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Enquêteurs suisses, allemands et français sur les traces de Kohl

Helmut Kohl, ancien chancelier de l'Allemagne. Keystone / AP Photo / Jan Bauer

Les magistrats genevois ont de quoi se réjouir. Leurs collègues allemands se sont enfin décidés à enquêter sur les dessous de la vente en 1992 de la raffinerie de Leuna au groupe Elf. Et sur le versement, dans cette même affaire, de 65 millions de francs de pots de vin.

Les enquêtes menées parallèlement par les juges allemands, français et suisses se recoupent. C’est d’ailleurs grâce à ces dernières que le procureur de Genève, Bernard Bertossa, a récemment pu faire incarcérer trois hommes, tous soupçonnés d’avoir blanchi quelque 50 millions de francs pour le compte d’Alfred Sirven, l’ex-trésorier occulte du groupe pétrolier français Elf.

Un véritable travail de fourmi qui a débouché, jeudi, en Allemagne cette fois, sur l’audition du procureur de Sarre, devant la commission d’enquête parlementaire du Bundestag sur les caisses noires de la CDU. Le procureur en question avait fait le voyage de Berlin pour parler des comptes de l’homme d’affaires allemand Dieter Holzer sur lesquels se trouveraient une partie des prébendes versées par Alfred Sirven.

La machine s’emballe. D’ailleurs, les sociaux démocrates du SPD comptent bien convoquer une nouvelle fois, d’ici cet automne, l’ancien chancelier Helmut Kohl devant la commission d’enquête cet automne.

Selon le quotidien Berliner Zeitung – qui s’appuie sur les dépositions transmises par la justice française à la justice allemande – , peu avant le rachat de la raffinerie de Leuna, Helmut Kohl aurait en effet garanti à l’ex-président Loïk le Floch-Prigent qu’il interviendrait pour qu’Elf empoche toutes les subventions que le groupe souhaiterait.

L’ancien chancelier Kohl conteste cette version des faits et assure ne se souvenir de rien de semblable.

Par ailleurs, les banques suisses et leurs coffres forts sont toujours dans la collimateur de la même commission d’enquête parlementaire. Son président, le social-démocrate Volker Neumann, vient d’intimer l’ordre à la CDU de clarifier l’origine des 1,5 millions de francs qui ont transité sur les comptes de la «fondation Norfolk», qui fut constituée au Liechenstein, au début des années 80, par deux hommes de confiance d’Helmut Kohl et qui possédait quatre comptes à l’UBS.

Selon Volker Neumann, le parti démocrate chrétien devrait bientôt interroger l’un des collaborateurs de la banque suisse qui crédita en novembre 1990 les versements en liquides sur les comptes de la Norfolk. Son nom, figure dans les documents qui viennent d’être remis à la commission par la CDU après inventaire.

Des papiers «explosifs», assure le président de la commission d’enquête. Même si le secrétaire fédéral de la CDU, Willi Hausmann, affirme que leur examen n’a pas permis de faire la moindre lumière sur l’origine et la destination des fonds de Norfolk.


Michel Verrier, Berlin

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