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Enquête suisse en Afghanistan

Les photos macabres prises par des soldats soulèvent un énorme scandale en Allemagne. swissinfo.ch

Le ministre de la défense se dit persuadé que les militaires suisses en Afghanistan n'ont pas participé aux prises de vue macabres qui font scandale en Allemange. Une enquête est néanmoins en cours.

Dimanche, un porte-parole des forces armées confirme que les officiers suisses sur place ne sortent pas en patrouille et ne peuvent donc pas avoir pris part à ces profanations.

Les trois militaires suisses en Afghanistan font partie de l’état-major et n’effectuent pas de patrouilles, explique Samuel Schmid dans un entretien diffusé samedi par le quotidien de boulevard alémanique Blick.

Personnellement, le ministre de la défense ne croit «vraiment pas» que ces hommes soient impliqués dans les profanations, mais il a tout de même ordonné une enquête «pour plus de sûreté».

L’armée suisse forme ses recrues de telle façon que de semblables agissements ne soient «pas possibles, pour autant que l’on puisse en juger», affirme Samuel Schmid. Les soldats suisses engagés à l’étranger bénéficient en outre généralement d’une plus grande expérience que les autres.

Dimanche, Felix Endrich, porte-parole de l’armée, confirme les propos de son ministre. Selon lui, à l’époque des faits, les officiers suisses travaillaient à Kaboul et ne sortaient pas en patrouille.

Le recrutement en cause

Pour Martin Kallen, chef du service psycho-pédagogique de l’armée suisse, la racine des problèmes survenus en Afghanistan pourrait se situer au niveau du recrutement. Il est possible de filtrer à ce stade les personnes fragiles et inadéquates, estime-t-il dans un entretien diffusé samedi par le quotidien Neue Luzerner Zeitung.

Martin Kallen reconnaît cependant qu’il est «très difficile de savoir comment un être humain peut réagir dans des circonstances extrêmes».

Pour le psychologue, l’affaire des photos macabres faites par les soldats Allemands témoigne également d’un manque de respect vis-à-vis d’autres cultures. Éducation insuffisante et dégradation des moeurs jouent selon lui un rôle essentiel à cet égard.

Nouvelles photos

Ces prises de position en Suisse surviennent à l’heure où en Allemagne, le tabloïd Bild publie de nouvelles photos macabres mettant en scène des ossements et des soldats allemands en Afghanistan.

Parues samedi, ces images montrent un soldat pointant une arme à feu sur un squelette humain grossièrement reconstitué. Sur un autre cliché, le squelette est surmonté d’un béret militaire et flanqué d’un pistolet. Les photos remonteraient à fin 2003/début 2004.

Deux soldats interrogés par Bild laissent entendre que ces séances macabres étaient régulières. Selon l’un d’eux, le site où se trouvent les ossements «faisait partie de notre zone. Nous y
passions au moins une fois par semaine».

La chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part dit au magazine Focus (à paraître lundi): «Il faut qu’en Afghanistan l’on sache que de tels actes ne sont pas tolérés, mais punis sans indulgence». Elle a cependant exclu tout retrait des soldats allemands, selon Focus.

Plusieurs enquêtes disciplinaires et judiciaires ont été ouvertes contre les suspects. Deux soldats ont été suspendus vendredi.

swissinfo et les agences

Le 15 novembre 2002, l’OTAN a demandé un soutien pour l’Allemagne et les Pays-Bas, qui forment les principaux contingents de l’ISAF, la force internationale de sécurité et d’assistance en Afghanistan.

L’année suivante, le gouvernement puis le parlement suisses ont approuvé d’engager au maximum quatre officiers supérieurs, armés pour leur protection personnelle.

Ces hommes sont arrivés sur place en février 2004. L’un d’eux travaille à Kaboul dans le domaine des opérations et un autre est engagé en tant que médecin auprès de la station sanitaire dirigée par les Allemands à Kaboul ou à Kunduz. Deux autres suisses travaillent à Kunduz comme officiers de liaison dans une équipe de reconstruction.

Leur mission doit être comparée avec celle des observateurs militaires : ils sont en déplacement, soignent les contacts avec les dignitaires locaux et observent la situation afin d’obtenir une vue globale de la situation actuelle.

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