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Aux Etats-Unis, le CSFB est poursuivi en justice

Siège du Credit Suisse First Boston à New York. Keystone Archive

Le secrétaire d'Etat du Massachusetts accuse le Credit Suisse First Boston de tromper les investisseurs.

Le CSFB affirme qu’il coopère avec les autorités pour éviter tout conflit d’intérêt entre ses activités d’investissement et d’analyse des marchés.

William Galvin, le secrétaire de l’Etat du Massachusetts, a déposé cette semaine une plainte devant un juge administratif de Boston contre le Credit Suisse First Boston (CSFB). La plainte accuse le groupe suisse d’avoir induit en erreur les investisseurs, notamment les petits porteurs, en leur donnant des conseils biaisés d’achat d’actions.

Toujours selon cette même plainte, la partialité du CSFB s’expliquerait par des conflits d’intérêt entre ses activités d’analyse des marchés et ses activités de banque d’affaires.

D’autres établissements bancaires sur la sellette

Si la plainte déposée à Boston s’en prend au CSFB, d’autres banques d’affaires ont déjà été mises sur la sellette par les médias américains et le procureur de l’Etat de New York.

Depuis longtemps en effet, des doutes planent sur les conseils des banques d’investissement, jugées trop proches des entreprises qu’elles observent pour être objectives. L’an dernier, le scandale Enron a cristallisé le problème aux yeux des quelque 60 millions d’Américains qui possèdent des actions.

Le Congrès a enquêté sur le sujet. La Maison Blanche a promis des mesures pour protéger les petits porteurs. Membre de l’administration Bush en tant que patron de la Securities and Exchange Commission (commission fédérale des opérations en Bourse), Harvey Pitt a engagé un dialogue avec les banques d’affaires.

De leur côté, plusieurs banques ont séparé les affaires de l’analyse. Prudential a même été plus loin en abandonnant l’investissement pour se consacrer uniquement à l’analyse.

La Securities and Exchange Commission a failli à sa mission

Mais le public n’est pas rassuré. Et, dans le Massachusetts, ses préoccupations ont amené William Galvin à porter plainte. «Nous agissons parce que la commission fédérale des opérations en Bourse a failli à sa mission et parce que l’auto-régulation ne suffit pas à protéger les investisseurs», déclare cet élu démocrate.

Dans sa plainte, William Galvin accuse en particulier le CSFB de connivence avec le secteur des hautes technologies. Il affirme que la banque a investi dans des entreprises dont elle gérait l’arrivée sur le marché financier de manière à gonfler artificiellement le cours initial des titres.

Le secrétaire d’Etat du Massachusetts ajoute qu’il a des «preuves» sous la forme de courriers électroniques compromettants entre des employés du CSFB et des responsables d’entreprises. Il précise encore qu’il dispose d’un témoignage important.

Et de citer un analyste du CSFB qui dit «avoir subi des pressions» de la part de ses supérieurs pour qu’il améliore son évaluation d’une entreprise ‘high tech’ recourant aux services du département investissement de la banque.

Le Credit Suisse First Boston rejette tout en bloc

William Galvin menace même de transmettre les preuves en question au procureur de New York qui a lancé des poursuites criminelles contre des banques d’affaires.

Pour sa part, le Credit Suisse First Boston rejette en bloc les accusations de l’Etat du Massachusetts. «La plainte est bourrée de déclarations trompeuses et d’inexactitudes», indique la banque dans un communiqué.

«Nous travaillons avec les instances de réglementation, poursuit-elle, en vue de mettre en oeuvre des réformes et nous avons déjà proposé de séparer nos activités d’analyse et d’investissement.» Le CSFB a 21 jours pour répondre à la plainte devant le juge administratif.

swissinfo/Marie-Christine Bonzom à Washington

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