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La pièce de 5 centimes, petite mais précieuse

Le début de la fortune, dit-on... Keystone

L'abandon des pièces d'un et de cinq centimes ne séduit pas tout le monde. Les consommateurs, par exemple, craignent de voir les prix augmenter.

Lancée par le ministère des finances en octobre, la procédure de consultation vient de se terminer. La balle est désormais dans le camp du gouvernement.

L’abandon de la pièce d’un centime (qui n’est déjà plus considérée comme un moyen de paiement) et de celle de cinq centimes devrait permettre d’économiser quelque 300’000 francs en 2008.

Actuellement, la production d’une pièce d’un centime coûte douze centimes et celle de cinq centimes en coûte six. La dernière pièce à avoir été supprimée en Suisse est celle de deux centimes en 1978.

Mis en consultation en octobre par le Département fédéral des finances, le projet n’a cependant pas convaincu tous les milieux concernés en Suisse. Les défenseurs des consommateurs et les représentants des détaillants s’y opposent.

Hausse des prix

Les pièces de cinq centimes doivent être conservées, plaident la Fédération romande des consommateurs (FRC) et la Fondation alémanique pour la protection des consommateurs (SKS).

Si elles disparaissent, le timbre postal pour le courrier B (distribution dans les trois jours), qui coûte actuellement 85 centimes, pourrait augmenter à 90 centimes, illustrent-elles.

La suppression du «sou», dès 2007, risque effectivement de poser des problèmes pratiques à La Poste et d’avoir des conséquences pour ses clients, confirme son porte-parole Dario Ballanti.

Inflation controversée

L’inflation va renchérir les prix de 0,2% mais c’est beaucoup dans un pays où le niveau des prix est déjà élevé, souligne Nadia Thiongane, économiste à la FRC.

La facture touchera le créneau des petits prix (moins de dix francs suisses) et essentiellement l’alimentation… donc tout le monde. Les futures augmentations risquent en outre de s’effectuer à coup de dix centimes au lieu de cinq, ajoute la SKS.

Pour sa part, l’Union suisse des détaillants ne croit pas au risque d’inflation dans le commerce de détail. Selon elle, la forte concurrence qui règne dans le secteur empêchera d’arrondir les prix vers le haut.

En revanche, elle craint pour la marge des détaillants et réclame donc, elle aussi, le maintien des pièces de cinq centimes.

Egalement soucieuse de l’érosion de ces marges, l’Union suisse des arts et métiers (USAM) estime que le potentiel d’économies est trop modeste par rapport aux coûts d’adaptation que devront supporter les commerçants.

Produire moins cher

Du côté des partis politiques, socialistes, démocrates du centre (UDC, droite dure) et radicaux n’ont pas participé à la consultation. Quant aux démocrates-chrétiens (PDC), ils plaident pour le maintien de la piécette dorée.

Comme les défenseurs des consommateurs, le PDC recommande au gouvernement de trouver des pistes pour produire des pièces de cinq centimes moins cher, par exemple avec d’autres métaux. De son côté, l’USAM suggère de réfléchir à un transfert de la production à l’étranger.

Economiesuisse, elle, est a priori favorable à la disparition de ces pièces. Mais il ne faudrait pas que cette mesure fasse grimper les prix, ajoute-t-elle. L’organisation patronale estime en outre que le commerce a besoin d’un délai d’adaptation plus long que celui qui est prévu.

La mise hors circulation des pièces d’un centime n’est pour sa part pas contestée. Utilisée uniquement comme porte-bonheur ou à des fins publicitaires, la piécette est «sans importance dans la vie quotidienne des consommateurs», relève la FRC.

swissinfo et les agences

L’actuelle pièce de cinq centimes a été introduite en 1981.
On estime à 785 millions le nombre de piécettes dorées actuellement en circulation.
Selon les statistiques, une pièce de monnaie sur cinq en circulation en Suisse est une pièce de cinq centimes.

L’Union européenne (UE) se pose elle aussi la question de savoir s’il faut supprimer les pièces de 1 et 2 centimes d’euro.

En pratique, même si les prix y sont affichés au centime près, ils sont le plus souvent arrondis ensuite à la caisse.

En Finlande, les pièces de 1 et 2 centimes n’ont même pas été mises en circulation lors de l’introduction de l’euro, en 2002.

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