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Feu vert à l’agence nationale contre le dopage

Le sprinter américain Tyson Gay à l'entraînement «propre» et public lors du meeting zurichois «Weltklasse» de 2007. Keystone

La nouvelle agence nationale antidopage aura un départ difficile le 1er juillet. Dotée d'un budget serré, elle aura du mal à rattraper le terrain perdu ces dernières années dans la lutte contre le dopage.

Le ministre des sports Samuel Schmid avait un cadeau, lundi dernier à Berne, pour les délégués de Swiss Olympic réunis en assemblée extraordinaire: 300’000 francs de la Confédération à titre d’aide initiale unique pour la nouvelle fondation Antidopage suisse (ADS).

L’organisation faîtière du sport suisse a donné son feu vert à la création de la nouvelle agence, qui démarrera ses activités le 1er juillet prochain.

Corinne Schmidhauser, présidente désignée du conseil de fondation de l’ADS et ancienne championne de la Coupe du monde de slalom, a accepté avec gratitude le cadeau de M. Schmid. «Il est de notre devoir, vis-à-vis des jeunes sportifs, de mener sérieusement la lutte contre le dopage», a déclaré l’ancienne skieuse.

Quant à Matthias Kamber, chef de la lutte antidopage à l’Office fédéral du sport (OFSPO) et activement impliqué dans la conception de l’ADS, il considère que l’agence indépendante est un «grand progrès». La contribution de Berne permet par ailleurs de faire des investissements urgents, qui n’auraient pas été possibles dans le cadre du budget serré de 3,8 millions de francs de l’ADS.

Retard dans le démarrage

Le chef antidopage de la Confédération n’exulte cependant pas. La nouvelle agence n’est pas seulement, dès le départ, limitée dans ses possibilités financières, elle voit aussi le jour avec beaucoup de retard, a-t-il déclaré.

«Nous avons franchi le pas seulement maintenant, quatre ans après la création de l’Agence mondiale antidopage (AMA) et la mise en œuvre du premier code antidopage», explique M. Kamber. Le deuxième et nouveau code de l’AMA contre le dopage entre en vigueur en même temps que l’ADS voit le jour. Un nouveau logiciel est par ailleurs introduit. «Nous avons des défis à relever, nous aurons à affronter de gros problèmes», relève M. Kamber.

De gros poissons dans les mailles du filet

Le retard pris a aussi fait que la Suisse, alors pays modèle en matière de lutte contre le dopage, est passée d’initiatrice à suiviste ces quatre dernières années. M. Kamber confirme «très clairement» ce fait. «La Suisse se situait au sommet de la lutte contre le dopage de 2002 à 2004 environ, son modèle a été copié à l’étranger.»

Cette efficacité s’était traduite par des succès spectaculaires: en 2004, l’ancien champion cycliste Oscar Camenzind et la championne olympique de triathlon Brigitte McMahon avaient tous deux été pris dans les mailles du filet tendu par les collaborateurs de M. Kamber.

Aujourd’hui, la Suisse est en retard par rapport à la plupart de ses voisins européens. «Pas seulement en ce qui concerne les contrôles, mais aussi en matière d’information, de prévention et de relations internationales, nous ne sommes plus des partenaires demandés», relève M. Kamber.

Quand l’Etat met la pression

Le ministre des sports Samuel Schmid a certes fait un gentil cadeau. Mais il a également dit très clairement aux représentants des associations sportives qu’à l’avenir la Confédération ne contribuerait pas à plus de l’actuel 1,7 million de francs au budget annuel de l’ADS. M. Schmid en a davantage appelé à la responsabilité propre du sport et il a attiré l’attention sur le potentiel représenté par les sponsors.

La situation est différente à l’étranger. «Dans la plupart des pays voisins, ce sont les gouvernements qui ont fait le forcing et imposé leurs idées au sport, et non pas l’inverse», constate M. Kamber. La nouvelle organisation nationale antidopage de Grande-Bretagne (Nado), par exemple, a été fondée à l’instigation du gouvernement. Son budget passera en l’espace de deux ans de 4,5 millions à près de 15 millions de livres (31 millions de francs). Et 45 collaborateurs de Nado surveilleront les activités des sportifs.

Sponsors au bout de la ligne

«Il s’agit là d’une tendance complètement différente, car le gouvernement fait pression et insiste sur la mise en œuvre du nouveau code de l’AMA», remarque M. Kamber. Une autre conception prédomine au sein du gouvernement suisse. «Mais ce sont des conditions-cadres que nous devons accepter.»

Le démarrage de l’ADS n’est cependant pas si sombre que cela. Le directeur de Swiss Olympic, Marc-André Giger, a en effet laissé entrevoir l’engagement d’un sponsor privé. Celui-ci soutiendrait la lutte de la nouvelle agence antidopage par une «contribution à six chiffres» au cours des trois prochaines années.

swissinfo, Renat Künzi
(Traduction: Catherine Vuffray)

Jusqu’à présent, la lutte antidopage était menée par la Commission technique de lutte contre le dopage de Swiss Olympic. Cette dernière était pilotée conjointement par Swiss Olympic et l’Office fédéral du sport (OFSPO).

Antidopage suisse (ADS) est une nouvelle fondation, indépendante, de droit privé. Elle commencera ses activités le 1er juillet 2008.

ADS sera régie par Swiss Olympic et l’OFSPO.

Swiss Olympic contribue à hauteur de 1,9 mio de francs, la Confédération de 1,7 mio.

Le budget annuel de 3,8 mio de francs représente le minimum absolu. Une variante plus large, comparable à la solution adoptée par la Norvège, coûterait 5,1 mio de francs par an.

En 2007, la Suisse a entrepris 1419 contrôles pour dépistage de dopage, alors qu’il y en avait eu 1714 en 2005.

A partir de 2009, l’ADS veut mener annuellement quelque 2500 contrôles lors de compétitions et d’entraînements en Suisse.

Depuis la création de l’Agence mondiale antidopage (AMA), il y a 7 ans, le nombre des contrôles antidopage a passé de 120’000 à presque 200’000 par an à travers le monde entier.

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