Les paysans suisses à la marche anti-OMC
Une vingtaine de paysans norvégiens qui ont entrepris une marche de protestation contre l'OMC sont arrivés en Suisse, rejoints par des collègues helvétiques.
Après une halte à Berne samedi, les manifestants iront à Genève pour remettre une déclaration commune au responsable du dossier agricole à l’OMC.
L’arrivée des protestataires au siège de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est prévue le 26 juillet. «Dans notre déclaration, nous revendiquons le droit de chaque pays à produire des aliments pour sa population», a lancé mercredi Hansjörg Walter, président de l’Union suisse des paysans (USP), à la frontière bâloise.
Partis le 17 juin de Trondheim en Norvège, les paysans norvégiens ont déjà parcouru quelque 2000 kilomètres à travers l’Europe. Ils veulent rendre attentif le public aux négociations en cours à l’OMC, qui visent notamment une libéralisation du secteur agricole.
Dans le monde entier, le revenu des exploitations agricoles familiales a diminué au cours des dernières années, bien que leurs prestations commerciales, économiques et sociales se soient étoffées, selon HansJörg Walter.
L’USP, elle, veut amorcer un renversement de tendance. Un message que vont marteler les manifestants.
De Bâle, la marche de protestation se rendra d’abord en Suisse centrale. Les paysans emprunteront ensuite le col du Brünig pour se rendre à Berne et remettre au Conseil fédéral un texte de revendications.
Les paysans se rendront ensuite à Echallens sur les bords du lac Léman pour donner un aperçu des problèmes qui menacent les grandes cultures. Les protestataires prendront ensuite le chemin de Genève pour manifester le 26 juillet devant le siège de l’OMC et y déposer une déclaration commune.
Le dossier agricole à l’OMC
Le timing ne doit bien sûr rien au hasard. Les négociateurs de l’OMC doivent en effet affiner d’ici la fin du mois une proposition lancée par le G20, un groupe constitué de pays émergents et exportateurs agricoles. Une ouverture qui laisse entrevoir une possible relance du cycle de Doha, justement bloqué par le dossier agricole.
Cette option définit un cadre permettant de négocier une baisse des droits de douane pour les produits agricoles.
Concrètement, le G20 propose une «formule» de réduction des droits de douane moins sévère pour les pays développés que pour les pays en développement, dont les tarifs douaniers maximums pourraient atteindre un plafond de 150%, contre 100% pour les pays riches.
Suite à cette proposition lancée en Chine la semaine dernière lors d’une conférence ministérielle de l’OMC, le ministre suisse de l’économie a déclaré: «Nous sommes prêts à faire des concessions dans le domaine agricole, mais cela ne se justifiera que si nous obtenons des contreparties dans d’autres domaines.»
Joseph Deiss faisait allusion aux produits industriels, aux services et aux instruments de facilitation du commerce.
Lors de cette réunion, Luzius Wasescha – chef des négociateurs suisses à l’OMC – a rappelé que la Suisse cherchait à maintenir l’équilibre entre les discussions menées à l’OMC et le rythme des réformes de l’agriculture suisse.
Mais le directeur de l’USP doute que le gouvernement suisse cherche vraiment à défendre les intérêts de l’agriculture suisse.
Et Jacques Bourgeois d’ajouter: «Nous demandons que la Suisse ne fasse pas trop de concessions en ouvrant son marché intérieur. Car il est clair qu’un petit pays comme le nôtre ne peut rivaliser avec des grands exportateurs agricoles comme les Etats-Unis ou le Brésil.»
swissinfo avec les agences
Lancé en novembre 2001, le cycle de Doha devait se conclure en 2004.
Mais le processus a buté sur l’échec de la conférence ministérielle de Cancun en septembre 2003.
Les membres de l’OMC espèrent maintenant aboutir à la fin de l’année prochaine
– Des paysans norvégiens ont entrepris une marche à travers l’Europe pour protester contre les négociations commerciales en cours à l’OMC.
– Mercredi, ils sont arrivés à Bâle et rejoindront Genève la semaine prochaine avec des paysans suisses.
– Du 27 au 29 juillet, une quarantaine d’ONG et de syndicats du monde entier manifesteront également à Genève.
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