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Les PME familiales bien armées face à la crise

Les petites entreprises - ici un fabriquant de cloches - subissent moins violemment la crise. Keystone

Les petites entreprises familiales, qui forment l'essentiel du tissu économique suisse, ont axé leur stratégie sur la croissance à long terme et non sur les bénéfices rapides durant les bonnes années. Cela les met à l'abri de la crise actuelle, selon une étude.

Les petites et moyennes entreprises (PME) familiales, qui comptent 88% du tissu économique suisse, se démarquent aussi par leur aversion à contracter des dettes, selon une étude de Barclays Switzerland.

Se basant sur les réponses fournies par 300 PME familiales, l’étude révèle que 68% d’entre elles accordent davantage d’importance à leur réputation qu’à leurs bénéfices financiers.

83% d’entre elles admettent une aversion au risque et préfèrent préserver la santé de leur entreprise. 39% affirment que la planification à long terme était capitale pour le succès de l’entreprise.

«Souvent, sans entrées sur le marché financier, les sociétés familiales n’ont pas besoin de devoir répondre aux besoins à court terme des investisseurs et sont donc mieux placées pour affronter la volatilité des marchés que leurs collègues dépendant des marchés financiers», explique Hakan Hillerström, qui a participé à l’étude de Barclays Wealth.

Le défi de la succession

Ce rapport conclut que les PME familiales sont mieux armées contre la récession mondiale que les entreprises de plus grande taille. Elles préfèrent générer des fonds qui seront transmis aux générations futures plutôt que fabriquer des fortunes à usage immédiat.

«Ce rapport montre que les entreprises familiales sont bien placées pour survivre et qu’elles parviennent même à se développer en période de fléchissement économique», estime Philippe Sednaoui, CEO de Barclays Wealth en Suisse.

Une inquiétude tout de même: l’épineuse question de la succession peut réduire les réserves des PME familiales à néant si elle est mal gérée.

Toujours plus de successions par des tiers

L’Institut de recherche sur les PME de l’Université de St-Gall s’est penchée sur la question. Selon sa dernière analyse, publiée fin février, une entreprise familiale sur quatre devra régler sa succession ces cinq prochaines années. Or seule la moitié des actuels propriétaires ont une stratégie claire sur la marche à suivre.

L’analyse montre aussi que le nombre de successions organisées au sein de la même famille a considérablement diminué. Il représente aujourd’hui 40% de tous les changements de propriétaires, contre 60% il y a quatre ans.

Selon le professeur Thierry Volery, de l’Université de St-Gall, de nombreux patrons sont trop attachés à leur société. Ils éludent la question au lieu de la poser directement à de potentiels repreneurs au sein de leur famille.
Les PME exportatrices sont exposées

Contredisant quelque peu les conclusions de l’étude Barclays, Thierry Volery s’inquiète aussi d’un problème croissant: les PME actives dans l’exportation sont de plus en plus confrontées au fléchissement économique mondial.

«Quelques uns des chouchous de l’économie suisse, qui ont réussi à progresser de façon spectaculaire ces dernières années, ont été touchés de plein fouet au dernier trimestre 2008, parce qu’ils réalisaient la majorité de leurs ventes sur les marchés internationaux», explique Thierry Volery.

La situation est moins dramatique pour les sociétés actives sur le seul marché domestique. Rejoignant en cela les conclusions de l’autre étude, le professeur de St-Gall prévoit que, présentes à l’étranger ou non, la plupart des PME familiales suisses seront capables de surmonter la crise.

«Les PME familiales se trouvent dans une position favorable en temps de crise, conclut Thierry Volery, car elles se financent par leurs recettes et non en contractant des dettes. Cela aura probablement un effet tampon lorsque les banques auront tendance à prêter davantage à des entreprises présentant un faible profil de risque».

swissinfo, Matthew Allen
(Traduction et adaptation de l’anglais: Ariane Gigon)

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont la colonne vertébrale de l’économie suisse.

Une PME est une entreprise qui emploie moins de 250 employés.

99,7% des 307’000 entreprises suisses sont des PME. Elles emploient 66,8% de la main d’œuvre.

87,9% des PME emploient moins de dix personnes.

88% des entreprises suisses sont en mains familiales.

Selon une étude de l’Université de St-Gall, 26% des sociétés familiales changeront de propriétaire ces cinq prochaines années. C’était le cas de 18,5% d’entre elles en janvier 2005.

Lors d’un changement de propriétaire, seules 40% des PME sont transmises au sein de la même famille, contre 60% il y a quatre années. La moitié environ des autres sociétés sont rachetées par une ou des personnes extérieures à la famille et le sort des autres reste incertain.

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