L’Union européenne prête à parler des services financiers avec la Suisse
Experts européens et suisses devraient bientôt se mettre autour d’une table pour évoquer l’accès des banques suisses au marché européen, selon la RTS.
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Selon les informations de la RTS, le Commissaire européen chargé du dossier a donné l’autorisation à ses services pour des discussions informelles.
Au 19h30 lundi, Jacques de Watteville, secrétaire d’Etat aux questions financières internationales, a confirmé que la Suisse avait fait une demande pour “des pourparlers exploratoires”. Berne est en attente de la réponse officielle de l’Union européenne.
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Ces derniers temps, les banques suisses ont renforcé leur présence à Bruxelles en vue d’accentuer leur lobbying sur ce dossier important.
Reste à savoir si les établissements bancaires helvétiques seront prêts à accepter toutes les conditions de l’Union européenne une fois qu’experts suisses et européens discuteront les détails d’un éventuel accord.
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Le franc fort occulte les incertitudes sur les bilatérales
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Il y a un an, l’économie suisse réagissait avec inquiétude à l’acceptation de l’initiative «contre l’immigration de masse». Jusqu’à présent, les conséquences économiques de la votation du 9 février ne se sont pourtant que peu faites sentir. L’appréciation soudaine du franc suisse a en revanche massivement détérioré les conditions-cadre de l’économie.
«L’environnement est caractérisé par une incertitude accrue en ce qui concerne notamment les décisions d’investissement», relève Klaus Abberger, responsable des questions conjoncturelles auprès de l’Institut KOF de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), près d’un an après l’acceptation par une courte majorité du peuple suisse de l’initiative anti-immigration lancée par la droite conservatrice.
L’économie suisse se porte bien en comparaison internationale, selon Klaus Abberger. Mais l’initiative est «un facteur que l’on ressent», puisque «les entreprises ont en partie repoussé des investissements à plus tard». Le KOF estime que les investissements auraient été de 0,5 à 1 point de pourcentage supérieurs si l’initiative n’avait pas été acceptée. Selon une étude de l’institut conjoncturel zurichois, près de 15% des entreprises ont modifié leurs comportements en matière d’investissements à la suite du frein à l’immigration tiré par le peuple.
Les bilatérales profitent à la Suisse
La fin des accords bilatéraux avec l’UE compromettrait le modèle de réussite économique suisse, selon une étude du centre d’études conjoncturelles (KOF) de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Le KOF recommande ainsi d’étudier toutes les possibilités qui permettraient de maintenir les bilatérales. Publiée le 3 février, cette étude analyse l’influence des accords bilatéraux, et notamment celui concernant la libre circulation des personnes, sur le développement économique des dernières années en Suisse. En cas de résiliation, les répercussions les plus fortes se feraient sentir dans le domaine des investissements, notamment dans le secteur de la construction. A l’avenir, le Produit intérieur brut (PIB) serait amputé de 0,2 point de pourcentage chaque année, estime le KOF.
«Avec cette décision, les relations bilatérales entre la Suisse et l’Union européenne ont été sérieusement endommagées. Bruxelles a perdu sa confiance à l’égard de la Suisse», affirme Jan Atteslander, responsable des questions internationales chez economiesuisse, l’association faîtière de l’économie helvétique. Il ne faut toutefois pas exagérer les conséquences pour l’économie indigène, selon Jan Atteslander. «Les sociétés multinationales et les investisseurs européens sont certes devenus plus prudents, mais près de 80% des entreprises partent jusqu’ici du principe que les accords bilatéraux seront maintenus».
Non, rien n’a changé
Dans les faits, l’économie suisse a connu une année 2014 faste. Les exportations ont augmenté de 3,5% à 208 milliards de francs, battant ainsi le record de 2008. Les importations, en revanche, n’ont cru que de 0,4%, pour atteindre 178 milliards de francs. L’excédent commercial a également franchi un nouveau palier, avec un surplus de 30 milliards de francs. Il n’existe en revanche pas encore de chiffres définitifs concernant la hausse du Produit intérieur brut (PIB).
Daniel Lampart, économiste en chef de l’Union syndicale suisse (USS), dresse peu ou prou le même constat. «Il n’y a pas eu d’impact majeur. Tant que rien n’est décidé, rien ne change fondamentalement». La Suisse a encore deux ans pour négocier une solution avec l’UE et mettre en œuvre le nouvel article constitutionnel, qui prévoit l’introduction de contingents pour les travailleurs de l’UE et la préférence nationale dans l’attribution des postes de travail.
Mais les négociations semblent bien mal entamées, puisque Bruxelles rejette catégoriquement les contingents. Dans un cas extrême, ce blocage pourrait conduire à la résiliation des accords bilatéraux et l’économie perdrait ainsi son accès au marché unique de l’UE.
Une «solution raisonnable» en vue?
Un scénario qui aurait de graves conséquences pour l’économie suisse. Mais on n’en est pas encore là. Le gouvernement présentera prochainement le mandat pour la renégociation avec l’UE de l’accord sur la libre-circulation des personnes.
«Nous pensons qu’une solution raisonnable pourra être trouvée avec l’Union européenne», estime Jan Atteslander. L’article constitutionnel prévoit en effet que l’initiative soit mise en œuvre conformément aux intérêts économiques de la Suisse, comme le souligne le représentant d’economiesuisse.
«Nous pensons qu’une solution raisonnable pourra être trouvée avec l’Union européenne» Jan Atteslander
Avec la décision de la Banque nationale de mettre fin au taux plancher de 1,20 franc pour 1 euro qui prévalait jusqu’ici, les préoccupations concernant l’avenir des accords bilatéraux ont par ailleurs été relégués au second plan. «Le cours du franc est capable de provoquer un tournant économique. Les incertitudes quant à l’avenir des bilatérales ont un effet beaucoup plus modéré», avance Klaus Abberger.
Prévisions à la baisse
A la suite du «choc monétaire» provoqué par la décision de la BNS, le KOF a revu ses prévisions conjoncturelles à la baisse. L’institut zurichois part du principe que le franc évoluera près de la parité avec l’euro ces deux prochaines années. La chute du prix du pétrole a également été intégrée dans les prévisions.
En tenant compte de ces nouveaux paramètres, l’économie suisse devrait connaître une brève récession cet été. Sur l’ensemble de l’année, le produit intérieur brut (PIB) de la Suisse devrait subir une contraction de 0,5%. En décembre, les experts zurichois prévoyaient encore une croissance de 1,9% en 2015.
Pour 2016, le KOF prévoit une stagnation de l’économie suisse. Les prévisions étaient là aussi bien plus optimistes au mois de décembre, avec une croissance du PIB annoncée à 2,1%.
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