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En vedette à la MUBA: une armée suisse en plein remue-ménage

C’est la journée de l’armée, ce mardi, à la Foire d’échantillons de Bâle, en présence du président de la Confédération, Adolf Ogi. Une armée en pleine zone de turbulences. Et les critiques ne viennent plus seulement de la gauche ou des antimilitaristes

Les militaires suisses ont leurs adversaires de longue date. C’est notamment des rangs du Groupe pour une Suisse sans armée, le GSSA, que viennent la centaine de manifestants qui, samedi, ont protesté à Bâle contre le «show» organisé par le Département de la Défense à la MUBA.

4 500 mètres carrés sur lesquels l’armée présente son matériel, de la gamelle à l’avion de chasse FA/18. L’occasion pour elle d’expliquer au grand public ses missions et la manière dont elle les assume.

Protester contre cette exposition: c’est également la revendication avancée par un groupe d’extrême-gauche, auteur présumé des deux explosions qui, la semaine passée, ont visé l’armée, à Berne.

Mais le «show» de la MUBA tombe alors que l’institution militaire traverse une zone de turbulences politiques. Des voix s’élèvent pour réclamer une armée plus petite et moins gourmande. Ce qui est nouveau: c’est qu’elles viennent désormais aussi de milieux traditionnellement très favorables à l’armée: la droite libérale et l’économie.

Il faut dire que, dix ans après la fin de la guerre froide, l’armée suisse est au milieu du gué, en plein processus de réforme. Tout l’enjeu tourne autour du projet Armée XXI, dont le Conseil fédéral doit faire connaître les lignes directrices ces prochaines semaines.

En attendant, les idées fusent. Le Radical Pascal Couchepin, chef du Département de l’Economie, propose une armée réduite à 120 000 hommes et réclame de nouvelles économies. Peter Hasler, le directeur de l’Union patronale suisse, évoque une réduction du nombre de cours de répétition et met le doigt sur les coût indirects du service militaire.

Pour Peter Hug, historien à l’Université de Berne et spécialiste de la défense au parti socialiste, l’attitude face à l’armée, en particulier de la part de l’économie, a fondamentalement changé ces dernières années.

«Il y a un nouveau consensus pour considérer que l’armée est un fardeau pour l’économie et que la compétitivité internationale de la Suisse risque de diminuer si l’on ne change pas de modèle d’armée.»

Une organisation trop lourde? Jacques Bühler, membre du comité central de la Société suisse des officiers, ne se prononce pas. Mais il admet: «l’économie se plaint parfois du poids du service militaire où des gens partent 3, voire 4 semaines pour des cadres, pour accomplir leur service».

Pierre Gobet

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