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Au total, 21 casinos vont ouvrir leurs portes en Suisse d'ici à 2003. Keystone

Le premier casino suisse ouvre ses portes ce jeudi à Lucerne. Et d'ici à une année, la Suisse devrait devenir un véritable paradis pour les jeux de hasard.

Après avoir été interdits durant plus de 70 ans, les casinos refont leur apparition en Suisse. Et de façon fracassante: avec 21 établissements, le pays va enregistrer la plus forte concentration de maisons de jeux du continent.

C’est donc le casino de Lucerne qui ouvrira les feux, ce jeudi 27 juin. Ceux de Baden et de Berne suivront début juillet. Et dans quelques mois, les établissements de Lugano et de Montreux.

Au tour de Bâle en été

L’été prochain, ce sera au tour du casino de Bâle d’ouvrir ses portes. Et finalement, celui de St-Gall, en automne 2003.

Ces sept grands casinos (concession A) peuvent offrir treize jeux de table. Plus petits, quatorze kursaals (concession B) pourront en outre proposer trois jeux aux Suisses.

L’ouverture du casino de Lucerne met un terme à l’interdiction des maisons de jeu en Suisse. Où seuls de modestes kursaals étaient autorisés, avec une mise maximale à cinq francs.

Mais comme le relève Yves Rossier, directeur de la Commission fédérale des maisons de jeu (CFMJ), la Suisse enregistrait déjà une des plus grandes densités de machines à sous au monde. C’est dire si les Helvètes ont l’habitude de jouer leur argent…

Le Conseil fédéral s’est longtemps opposé à la levée de cette interdiction. Pour finalement changer d’avis, il y a dix ans, motivé par l’état précaire des finances fédérales.

Il faut préciser que, chaque année, les Suisses dépensaient près d’un demi-milliard de francs dans les établissements étrangers.

Une procédure d’attribution laborieuse

Stimulé par la proposition d’attribuer à l’AVS une bonne partie de la recette fiscale, le peuple a accepté cette libéralisation en 1993. Avec plus de 70% de votes favorables.

Mais il a encore fallu attendre neuf ans pour assister à l’ouverture du premier casino. Prudent, le Conseil fédéral a pris le temps de définir les règles légales de ces nouvelles activités.

La procédure d’attribution des établissements s’est avérée encore plus laborieuse. Un vrai jeu d’équilibre entre les pressions des politiciens, des villes et des sociétés chargées de gérer les établissements.

Cette procédure n’aura pas fait que des heureux. Neuf casinos, au bénéfice d’une concession provisoire, doivent fermer leurs portes à la fin juin.

Quelque 350 emplois passeront à la trappe, et les communes concernées vont subir de douloureuses pertes financières.

L’Etat, lui, devrait toucher le pactole. Selon les estimations des 21 établissements sélectionnés, les casinos suisses pourraient générer un chiffre d’affaires (différence entre les mises et les gains) de 900 millions de francs par année dans cinq à huit ans. Soit trois fois plus que le gain des actuels kursaals.

L’impôt prélevé sur cette somme devrait rapporter quelque 466 millions de francs en faveur de l’AVS.

D’intéressantes retombées économiques

Les retombées économiques sont également intéressantes pour les localités choisies. En effet, les casinos vont accueillir nombreux bars, restaurants et concerts. Ceux-ci devraient aussi fleurir dans les abords des établissements.

Bien entendu, des effets positifs sont attendus sur le marché du travail. Et l’impact touristique ne doit pas non plus être oublié.

Mais l’ouverture des casinos en Suisse entraîne également de nombreuses craintes. Des dispositions ont notamment été prises pour lutter contre le recyclage d’argent sale.

La loi impose aussi aux casinos une série de mesures de contrôle de leurs clients. Et les établissements doivent prendre des mesures pour prévenir les conséquences plus dramatiques de la manie du jeu.

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