qui lui confère un potentiel de croissance, même si l’environnement économique reste aussi tortueux que ces deux dernières années», conclut Susanne Walther.

Mardi, le titre UBS a perdu 5,4% à 61 francs. La banque suisse a en effet annoncé qu’elle n’escomptait pas d’amélioration immédiate de ses performances financières au vu de l’incertitude géopolitique qui grève l’enthousiasme des investisseurs.

swissinfo, Jean-Didier Revoin

-Les produits d´exploitation ont baissé de 8,1 %, à 34,1 milliards.

-Les actifs investis se sont repliés de 17 %, à 2037 milliards de francs.

-L´UBS a enregistré un afflux net de fonds de 36,9 milliards.

-Les effectifs ont pas reculé de 1,3 % à 69 061 personnes

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