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La BNS continue de resserrer sa politique monétaire

Le siège de la banque centrale suisse, à Berne. Keystone Archive

Pour la troisième fois en six mois, la Banque nationale suisse (BNS) a relevé son taux directeur d'un quart de point à 1,5%. Ce qui n'est pas une surprise.

Elle adapte de façons graduelle sa politique à l’accélération de la croissance. D’autres hausses sont attendues pour septembre et décembre prochains.

«Nous ne devons pas nous laisser aveugler par la performance du premier trimestre de cette année», a relevé Jean-Pierre Roth, président de la direction générale de la BNS, jeudi devant les médias à Genève.

L’économie suisse a vu en effet son produit intérieur brut (PIB) progresser de 3,5 % en rythme annuel entre janvier et mars, un taux supérieur à son potentiel à long terme évalué à 1,5-2 %. «Il s’agit maintenant d’attendre la confirmation de cette performance exceptionnelle», a tempéré Jean-Pierre Roth.

La politique monétaire n’en demeure pas moins expansionniste. Cela même si le relèvement d’un quart de point de la marge de fluctuation du Libor (London interbank offered rates) constitue le troisième tour de vis en six mois.

Consensus du monde économique

Cet avis est partagé par tous les économistes. Les grandes banques UBS et Credit Suisse tablent maintenant sur deux autres resserrements de 0,25 % d’ici à la fin de l’année. Chez Pictet & Cie, l’économiste en chef Bernard Lambert attend même un demi-point de hausse en décembre.

Côté perspectives, la banque centrale escompte une croissance d’un peu plus de 2,5 % cette année, soit un peu moins que la moyenne des principaux conjoncturistes. Il y a trois mois, elle avançait encore un taux «légèrement supérieur» à 2 %.

«La demande est vive pratiquement dans tous les secteurs», s’est réjoui Jean-Pierre Roth. La BNS constate certes un ralentissement de l’activité dans la construction, mais une poussée dans les biens d’équipement, qui met en exergue la volonté d’investir des entreprises.

Au-delà, l’institut d’émission monétaire se doit avant tout d’assurer sa mission de gardien de la stabilité des prix. Avec un Libor maintenu à 1,5 % (contre 1,25% auparavant), le renchérissement devrait s’établir à 1,2 % en 2006 comme en 2007, pour monter à 1,9 % en 2008.

Des dangers subsistent

Au chapitre des incertitudes, Jean-Pierre Roth a mentionné la vigueur de l’économie américaine, pour laquelle il parie sur un «atterrissage en douceur». Tout en intégrant des risques inflationnistes toujours alimentés par le niveau élevé des cours du pétrole, une donnée qui tourmente les marchés boursiers.

Au niveau helvétique, le renchérissement du loyer de l’argent aura un impact sur le marché de l’immobilier, qui reste vigoureux avec une demande en hypothèques qui croît encore de 5 %.

L’orientation restrictive retenue par la BNS devrait permettre d’éviter tout débordement après le boom de ces dernières années.

L’attente des locataires

Pour les locataires, c’est l’expectative. A la Banque cantonale de Zurich (BCZ), qui donne généralement le ton en matière de taux hypothécaire variable, le porte-parole Roman Oberholzer assure qu’il n’y aura pas de hausse dans l’immédiat. Mais l’établissement «observe le marché».

Une hausse interviendra donc «à moyen terme». Secrétaire romand de l’Association suisse des locataires (Asloca), Carlo Sommaruga enjoint par avance les locataires qui se verraient signifier une hausse du loyer à la contester. S’ils n’ont pas eu de baisse au cours des dix dernières années, il y a de fortes chances pour que l’augmentation ne soit en effet pas fondée.

A la Société suisse des propriétaires fonciers (HEV), le directeur Ansgar Gmür souhaite du fair-play tant du côté des bailleurs que de celui des locataires.

A noter enfin que la décision de la BNS a été jugée «adéquate» autant par l’association patronale economiesuisse que par l’Union syndicale suisse (USS).

swissinfo et les agences

Le Libor est l’un des instruments de base de la Banque nationale suisse (BNS) et d’autres grandes banques centrales.

Le Libor (abréviation de London Interbank Offered Rate) est la moyenne des taux d’intérêt des plus importantes banques opérant sur le plan international.

Ce taux est communiqué chaque jour à 11h00 (heure de Londres) par la British Banker’s Association.

C’est la banque centrale de la Suisse. Elle est indépendante du gouvernement. Cela signifie qu’elle fixe les taux d’intérêt de manière autonome.

Son objectif prioritaire est la stabilité des prix, condition importante à la croissance économique.

La BNS base sa politique monétaire sur une prévision d’inflation à moyen terme, son taux de référence étant le Libor à trois mois (London Interbank Offered Rate).

Elle a également pour tâche d’émettre les billets de banque et de distribuer la monnaie.

Ses bénéfices sont redistribués aux cantons (deux tiers) et à la Confédération (un tiers).

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