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Feu vert de Bruxelles au rachat de Swiss

Le dernier obstacle au rachat de Swiss est levé. Keystone

La Commission européenne donne son aval sous condition au rachat de Swiss par l’Allemande Lufthansa et lève ainsi l’ultime obstacle à cette opération.

Les deux compagnies saluent cette décision, estimant qu’elle permettra à Lufthansa de consolider sa position de poids lourd mondial du transport aérien.

Cette autorisation intervient au lendemain du feu vert sans conditions des autorités américaines de la concurrence.

Bruxelles précise que son autorisation est «accordée sous réserve que les parties restituent des créneaux (d’atterrissage et de décollage) dans les aéroports de Zurich et Francfort et qu’elles fassent d’autres concessions».

Dans ce dossier, la Commission européenne impose des conditions identiques à celle fixées à Air France et KLM lors de leur fusion en 2004.

Selon l’enquête de la Commission, l’achat de Swiss par Lufthansa «éliminerait ou réduirait considérablement la concurrence sur plusieurs liaisons intra-européennes».

Les lignes Zurich-Francfort et Zurich-Munich sont concernées notamment. De même que certains vols long-courrier vers les États-Unis, l’Afrique du Sud, la Thaïlande et l’Égypte.

Restitution de créneaux

Afin de résoudre ces difficultés, les compagnies se sont engagées à restituer des créneaux dans les aéroports de Zurich, Francfort, Munich, Düsseldorf, Berlin, Vienne, Stockholm et Copenhague.

Cette décision va créer les conditions permettant aux sociétés concurrentes d’offrir jusqu’à 41 vols aller-retour par jour sur les liaisons en cause, explique Bruxelles dans son communiqué.

Un nouvel opérateur pourra en outre acquérir des droits acquis sur les créneaux obtenus pour les lignes Zurich-Francfort et Zurich-Munich à condition de proposer des vols sur la liaison pendant au moins trois ans. Cette disposition accroît la valeur des créneaux libérés et réduit fortement le risque que représente une nouvelle implantation.

Lufthansa devra également «s’abstenir d’accroître» son offre sur les liaisons en cause «en vue d’accorder au nouvel arrivant une chance équitable d’affirmer sa crédibilité en tant que concurrent», estime la commission.

Côté suisse, les autorités accorderont des droits de trafic à d’autres transporteurs aériens souhaitant faire escale à Zurich sur les liaisons vers les États-Unis ou d’autres destinations hors Union européenne.

Les autorités suisses et allemandes de l’aviation civile ont également donné l’assurance qu’elles s’abstiendraient de réguler les prix sur les liaisons long-courrier. Dans son analyse du marché, la Commission note en effet l’existence d’une concurrence indirecte, ou de réseau, sur les liaisons long-courrier.

«Une bonne chose»

«La consolidation dans le secteur aérien en Europe est une bonne chose, déclare la commissaire européenne chargée de la concurrence. Mais elle ne doit pas déboucher sur une augmentation des prix ou sur une réduction du nombre de transporteurs».

«Les engagements pris par Lufthansa garantissent que les autres compagnies aériennes pourront proposer de nouveaux services en concurrence avec l’entreprise fusionnée», poursuit Neelie Kroes.

«Le feu vert de Bruxelles et de Washington nous donne la possibilité de garantir durablement le rattachement aérien de la Suisse au reste du monde», indique pour sa part Christoph Franz, CEO et président de la direction générale de Swiss.

«Désormais, nos passagers profiteront d’un réseau de destinations plus étoffé, de correspondances optimisées, de programmes de fidélisation harmonisés, d’un accès aux salons privatifs et de bien d’autres avantages», poursuit Christoph Franz.

Pour rappel, le numéro deux européen du secteur de l’aviation a annoncé en mars dernier le rachat de sa concurrente helvétique pour une somme de 310 millions d’euros – 45 millions d’euros fixes plus un montant variable d’un maximum de 265 millions, conditionné aux performances de Lufthansa dans les prochaines années.

La compagnie allemande entend reprendre la totalité de Swiss en plusieurs étapes et déboursera 100 millions d’euros supplémentaires pour financer le processus d’intégration.

Actuellement, Lufthansa détient 11% d’AirTrust, la société propriétaire de l’ex-Swissair. Elle compte porter cette participation à 49% après le feu vert européen.

swissinfo et les agences

Lufthansa va acquérir Swiss pour un montant de 310 millions d’euros
La compagnie allemande en sera entièrement propriétaire en 2006

– En octobre 2001, une série d’acquisitions hasardeuses et d’erreurs de management ont conduit au «grounding» de Swissair et à l’écroulement de SAirGroup.

– Mondes politique et économique ont alors mis sur pied un plan de sauvetage destiné à maintenir en activité une compagnie helvétique.

– Grâce au soutien financier de la Confédération, la compagnie Swiss a été officiellement créée le 31 mars 2002.

– Après trois ans d’activité, la compagnie passe en mains de l’Allemande Lufthansa.

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