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Nouveau coup de projecteur sur les hauts salaires

Au mois d'avril, l'actionnaire Rudolf Weber avait violement critiqué le patron de l'UBS pour son salaire annuel e 24 millions. Keystone

Selon un rapport paru mardi, les top managers montrent le mauvais exemple en s'accordant des augmentations de salaire et en communiquant mal avec les actionnaires.

L’étude réclame plus de transparence et dénonce également l’hystérie ambiante qui donne une fausse image d’une structure des salaires ‘raisonnable’ dans la plupart des cas.

En Suisse, un patron sur cinq perçoit un salaire annuel d’un million de francs ou plus, révèle notamment le document de l’Université de Saint-Gall et du cabinet d’audit KPMG.

En général, les montants sont fixés par les cadres eux-mêmes, rarement par des organes indépendants. Le salaire d’un chef d’entreprise helvétique se monte en moyenne à 657’000 francs par année,

Bien que certains grands patrons affichent des salaires de plusieurs millions de francs, deux tiers des chefs d’entreprises sont payés entre 200’000 et 600’000 francs par an.

Une minorité trop visible

Du côté des conseils d’administration, la somme oscille entre 100’000 et 300’000 francs. A noter que les banques et les assurances ont été exclues du sondage.

«Leurs réalités étant différentes, elles auraient faussé les résultats», relativise Peter Leibfried professeur à l’Université de Saint-Gall et co-auteur de l’étude.

Pour lui, les discussions se focalisent beaucoup trop sur une minorité de personnes aux salaires très élevés.

«En règle générale, dit-il, les rémunérations et compensations financièrement pratiquées en Suisse ne sont pas aussi mauvaises que le laisse supposer le débat.»

Des cas individuels

«Il y a des cas individuels qui sortent de la norme. Vous ne pouvez pas empêcher cela dans une économie de marché», ajoute-t-il.

Les chercheurs ont envoyé un questionnaire aux 500 plus grandes entreprises de Suisse des secteurs de l’industrie, du commerce et des services. Dix-huit pour cent d’entre elles ont répondu. Ce qui est, selon les chercheurs, un taux représentatif.

Des questions de base

Le questionnaire porte sur une série de questions comme : qui décide des niveaux de salaires, quel raisonnement fonde les augmentations, sous quelles formes se présentent les compensations et comment tout cela est retranscrit dans les comptes.

L’enquête montre que plus une entreprise est importante, plus le salaire de son chef est élevé. Cette rémunération est en principe proposée par le patron lui-même – dans 50% des cas.

Du côté des conseils d’administration, la décision revient en général aux présidents (90%). Près de 60% des entreprises sondées révèlent que les salaires de leurs managers sont adoptés sans discussion.

Les commissions indépendantes, destinées à fixer les salaires, sont peu nombreuses (40%). Et lorsqu’elles existent, les rémunérations sont en général bien plus basses qu’ailleurs

Tollé public

Cependant, Peter Leibfreid insiste sur le fait que les niveaux de salaire en Suisse sont comparables à ceux du reste de l’Europe. Ils sont derrière les rémunérations de Grande-Bretagne et des Etats-unis.

Selon lui, le tollé public est dû plus aux récentes augmentations annoncées dans la presse qu’au niveau général des salaires.

«Ces dernières années en Suisse, quelques compagnies et certains individus ont connu des augmentations de salaire significatives. Cela est dû à l’internationalisation de ces compagnies. Cela est relativement nouveau pour le public», explique encore Peter Leibfreid à swissinfo.

Des plafonds salariaux

Pour un pour cent des compagnies ayant répondu à l’enquête, le directeur et le président du conseil d’administration sont une seule et même personne. La plupart de ces firmes sont aux mains d’un actionnaire unique ou de familles.

Dominique Biedermann, de la Fondation et groupe de pression Ethos, recommande des et plus de droits pour les actionnaires afin que ceux-ci puissent influencer le système des bonus.

«Malheureusement, les membres du conseil d’administration de quelques compagnies n’ont pas fait leur travail correctement et c’est pourquoi nous avons besoin de mécanismes de contrôle additionnels», affirme ce dernier dans le rapport.

swissinfo et les agences

Sur la base des sociétés sondées:

La rémunération la plus élevée enregistrée pour un chef d’entreprise est de 21,5 millions de francs. Elle n’a pas été prise en considération dans l’étude car elle aurait faussé les résultats
Un patron sur cinq perçoit un salaire de 1 million ou plus
Les autres membres de la direction ont un salaire moyen de 381’000 francs. La paie d’un membre du conseil d’administration se situe entre 25’000 ou 60’000 francs.

L’enquête a été menée entre les mois de mai et juin 2006. Les entreprises des secteurs bancaires et des assurances n’ont pas été prises en compte. Ces dernières ont d’autres règles de compensation que les 500 plus grandes entreprises suisses des secteurs de l’industrie, du commerce et des services.

Près de la moitié des entreprises ayant répondu à l’enquête pensent que les membres du conseil d’administration vont être mieux rémunérés dans les années à venir. Une sur cinq prévoit un accroissement ultérieur pour les managers.

Un peu plus de la moitié de ces entreprises ont des directives concernant les compensations. 38% ont des commissions indépendantes qui fixe les salaires.

L’an prochain, de nouvelles règles entreront en vigueur. Elle obligeront près de 300 sociétés cotées à la Bourse suisse à plus de transparence en matière de rémunération.

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