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Discussions informelles sur le dossier atomique iranien

Ali Larijani a répété à Berne quelle était la position iranienne. Keystone

La présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey a rencontré lundi à Berne Ali Larijani, principal négociateur du nucléaire iranien.

Selon le ministère suisse des Affaires étrangères (DFAE), il ne s’agissait que de «discussions informelles». L’Iran estime que les propositions suisses pourraient relancer le dialogue avec l’Occident.

Le DFAE indique que le contenu de la rencontre était «de nature confidentielle». La Suisse, en faveur d’une solution diplomatique à l’actuelle controverse, «s’engage pour la reprise des négociations sur le nucléaire iranien», a précisé un porte-parole.

Micheline Calmy-Rey a exhorté Téhéran à faire preuve de la plus grande transparence dans ce dossier, ajoute le DFAE dans un communiqué. La Suisse reconnaît le droit à l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire, mais rejette toute forme de prolifération.

«La Suisse joue un rôle de facilitateur. Nous considérons ce rôle comme constructif», a déclaré pour sa part Ali Larijani sur les ondes de la Télévision suisse romande.

Examiner la «proposition suisse»

S’exprimant lors d’un point de presse lundi matin à Téhéran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a évoqué l’existence d’une «proposition suisse» de règlement de la crise du nucléaire iranien.

«Nous n’avons pas encore le contenu de ce que les Suisses ont proposé, mais si ces propositions garantissent le droit de l’Iran en matière nucléaire ça peut être examiné», a-t-il dit. Les responsables iraniens «doivent en examiner le détail et les conditions techniques», a poursuivi le porte-parole.

Selon des diplomates occidentaux à Bruxelles, Berne pourrait présenter à Ali Larijani un projet de compromis de la part de pays européens, dont l’Allemagne. Ce projet prévoirait que Téhéran conserve ses installations d’enrichissement mais n’alimente pas ses centaines de centrifugeuses avec de l’hexafluoride d’uranium, en échange de compensations négociées avec les grandes puissances.

Compromis rejeté

L’ex-ambassadeur de Suisse en Iran Tim Guldimann et l’ancien directeur adjoint de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Bruno Pellaud avaient déjà proposé en 2005 un «compromis» pour sortir les négociations sur le nucléaire iranien de l’impasse. En échange de contrôles plus serrés, Téhéran aurait droit à une production limitée d’uranium.

Mais le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a rejeté lundi toute autre solution que la «suspension de toute activité nucléaire sensible» qui serait vérifiée par l’AIEA. Les Etats-Unis ont eux campé sur leurs positions: la Maison Blanche a affirmé que l’Iran devait commencer par suspendre les activités ultrasensibles d’enrichissement d’uranium.

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) ont offert lundi à l’Iran de reprendre les négociations sur son programme nucléaire, tout en entérinant les sanctions décidées en décembre dernier par l’ONU.

Un changement de discours

Difficile à l’heure actuelle de savoir ce qui ressortira des discussions actuellement menées. Professeur à l’Institut universitaire de hautes études internationales de Genève, Mohammed-Reza Djalili estime en tout cas que ces pourparlers constituent un signal positif.

«On observe un changement du discours iranien, a-t-il déclaré sur les ondes de la Radio romande. Le ton est beaucoup plus conciliant et on a l’impression que Téhéran veut reprendre langue avec la communauté internationale, surtout avec l’Agence internationale de l’énergie atomique à Vienne.»

«Les pressions internationales exercées sur Téhéran commencent donc à agir et il y a aussi des voix discordantes qui apparaissent au sein même du régime iranien. Il est possible de reprendre le dialogue avec Téhéran, et cela assez rapidement», conclut le professeur.

swissinfo et les agences

La communauté internationale soupçonne l’Iran de vouloir se doter de l’arme atomique sous le couvert d’un programme nucléaire civil.

Ce désir de l’Iran n’est pas nouveau. Le shah caressait déjà cette idée dans les années 70 déjà.

Mais la communauté internationale ne veut pas de la bombe iranienne. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a exigé dans deux résolutions que l’Iran suspende son enrichissement d’uranium, ce qu’a refusé la République islamique.

Le Conseil de sécurité a déjà adopté des sanctions contre l’Iran en décembre dernier. Téhéran s’expose à de nouvelles mesures s’il ne suspend pas son enrichissement d’ici au 21 février.

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