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La Suisse rend hommage au père des Emirats arabes

Le cheikh Sultan bin Khalifa regarde ramer son grand-père, le fondateur des Emirats arabes unis. Olivier Grivat

Le père fondateur des Emirats arabes unis en pédalo ou ramant sur une barque du Léman: des photos insolites du cheikh Zayed ont été dévoilées à Lausanne en présence de l’ancien président de la Confédération, Pascal Couchepin.

Rien de tel pour sceller des traités d’amitié que de ressortir les images des temps héroïques…

Venu en Suisse à la tête d’une délégation économique des Emirats arabes unis (EAU), le cheikh Sultan bin Khalifa al Nayan a inauguré à Lausanne une exposition de photos inédites de son grand-père, le cheikh Zayed. Ce dernier a séjourné à plusieurs reprises au bord du Léman dans les années 1960-1970.

Prêtée par la fille de son photographe Noor Ali Rashid, une collection de 25 photos le montre dans des situations plutôt insolites pour celui qui est à l’origine du boom économique du Golfe arabo-persique. On le voit jouant au mini-golf à Lausanne, se promener dans les jardins du Beau-Rivage, faire du pédalo avec ses fils devant le Château d’Ouchy ou ramer à bord d’une barque en bois…

Ces images toutes simples contrastent avec l’énorme richesse créée à partir des années 70 par cet homme sans instruction, mais non sans bon sens, qui a su transformer le désert et faire jaillir des sables les infrastructures nécessaires (écoles, routes, hôpitaux, ports, etc.) assurées par les revenus de l’or noir.

Une Fédération d’émirats sur le modèle suisse

Personne ne sait sa date exacte de naissance, faute de registre des naissances (entre 1908 et 1923?), mais une chose est sûre: le cheikh Zayed est décédé en novembre 2004 à plus de 80 ans.

Il possédait une résidence en France voisine, près d’Annemasse, et avait subi de nombreux traitements dans la région, notamment une greffe du rein. Il avait pris le pouvoir en 1966, suite à un coup d’Etat sans effusion de sang qui a renversé son frère.

Il devint alors l’émir d’Abu Dhabi, puis, en 1971, le président des Emirats arabes unis, regroupant sept Etats fédéraux selon un régime comparables aux cantons suisses mais sans présidence tournante: «Ce n’est pas un hasard si la Fédération des Emirats ressemble à notre système confédéral. Venu dans les années 60, le cheikh Zayed a eu tout loisir d’observer le système politique», commente l’homme d’affaires Adel Michael.

Ce Suisse d’origine égyptienne a monté une usine de fabrication de CD et DVD dans l’émirat de Ras-Al-Khaima, à 100 km de Dubaï, destinée notamment aux fabricants japonais, et s’apprête à construire une seconde usine de cellules et panneaux solaires à Abu Dhabi, l’émirat qui résiste le mieux à la crise grâce au pétrole.

La Suisse défend ses atouts

A la mort du cheikh Zayed en 2004, c’est son fils Khalifa bin Zayed qui est devenu le président des Emirats arabes. Récemment, l’homme d’Abu Dhabi a donné son nom au plus haut bâtiment du monde (825 m) à Dubaï, la Burj Khalifa. C’est en effet lui a prêté secours à son «voisin» de Dubaï, le cheikh Mohammed Al Maktoum, tombé dans une mauvaise passe financière suite à ses projets pharaoniques.

A Lausanne, c’est le fils de l’actuel président des Emirats, Sultan bin Khalifa, aussi son conseiller personnel, qui a emmené la délégation économique visiter l’Ecole hôtelière de Lausanne, la Haute Ecole d’art graphique et de design de l’ECAL, le Centre de recherche de Nestlé et des cliniques vaudoises.

Ainsi que l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, qui voudrait créer son premier campus «hors-les-murs» à Ras-Al-Khaima (abrégé RAK). Mais le projet traîne. Malgré la première pierre posée par Pascal Couchepin et le président de l’EPFL Patrick Aebischer en 2009, les bâtiments ne sont pas sortis de terre.

Est-ce la crise économique qui a frappé Dubaï? Les nouvelles options prises par le cheikh Saoud bin Saqr de RAK, qui souhaite se séparer de son conseiller personnel, un ingénieur suisse d’origine chrétienne libanaise? «L’EPFL y a déjà des bureaux avec un directeur sur place, elle a commencé à enseigner et faire de la recherche avec des étudiants préparant leur thèse», rétorque le Dr Khater Massaad, qui se présente encore comme le directeur de la RAK Investment Authority.

Où est la crise

Malgré l’arrêt du projet de base destinée à Alinghi, d’îles solaires du CSEM à Neuchâtel et le ralentissement de la «ville zéro carbone» de Masdar-City à Abu Dhabi, il reste serein: «Où est la crise? Les Emirats continuent de produire 3 millions de barils par jour».

L’automne dernier, une délégation économique suisse – emmenée déjà par Pascal Couchepin – avait été reçue à Abu Dhabi par le même cheikh Sultan bin Khalifa sous la houlette de l’ambassadeur de Suisse Wolfgang Amadeus Bruelhart.

A Lausanne, c’était l’heure du «match retour» pour les hommes d’affaires émirati et une cohorte d’élégantes étudiantes invitées par le cheikh d’Abu Dhabi pour découvrir la Suisse et son climat très tempéré.

«Ginox a installé les cuisine les plus hautes du monde», plaisante (à peine) Jérôme Hofer, le CEO de la société qui vient d’aménager les cuisines du restaurant «Atmosphère» au 122e étage de la Burj Khalifa, à Dubaï.

Etablie depuis 2007 à Ras Al-Khaima, la filiale de Ginox est associée à 51% avec le cheikh local, qui lui loue les locaux. Le siège de la maison-mère est à Montreux depuis 1875 (autrefois Giovanna).

«Grâce à des hôteliers lausannois, nous sommes entrés en contact avec le cheikh de RAK et y avons installé une usine de 3’000 m2 avec 70 employés, notamment libanais et indiens. Les machines super ‘high-tech’ viennent d’Allemagne. Nous produisons à 25% pour le Golfe et à 75% pour l’Inde, un pays où il n’y a pas de concurrence.»

Jérôme Hofer, qui appartient à la famille propriétaire, continue de produire à Montreux pour les marchés suisse et européen.

«Je vends des montres pour femmes. Comment m’y prendre dans les Emirats?», questionne une Suissesse qui convoite le marché.

«Prenez contact avec la cheikha (la femme du cheikh), ndlr ou l’épouse de l’ambassadeur», explique un membre de la délégation.

Pas simple de faire des affaires au féminin en pays arabe!

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