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Double victoire historique des rose-verts

La gauche en force au Château de Neuchâtel. Keystone

Le Canton de Neuchâtel a pour la première fois un gouvernement et un parlement dominés par la gauche. Sans avoir à rappeler les citoyens aux urnes.

Les partis se sont entendus pour un exécutif composé de deux socialistes, un vert, un libéral et un radical. Cinq candidats pour cinq sièges: le compte est bon.

Mardi à midi, date butoir pour le dépôt des candidatures, seuls cinq noms figuraient sur les listes déposées à la Chancellerie cantonale pour l’élection au Conseil d’Etat (gouvernement cantonal). Les cinq candidats sont donc élus tacitement.

Outre les deux conseillers d’Etat sortants, le socialiste Bernard Soguel et la libérale Sylvie Perrinjaquet, le sénateur socialiste Jean Studer, le député fédéral Fernand Cuche ainsi que le député cantonal radical Roland Debély, qui pointait en sixième position dimanche dernier au premier tour de l’élection, siégeront donc au Château cantonal.

Déception


La gauche a finalement renoncé à présenter quatre candidatures. Le député fédéral Didier Berberat, de la Chaux-de-Fonds, arrivé cinquième au premier tour, a été écarté. Tout en comprenant la stratégie de son parti, ce dernier s’est dit déçu. «Je regrette que les montagnes neuchâteloises ne soient plus représentées au gouvernement», a-t-il déclaré à la Télévision suisse romande.

La droite traditionnelle de son côté a visiblement tiré les conséquences du sérieux revers essuyé au Grand Conseil (parlement cantonal) où elle a perdu 20 sièges dimanche. «La gauche dispose d’une très courte majorité au Grand Conseil, il est donc logique qu’elle ait trois sièges au Conseil d’Etat, a souligné le président du Parti radical neuchâtelois Raphaël Comte.

La perspective d’une élection tacite s’était précisée dès l’évidence du retrait de l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure) de la course au Conseil d’Etat, ont indiqué les présidents des partis socialiste et libéral, Jean-Nat Karakash et Jean-Claude Baudouin. Des échanges d’information ont eu lieu une bonne partie de la nuit.

Lors d’une conférence de presse, les représentants de la gauche unie ont souligné l’étroitesse de leur majorité parlementaire (un siège). «La gauche aurait pu s’emparer de quatre sièges au gouvernement, mais cela aurait perpétué l’esprit de confrontation qui a dominé la campagne électorale», a déclaré Jean-Nat Karakash.

Main tendue


Selon lui, un exécutif incluant quatre personnalités de gauche aurait desservi les intérêts du canton, où la droite reste fortement représentée. En effet, la gauche unie souhaite collaborer au parlement avec la droite libérale-radicale, dès lors que celle-ci s’est engagée à adopter une attitude constructive.

La gauche souhaite rétablir le «consensus à la neuchâteloise», a ajouté Jean-Nat Karakash. Cette stratégie constitue le préalable indispensable au redressement des finances cantonales et à l’amélioration de l’emploi des jeunes. Ces deux objectifs formeront la principale préoccupation de la prochaine législature.

Les libéraux et radicaux qui ont conservé leur siège au Grand Conseil sont plutôt de tendance centriste, a poursuivi le président du PS. Selon lui, la gauche pourra former des majorités de circonstances avec ces députés. Cela permettra de marginaliser l’UDC «dans son travail de destruction de l’Etat de l’intérieur».

Entrée en fonction fin mai


A noter encore que les deux élus rose et vert siégeant aux Chambres fédérales, le sénateur Jean Studer et le député Fernand Cuche, devront abandonner leur mandat à Berne.

Le nouveau gouvernement neuchâtelois, qui ne comptera plus qu’une seule femme, entrera en fonction le 31 mai prochain. La répartition des portefeuilles devrait avoir lieu d’ici la fin avril.

swissinfo et les agences

Après Bâle-Ville, qui a basculé aux élections de l’année dernière, le Canton de Neuchâtel est le deuxième de Suisse à connaître une double majorité rose-rouge-verte, au parlement et au gouvernement.
Avant cela, il faut remonter aux années trente pour trouver un précédent de double majorité de gauche, déjà à Bâle-Ville.

– Le nouveau gouvernement:
– Bernard Soguel, socialiste sortant,
– Jean Studer, socialiste nouveau,
– Fernand Cuche, vert nouveau,
– Sylvie Perrinjaquet, libérale (droite) sortante,
– Roland Debély, radical (centre droit) nouveau.

– Le nouveau parlement (115 sièges):

– 58 sièges pour l’alliance rose-rouge-verte:
– Parti socialiste, 41 sièges (+2)
– Verts, 10 sièges (+3)
– POP (parti ouvrier populaire, néo communiste), 6 sièges (-1)
– SolidaritéS (gauche alternative), 1 siège (-1)

– 57 sièges pour la droite:
– Parti libéral (droite), 25 sièges (-10)
– UDC (droite dure), 17 sièges (+17)
– Parti radical (centre-droit) 15 sièges (-10)

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