Le chômage au plus bas depuis trois ans et demi
En Suisse, le nombre de sans-emploi a reculé en mai, pour le quatrième mois consécutif. En s'établissant à 3,3%, le taux de chômage a atteint son plus bas niveau depuis fin 2002.
Selon le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco), l’accélération de la croissance économique explique en partie cette décrue durable du chômage qui profite surtout aux jeunes.
Les chiffres fournis jeudi par le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) sont éloquents. A la fin du mois passé, le chômage touchait 129’486 personnes, soit 6’874 de moins qu’à fin avril. L’ensemble des demandeurs d’emploi inscrits (y compris gains intermédiaires et formations temporaires) se chiffrait, lui, à 196’638 personnes (-7678).
La récente détente survenue sur le marché du travail se ressent également dans la statistique des places vacantes annoncées auprès des offices du travail. Leur nombre a ainsi progressé de 1’482 unités pour s’inscrire à 12’370.
La nouvelle décrue du chômage, à son plus bas niveau depuis décembre 2002, s’explique d’abord par la croissance économique en Suisse. Le produit intérieur brut (PIB) a en effet augmenté au 1er trimestre 2006 de 3,5% en rythme annuel et de 0,9% d’un trimestre à l’autre, une ampleur inconnue depuis six ans.
Du mieux pour les jeunes
Le reflux du chômage a le plus profité aux jeunes. La catégorie des 15-19 ans a vu ses effectifs se contracter de 10,5 % d’un mois à l’autre à 4903 personnes, tandis que ceux des 20-24 ans reculaient de 7,9% à 16’477 personnes. Et ce même si le taux reste supérieur à la moyenne générale (4,8%).
De plus, il apparaît que, dans l’ensemble, tous les groupes de professions sont concernés. C’est dans la construction, activité liée à des facteurs saisonniers, que la situation s’est le plus détendue. Le nombre de chômeurs y a reculé de 1’900 par rapport à avril.
Ces bonnes nouvelles réjouissent Jean-Luc Nordmann. «Il s’agit, pour un mois de mai, de la plus forte contraction depuis 1999. Ce qui traduit une amélioration robuste et réelle», affirme le directeur du marché du travail au seco, une instance qui dépend du ministère de l’économie.
Toujours selon Jean-Luc Nordmann, en données corrigées des variations saisonnières, la diminution du nombre de chômeurs atteint 1929 personnes. «Cette baisse mensuelle est la neuvième consécutive et pour la huitième fois de suite elle excède nettement le cap des 1000 chômeurs.»
De plus, en comparaison internationale, la Suisse figure en bonne position avec son taux de chômage de 3,3%.
Pour autant, la situation du marché de l’emploi ne satisfait pas entièrement le haut-fonctionnaire suisse. Jean-Luc Nordmann lance donc une nouvelle fois un appel aux entreprises pour qu’elles offrent davantage de postes aux jeunes en recherche d’emplois.
Bonnes perspectives
Quoi qu’il en soit, la décrue du chômage devrait se poursuivre en juin, estime le directeur au seco, avant que la tendance ne se ralentisse en juillet et août en raison de l’arrivée sur le marché de jeunes en fin de formation.
Résultat: pour l’année 2006, le taux de chômage devrait atteindre une moyenne de 3,4%, et même de 3,1% l’an prochain.
Dans le détail, le taux de chômage a régressé en mai dans tous les cantons, sauf Appenzell Rhodes-Extérieures où il est demeuré stable à 1,8%. La région la plus touchée reste Genève, avec un taux qui a cependant reculé de 0,2 point par rapport à avril à 6,9%, pour un effectif de 15’318 chômeurs.
Le recours au chômage partiel a de même diminué, ne touchant plus que 1’216 personnes en avril. L’effectif des entreprises affectées a lui reculé de 39 unités pour s’établir à 154 (et 287 en avril 2005), pour un nombre d’heures de travail perdues de 75’677 (-37,3%).
Quant aux personnes ayant épuisé leurs droits aux prestations de l’assurance-chômage dans le courant du mois de mars, le seco en a compté 3’005. A fin mai, quelque 30% restaient inscrites à un office régional de placement, alors que 16% avaient trouvé un emploi dans l’intervalle.
swissinfo et les agences
Sur le front de l’apprentissage, la situation reste critique. Il manque environ 7 % de places.
Cette année, l’offre a augmenté de 1000 unités, à 73 500 places. Mais le nombre de jeunes intéressés a crû deux fois plus, en passant de 77 000 à 79 000.
Au 15 avril, 77 % des entreprises avaient déjà recruté leurs apprentis et 65 % des jeunes intéressés par un apprentissage avaient déjà signé un contrat.
Il ne reste ainsi plus que 17 500 places vacantes pour 21 000 intéressés, soit 15 % de l’offre (18 % en 2005).
Les jeunes postulent aussi de plus en plus tôt. Au 15 avril, 91 % l’avaient déjà fait alors qu’ils n’étaient que 83 % un an avant.
Taux de chômage européens en avril
Suisse : 3’5%
Zone euro: 8%
Union européenne : 8,3%
Pays-Bas: 3,8%
Danemark et Irlande : 4,3%
Autriche : 4,9%
Italie: 7,7%
Allemagne : 8,2%
France : 8,9%
Pologne : 16.5%
(Source : Eurostat)
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