Des perspectives suisses en 10 langues

La Suisse reste à l’écart de la globalisation boursière

La Bourse suisse pourrait devoir se chercher des partenaires. Keystone

Une experte britannique déclare à swissinfo que la Bourse suisse devra revoir sa stratégie en cas de fusion entre la Bourse de New York (NYSE) et Euronext.

La Bourse suisse (SWX) exclut toute fusion avec une grande bourse européenne, alors que les actionnaires d’Euronext doivent choisir mardi entre la NYSE et la Deutsche Börse.

Hilary Cook, directrice de la stratégie d’investissements chez Barclays à Londres, estime que la consolidation entre bourses européennes n’est plus qu’une question de temps et que les petits opérateurs ne feront pas le poids face à la globalisation des marchés boursiers.

Réagissant lundi à l’annonce de l’offre de la Bourse de New York à Euronext, SWX a répété qu’elle excluait toute fusion avec une bourse européenne. Elle se refuse à tout commentaire, préférant «observer la situation».

La bourse suisse a ajouté qu’elle préférait privilégier les collaborations avec les autres instituts. Elle a par exemple annoncé qu’elle allait fonder une société commune pour le négoce des produits dérivés avec la Deutsche Börse dès 2007.

swissinfo: Quelles seraient les conséquences d’une fusion entre NYSE et Euronext?

Hilary Cook: Il n’y a pas encore de véritable consolidation entre opérateurs boursiers, mais NYSE semble déterminée à procéder à la globalisation des marchés boursiers.

Si elle obtient des actionnaires d’Euronext la préférence sur la Deutsche Börse, ce qui lui permettra de créer le premier marché boursier du monde, je pense que les autres opérateurs vont faire bloc de leur côté pour accroître leur poids.

SWX comme la Bourse de Londres ont beau dire qu’ils tiennent à leur indépendance, les cours de Londres nous disent que celle-ci acceptera une offre, vraisemblablement en provenance du Nasdaq américain.

swissinfo: En quoi la taille d’une bourse est-elle importante? Sa situation ou le nombre d’entreprises regroupées ne sont-ils pas plus importants?

H.C.: La consolidation des marchés boursiers vise tout simplement à réduire les coûts.

En tant qu’usagers, nous voulons tous un marché bien régulé et pas cher, avec le plus de liquidité possible, afin que les investisseurs puissent acheter et vendre rapidement sans que le prix en soit trop affecté. Et plus la masse d’échange est grande, plus les coûts sont bas.

swissinfo: Qu’est-ce que cela implique pour SWX?

H.C.: Il y aura toujours des possibilités de négocier de petites quantités lors d’échanges individuels. Quand on parle de globalisation des marchés boursiers, cela concerne surtout les grandes sociétés internationales.

Les petites bourses spécialisées dans l’échanges d’actions de petites entreprises qui peuvent très bien défendre leur indépendance et n’ont pas besoin de se trouver de grands partenaires.

Mais la pression reste forte pour beaucoup d’entre elles de se trouver un partenaire.

swissinfo: Pourquoi les opérateurs boursiers se sont-ils toujours montrés réticents à envisager des fusions et des rachats? Est-ce une question de fierté nationale?

H.C.: Sans aucun doute. Mais Londres et la Suisse veulent aussi continuer à être à la pointe des instituts financiers.

Il s’agit de s’assurer, en cas de reprise, d’être toujours considéré comme un centre clé. Mais peu importe le véritable propriétaire. Ici, en Grande-Bretagne, il est intéressant de voir le nombre de sociétés qui sont en mains étrangères. Quelle différence cela peut-il faire pour un marché boursier?

Et puis, qui vous dit que refuser une offre de reprise n’est pas un bluff dans l’espoir de faire monter les enchères? La Bourse de Londres a refusé des offres à 13,70 francs alors que le cours est actuellement de 27,40 francs, donc vous pouvez en conclure qu’ils ont eu raison de refuser.

Interview swissinfo: Jonas Hughes
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

– Euronext, 2e marché boursier européen, regroupe les marchés de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne.

– Lundi, la Bourse de New York (NYSE) a proposé d’acquérir Euronext pour quelque 8 milliards d’euros (12,5 milliards de francs). Soit 71 euro par action, contre 90 euros offerts par la Deutsche Börse.

– Le but est de créer le premier marché boursier du monde avec 25 milliards de francs, alors que le marché suisse pèse 1,17 milliard.

– Les actionnaires d’Euronext doivent se prononcer mardi.

La Bourse suisse SWX set contrôlée par une association de 55 banques qui ont le même droit de vote.
Elle possède des parts dans plusieurs autres opérateurs, dont virt-x et EXFEED (appartenant entièrement à SWX), Eurex et STOXX.
En 2004, SWX a repoussé une offre de rachat de la Deutsche Börse et exclut toute reprise.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision