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Coup de tonnerre dans la vie politique tessinoise

Dépossédée d'une partie de son mandat, la socialiste ne va pas démissionner pour autant. Keystone

La socialiste Patrizia Pesenti voit la moitié de ses responsabilités au gouvernement tessinois lui être retirées.

Elle perd la direction des œuvres sociales, parce qu’elle a refusé d’approuver les coupes budgétaires dans son département.

«La décision du gouvernement de m’enlever une partie de mes tâches est un geste intimidatoire et très violent. J’ai été punie pour ne pas avoir accepté que le budget de mon département soit réduit de 80 millions de francs».

La conseillère d’Etat socialiste s’est ainsi exprimée lors d’une conférence de presse à Bellinzone.

«Ces méthodes ne me feront pas reculer. Je continuerai à défendre le système social dans un canton actuellement en proie à la récession, a-t-elle ajouté.

Pour l’ancienne candidate à la succession de Ruth Dreifuss au Conseil fédéral, «il est impensable que le gouvernement ferme les robinets en ce qui concerne les aides aux familles, aux jeunes et aux vieillards en un tel moment».

«Il ne me reste qu’un demi-département», a-t-elle encore regretté. «Mais je poursuivrai sur ma voie dans les domaines de la politique sanitaire et familiale.»

Position isolée

En rejetant le budget, «Patrizia Pesenti a entravé le travail du gouvernement par sa position isolée», a dit vendredi matin Marco Borradori, président du gouvernement tessinois, pour expliquer la décision de l’exécutif.

«Deux fonctionnaires du département dirigé par la socialiste ont refusé de transmettre des chiffres demandés par les autres membres de l’exécutif. C’est la goutte qui a fait déborder le vase», a-t-il ajouté.

Amertume du PS

Ces propos ont été catégoriquement démentis par la principale intéressée lors de sa rencontre avec la presse. «Toutes les informations demandées à mon département ont été fournies dans la mesure du possible, exception faite de données confidentielles concernant les bénéficiaires d’aides ou prestations complémentaires», a affirmé Patrizia Pesenti.

De son côté, Anna Biscossa, présidente du Parti socialiste tessinois, n’a pas caché sa stupeur et sa profonde amertume.

«C’est un coup de tonnerre», a-t-elle dit. «Malgré cela le PS ne se laissera pas chasser du gouvernement. Cette décision politique est très grave, sans précédent en Suisse, mais elle ne nous intimidera pas.»

Dans un communiqué diffusé vendredi en fin de journée, le Parti socialiste suisse a estimé que «la décision tessinoise est disproportionnée et anti-démocratique», «un coup de force inadmissible contre une ministre qui défend les budgets sociaux».

«En lui retirant la conduite de directions importantes de son département, la majorité bourgeoise du Conseil d’Etat tessinois montre qu’elle est prête à bafouer la démocratie pour faire passer par la force des réductions brutales de prestations vitales pour la population», a dénoncé le PS.

Sa présidente Christiane Brunner parle de «décision politique.» Patrizia Pesenti a été élue par le peuple et n’a commis aucune faute dans sa fonction, selon elle.

Répartition immédiate

Les directions des offices du département de Mme Pesenti seront réparties avec effet immédiat entre les quatre autres membres du gouvernement, a annoncé le Conseil d’Etat dans une résolution publiée vendredi.

Marina Masoni (radicale) reprendra l’Institut des assurances sociales, Luigi Pedrazzini (démocrate-chrétien) hérite de l’Office de l’assurance maladie, Gabriele Gendotti (radical) sera chargé de l’Office de la vieillesse et Marco Borradori (Lega-droite dure) de l’Office de l’aide sociale.

swissinfo et les agences

– Le gouvernement tessinois a été renouvelé au printemps 2003.

– Il compte 5 membres représentant les quatre forces politiques principales du canton.

– Ce sont les partis socialiste (Pesenti), radical libéral (Gendotti et Masoni), démocrate chrétien (Pedrazzini) et la Léga (Borradori).

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