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Du poulet truffé aux antibiotiques

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Depuis une semaine, la Suisse n'importe plus de poulets chinois. Le résultat des analyses justifie cette décision.

Sur les 62 échantillons de poulet chinois soumis aux laboratoires cantonaux de Zurich et des deux Bâle, seuls 24 ne contenaient pas d’antibiotiques. Les autres portaient des traces d’enrofloxacine – parfois en concentrations dépassant les valeurs limite – voire de chloramphénicol, un produit interdit en Suisse.

«On le soupçonne d’être cancérigène, mais on n’a jamais pu en apporter la preuve jusqu’ici», explique Urs Buxtorf, adjoint au chimiste cantonal de Bâle-Ville, dont le laboratoire a décelé le chloramphénicol dans les blancs de poulet. Malgré cela, les autorités se veulent rassurantes: la santé des personnes ayant consommé ces viandes n’est pas en danger.

Question d’efficacité

En réalité, le problème des antibiotiques dans les aliments est ailleurs. A force de consommer ces médicaments à tort et à travers, on en arrive à leur faire perdre leur efficacité.

Les bactéries, en effet, s’habituent aux antibiotiques et trouvent des moyens de leur résister. Ainsi immunisées, elles donnent naissance à une nouvelle génération à laquelle elles transmettent leur faculté de résistance. Certaines sont même capables de résister à plusieurs types d’antibiotiques.

C’est la raison pour laquelle l’Union européenne et la Suisse cherchent à limiter l’usage des antibiotiques dans l’élevage des animaux de boucherie. Depuis le 1er janvier 1999, les antibiotiques dits de croissance sont interdits sur le territoire helvétique.

Traitements de masse

Ce qui n’empêche pas les éleveurs de recourir à ces médicaments. Mais ils le font en principe uniquement à des fins thérapeutiques. Pour Hans Wyss, chef de la communication à l’Office vétérinaire fédéral, il ne faut pas chercher ailleurs l’origine des antibiotiques décelés dans le poulet chinois.

«Lorsque vous avez un local avec 5000 poulets et qu’apparaissent des cas de salmonellose, vous êtes obligés de traiter l’ensemble des animaux, explique Hans Wyss. D’ailleurs, les produits trouvés dans la viande des poulets chinois sont typiquement des antibiotiques thérapeutiques».

Depuis la semaine dernière, les importations de poulet chinois sont donc interdites en Suisse. A vrai dire, Coop et Migros avaient pris les autorités de vitesse en retirant les volailles incriminées de leur assortiment avant la sentence officielle, ceci sur la base d’analyses effectuées par leurs propres laboratoires.

Et mardi, Berne annonce que les contrôles pratiqués sur le poulet chinois vont être étendus à d’autres viandes et à d’autres pays de provenance, y compris la Suisse. Les résultats de ces nouvelles analyses seront disponibles dans trois semaines.

Marc-André Miserez

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