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Electricité: l’avenir d’Axpo se joue à Zurich

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Les cantons se préparent à la libéralisation du marché de l'électricité. Ainsi tant Fribourg que Zurich votent, ce week-end, sur la transformation de leurs entreprises électriques en sociétés anonymes. De la décision des Zurichois dépend même l'avenir de l'un des futurs géants suisses dans ce domaine: Axpo.

Pas de doute. Après les télécoms, l’heure est à la libéralisation du marché de l’électricité, sensée mettre fin aux monopoles et faire baisser les prix. Le processus est lancé dans l’Union européenne. Il est parfois même très avancé, comme en Allemagne et en Grande-Bretagne. Et la Suisse s’y met.

Le parlement a accepté, à la fin de l’année passée, une loi qui prévoit l’ouverture progressive du marché de l’électricité, et qui, à l’issue d’une période de six ans, doit permettre à tout un chacun de choisir son fournisseur. Mais cela ne va pas sans embûches politiques. Ainsi, suite au référendum lancé par une partie de la gauche et des syndicats, le peuple devra se prononcer, en décembre peut-être.

C’est justement cet obstacle qu’affrontent Fribourg et Zurich, ce week-end, avec deux projets jumeaux: transformer les entreprises électriques cantonales en sociétés anonymes, afin de leur donner les moyens de faire face aux nouvelles règles du jeu. Il faut une structure plus souple, disent les autorités, pour affronter un marché en voie de libéralisation. Pour assurer aussi la pérennité de ces entreprises.

Les opposants – emmenés par les Socialistes et les Verts – ne l’entendent pas de cette oreille. Ils craignent, entre autres, que les baisses de prix bénéficient aux seuls gros consommateurs et que les prestations actuelles soient menacées. Ils dénoncent aussi la mode de la privatisation, en donnant en exemple la situation catastrophique du secteur électrique en Californie.

Dans un cas comme dans l’autre, pourtant, c’est le canton qui sera l’unique actionnaire de la nouvelle entité, en tous cas dans un premier temps. Car c’est là que les deux projets se différencient. Pour le gouvernement fribourgeois, il n’est pas question de privatiser à proprement parler, c’est-à-dire de renoncer à détenir la majorité de la future SA.

A Zurich, par contre, la perspective est différente. D’emblée, le texte soumis aux citoyens précise que l’approvisionnement énergétique est du ressort du secteur économique. Et la stratégie du gouvernement consiste, à terme, à se retirer graduellement de ce domaine. Une vision, donc, qui va fondamentalement dans le sens d’une privatisation.

D’autant plus que l’avenir de l’électricité zurichoise se nomme Axpo. C’est la réponse des cantons de la région à l’ouverture du marché: créer un géant suisse en fusionnant les entreprises d’Appenzell, Saint-Gall, Argovie, Glaris, Zoug, Thurgovie et Zurich, ainsi que les Forces motrices du nord-est de la Suisse (NOK). Résultat: un acteur pesant plus de 2 milliards de chiffre d’affaires, avec 2,3 millions de clients et près d’un tiers du marché national.

Un géant dans lequel les Zurichois, qui contrôlent près de 40% des NOK sont appelés à jouer les premiers rôles. Mais voilà: la transformation des entreprises électriques cantonales en société anonyme est un préalable indispensable à son intégration dans un plus grand ensemble. En d’autres termes, c’est la viabilité d’Axpo qui se joue ce dimanche. Un enjeu pour toute la région, et même pour l’avenir du marché suisse de l’électricité.

Pierre Gobet, Zurich

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