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Conseil fédéral: les Verts se lancent contre Blocher

Luc Recordon, candidat de combat. Keystone

Au vu de leurs succès aux élections législatives, les Verts se verraient bien au gouvernement. Le nouveau sénateur vaudois Luc Recordon veut se lancer dans la course contre l'UDC (nationaliste) Christoph Blocher.

Autre candidature de combat pour les écologistes: celle de la députée Maya Graf à la deuxième vice-présidence de la Chambre basse.

Par 15 voix contre 6 et 2 abstentions, le groupe parlementaire écologiste s’est prononcé en faveur de la candidature de Luc Recordon à l’élection du 12 décembre, qui verra les deux chambres du Parlement élire le nouveau gouvernement.

La candidature du Vaudois pour ravir le siège de l’UDC Christoph Blocher au Conseil fédéral n’est pas définitive. La direction du parti doit encore se prononcer, puis
l’assemblée des délégués le 1er décembre.

Le nouvel élu au Conseil des Etats (Chambre haute) entend représenter les 71% de citoyens qui n’ont pas voté pour l’UDC lors des élections fédérales du 21 octobre. Sa candidature n’est pas dirigée contre la personne de Christoph Blocher mais «contre sa ligne politique», a-t-il affirmé vendredi soir devant la presse.

Pour «réveiller» les partis

La politique poursuivie par le ministre UDC de Justice et Police «fait fi des valeurs essentielles qui fondent notre Etat» et équivaut à «un découpage de la société en catégories qu’on stigmatise les unes après les autres», a dit Luc Recordon, qui lance un appel aux autres partis pour qu’ils «se réveillent».

La minorité du groupe parlementaire, réfractaire à cette candidature de combat, estime qu’il faut plutôt s’attaquer, le cas échéant, au deuxième siège du Parti radical (droite) et ne pas se focaliser sur Christoph Blocher.

Lequel semble prendre la chose d’assez haut. Interrogé samedi soir par la Radio Suisse Romande, le ministre UDC a dit que cette candidature était pour lui «un très grand honneur». «Les Verts sont l’opposition, et l’opposition doit aussi avoir une candidature», estime Christoph Blocher, «très étonné» que les Verts n’attaquent que son siège, et non «tous les sept».

Le ministre affirme néanmoins ne pas craindre pour sa réélection et avertit les autres partis gouvernementaux qu’ils devront choisir entre «gouverner avec l’UDC ou gouverner avec les Verts».

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Une place au perchoir

C’est par contre à l’unanimité que le groupe a décidé de présenter la Bâloise Maya Graf le 3 décembre pour le poste de deuxième vice-présidente du Conseil national (Chambre basse), et donc de présidente en 2010.

Il s’agit aussi d’une candidature de combat vu qu’aucun des quatre partis gouvernementaux – soit UDC, radical, démocrate-chrétien et socialiste – n’est prêt à céder son tour dans le tournus habituel des partis au perchoir.

Les Verts, représentés au National depuis 1979, estiment avoir droit à y accéder une fois tous les dix ans et jugent que le moment est venu. D’ailleurs, dans beaucoup de cantons, les Verts ont pu accéder sans problème à la présidence du législatif, a rappelé Maya Graf.

La candidate écologiste s’opposera à celle ou à celui du Parti socialiste. Mais vu que celui-ci n’a pas appuyé la demande des Verts, la solidarité rose-verte ne compte pas dans ce cas, estime le groupe écologiste.

Groupes et commissions

Les Verts ne sont par ailleurs pas satisfaits des deux sièges par commission parlementaire qu’on s’apprête à leur accorder et en souhaiteraient davantage. Une demande en ce sens a été déposée au bureau du National.

Le groupe (21 conseillers nationaux, dont un chrétien-social, et 2 conseillers aux Etats) espère encore peut-être s’agrandir. Le ralliement du Vaudois Josef Zisyadis, dernier élu à gauche de la gauche, est encore possible.

Par contre, les Verts libéraux, nés d’une scission du Parti écologiste, ne siègeront pas avec leurs anciens camarades. Ils ont choisi de se rallier aux Démocrates-chrétiens. Le Parti évangélique populaire a lui aussi choisi de rallier ce groupe renforcé, qui entend défendre les positions du centre et bénéficiera ainsi de 11 sièges supplémentaires dans les commissions.

swissinfo et les agences

Le nouveau gouvernement doit-il être la copie conforme de l’ancien ? Les Verts y ont-ils leur place ? Vos réactions sur le Blog de swissinfo.

Après la naissance de l’Etat fédéral moderne, en 1848, le Parti radical a occupé pendant 40 ans les sept sièges du gouvernement.
Ce n’est qu’en 1891 qu’un représentant des catholiques conservateurs (ancêtres du Parti démocrate-chrétien) a été pour la première fois admis à l’exécutif.
En 1929, le Parti agrarien (ancêtre de l’UDC) a à son tour été intégré dans le gouvernement.
Enfin, le Parti socialiste a obtenu son premier siège en 1943.
Depuis 1959, le gouvernement suisse a toujours été formé de ces quatre partis qui, ensemble, représentent environ 80% de l’électorat.

Résultats au Conseil national (Chambre basse) en 1995, 1999, 2003 et 2007:

Union démocratique du centre (UDC) : 14,9%, 22,5%, 26,7%, 29,0%.
Parti socialiste (PS): 21,8%, 22,5%, 23,3%, 19,5%.
Parti radical démocratique (PRD): 20,2%, 19,9%, 17,3%, 15,6%.
Parti démocrate-chrétien (PDC): 17,0%, 15,8%, 14,4%, 14,6%.
Parti écologiste (Verts): 5,0%, 5,0%, 7,4%, 9,6%.

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