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Encore des nuages dans le ciel économique suisse

La Suisse peine à augmenter sa productivité. Keystone Archive

Le marasme dans lequel se trouve l’économie suisse se prolongera encore quelques mois. C’est en tout cas l’avis des principaux instituts de recherches conjoncturelles.

Pour les spécialistes, il ne faut pas attendre une reprise avant 2004, voire 2005.

Selon le Créa – l’Institut de recherches de l’université de Lausanne – le produit intérieur brut (PIB) de la Suisse devrait reculer de 0,3% cette année par rapport 2002. Un exercice qui est déjà marqué du sceau de la récession.

L’an prochain permettra certes de renouer avec la croissance, mais avec un taux limité à 1%, estime l’institut lausannois dans ses dernières prévisions publiées mercredi.

S’armer de patience



Le véritable redémarrage de l’économie n’interviendra donc qu’en 2005, avec un exercice qui devrait afficher une croissance de 2,4%. Il sera alimenté par une poussée des exportations soutenue par la reprise de l’économie mondiale, qui s’amorce pour l’heure en Asie et aux Etats-Unis avant de se répercuter dans la zone euro.

Avant d’en arriver là, les Suisses devront s’armer de patience et s’accommoder de la poursuite de la dégradation du marché de l’emploi, qui ne se rétablira pas avant deux ans. Un facteur qui devrait plomber leur confiance et leur propension à consommer. Cette dernière ne joue plus son rôle moteur depuis plusieurs mois.

Le BAK assez optimiste



Le plancher a désormais été atteint, estime de son côté l’institut conjoncturel bâlois BAK. Mais si la conjoncture va se redresser dans les mois qui viennent, cette tendance positive ne pourra toutefois pas compenser d’ici à la fin de l’année la décrue du 1er semestre.

Selon l’institut bâlois, le PIB reculera de 0,4% sur l’année en cours. Les estimations du BAK sont ainsi proches de celles du Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) et de l’UBS, qui tablent tous deux sur un repli du PIB de 0,3% en 2003.

Il faudra donc attendre 2004 pour que la croissance économique reparte à la hausse. Le BAK prévoit une progression de 1,3% l’an prochain et de 1,8% en 2005. L’UBS se montre sur ce point plus optimiste encore, escomptant une amélioration de 1,9% et de 2,1% respectivement sur les deux prochaines années.

La reprise passe toutefois par l’étranger. La consommation privée et les investissements ne suffiront en effet pas à inverser la tendance. L’industrie d’exportation helvétique profitera du redressement économique de l’étranger, essentiellement des Etats-Unis. Le mouvement se répercutera ensuite sur l’économie du pays.

Les exportations, qui reculeront de 1,9% cette année selon le BAK, progresseront de 3% en 2004 et même de 3,6% en 2005. Parallèlement, les importations reculeront de 3,5% cette année et progresseront de 3,7% et de 3,8% les deux prochaines années.

Les dépenses dans les biens d’investissement, qui ont très fortement chuté l’an passé, auront cependant du mal à rattraper le retard. Il faudra attendre 2005 pour que le besoin en investissements de remplacement et de développement se fasse vraiment sentir.

Un avenir plein d’incertitudes



Comme leurs collègues, les économistes du Crédit Suisse tablent sur une reprise. Ils estiment qu’en Suisse la croissance devrait atteindre 1% l’année prochaine.

Mais ils restent cependant beaucoup plus réservés sur sa durée, étant donné les incertitudes qui planent sur l’économique américaine.

En raison d’un endettement grandissant, la principale économie mondiale est vulnérable et sensible aux hausses de taux d’intérêt. Rien ne garantit que les autres économies seront en mesure de compenser, après 2004, un ralentissement de la croissance outre-Atlantique, avertit le Crédit Suisse.

Les experts de la 2e banque du pays rappellent par ailleurs que les conditions en Suisse ne sont pas optimales. La consommation des ménages ne peut en effet plus être considérée comme un véritable stimulant.

Cette situation est notamment due à l’absorption des pouvoirs d’achat par des tarifs publics et des impôts en hausse, ainsi que par des primes d’assurance maladie qui prennent l’ascenseur.

swissinfo et les agences

– Les analystes ne sont pas optimistes quant à l’amélioration du marché de l’emploi.

– Pour 2004, le BAK estime que le taux de chômage atteindra 3,8%, le Crédit suisse parle de 4,1 à 4,2% et le Créa pronostique même un taux de 4,4 à 4,5%. Ces différents taux représentent entre 150’000 et 175’000 personnes sans travail.

– Les analystes s’accordent sur le fait qu’il n’y aura aucune amélioration sur le front du chômage avant le courant 2005. En effet, le marché du travail ne réagit toujours qu’avec retard aux mouvements conjoncturels.

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