Des perspectives suisses en 10 langues

La reprise fait sortir les syndicats du bois

Bonnes perspectives concernant le marché du travail. Mais les salaires augmenteront-ils? Keystone Archive

Les dernières prévisions économiques indiquent un renforcement de la croissance du produit intérieur brut (PIB) d'environ 2% en Suisse.

Dans ce conteste de croissance, les syndicats lancent une campagne pour l’augmentation des salaires des travailleurs et pour l’égalité des salaires entre hommes et femmes.

L’économie suisse croît plus fortement qu’attendu. Et les instituts de prévisions conjoncturelles revoient leurs prévisions à la hausse.

Ainsi, l’institut bâlois BAK Basel Economics, l’institut zurichois KOF et l’institut Créa de macroéconomie appliquée de l’Université de Lausanne ont proposé leurs nouveaux chiffres jeudi.

Les deux premiers tablent désormais respectivement sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 2% et 2,1% pour l’année 2006. Le Créa leur emboîte le pas et prévoit également une croissance de 2%.

Des répercussions sur l’emploi

Croissance de l’économie mondiale, augmentation des importations et des exportations helvétiques ainsi que climat de la consommation au beau fixe expliquent cette révision des perspectives à la hausse.

L’embellie devrait également se répercuter sur le marché suisse de l’emploi. Le taux de chômage désaisonnalisé devant s’inscrire à fin 2006 à 3,3%, contre 3,6% à fin janvier.

La campagne de l’USS

Dans ce contexte de croissance, l’Union syndicale suisse (USS) estime que les salaires des travailleurs, notamment ceux des femmes, doivent augmenter. C’est pourquoi elle a lancé une campagne nationale sur ce thème.

Intitulée «Augmenter les salaires – cap sur l’égalité», cette campagne doit permettre de réduire les écarts entre les revenus des cadres ou des employés. Une manifestation nationale est également prévue le 23 septembre à Berne.

De fait, selon une étude réalisée par l’USS auprès de 30 entreprises suisses, les top managers ont gagné – en 2005 – 14% de plus que l’année précédente, soit 2,8 millions de francs en moyenne.

Dans le même temps, les salaires minimaux n’ont, eux, crû que de 1,3%, à 48’000 francs.

Le plus fort écart à l’UBS et chez Nestlé

Cet écart a progressé de 12% par rapport à 2004. Il est désormais de 1 à 59. Cela signifie qu’un employé devrait travailler 59 ans pour atteindre le salaire annuel moyen d’un membre de la direction d’une multinationale suisse.

Mais cette différence peut être encore plus marquée: elle s’élève ainsi à 1:549 à l’UBS ou 1:316 chez Nestlé.

Dans ce dernier cas, le salaire du président du conseil d’administration et administrateur délégué Peter Brabeck a progressé de 70% ces quatre dernières années, a souligné le secrétaire central de l’USS Daniel Oesch.

Une évolution bien supérieure à la moyenne puisque les revenus n’ont crû que de 4% entre 1993 et 2004, a-t-il noté.

Parallèlement, l’USS et les syndicats veulent mettre en lumière les divergences de salaires liées au sexe. Après dix ans de loi sur l’égalité, les femmes touchent toujours un cinquième de moins que les hommes, ont-ils regretté.

Les patrons pas d’accord

La campagne de l’USS n’est pas du goût de l’Union patronale suisse. Aux yeux de son directeur Peter Hasler, l’exigence d’une hausse du salaire réel forfaitaire suprabranche n’a pas de sens. «Il faut s’accorder en fonction des secteurs et des entreprises.»

Quant aux inégalités salariales entre hommes et femmes, elles se fondent sur le fait que les secondes exercent des métiers souvent différents, qui historiquement sont moins valorisés. «Il n’y a pas d’équité absolue en matière de salaires», a encore noté Peter Hasler.

swissinfo et les agences

L’institut bâlois BAK Basel Economics et l’institut Créa de macroéconomie appliquée de l’Université de Lausanne prévoient une augmentation du Produit intérieur brut (PIB) de 2%.
L’institut zurichois KOF table sur 2,1%
Pour les syndicats, il est grand temps que les travailleurs profitent de ce contexte favorable.

En 2005, le produit interne brut (PIB) de la Suisse a crû de près de 2%. Selon le centre de compétence de la Confédération pour les questions économiques (seco), cette donnée indique que la reprise conjoncturelle s’est consolidée et que 2006 est parti sous des bons augures.

Les indications du Secrétariat à l’économie remontent à début mars et la reprise pour 2006 est désormais confirmée par trois instituts d’analyses de la situation conjoncturelle. Les deux principales banques helvétiques – UBS et Credit Suisse – avaient déjà pronostiqué une croissance de PIB du 2,3% et 2,1%.

Les syndicats estiment cependant que les travailleurs n’ont pas encore profité de cette embellie. Ils dénoncent même la différence toujours plus grande entre les salaires des dirigeants et ceux des employés.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision