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Bienne est redevenue une ville qui gagne

La place centrale de Bienne, un jour de pluie... Keystone

Durement touchée par la crise horlogère des années 70, la cité seelandaise a fini par relever la tête. Ses finances sont saines et elle affiche le taux de chômage le plus bas des grandes villes suisses.

Petite citée de 50’000 âmes, Bienne la bilingue gagne à nouveau grâce notamment à… l’horlogerie.

«Aujourd’hui lorsque l’on parle d’une ville en plein développement on parle de Bienne. Et si l’on parle d’une ville en crise, on ne vient plus à Bienne», se réjouit Hans Stöckli.

Maire socialiste de la cité biennoise depuis 16 ans, ce dernier ne se fait pas prier pour citer en vrac l’accroissement de la population, la diminution de la dette et des impôts, l’augmentation des investissements ou le taux de chômage le plus faible de toutes les villes suisses.

Au moment de sa prise de pouvoir, en 1990, rien ne laissait présager que «sa» ville allait un jour susciter envie et admiration loin à la ronde. «Vous êtes le maire de la ‘Ville de l’Avenir’ qui a l’avenir derrière elle!» lui avait même lancé à l’époque une jeune journaliste.

Communication et horlogerie

La réponse trouvée ce jour-là par Hans Stöckli fut un déclic: «Vous vous trompez, avait-il alors osé, je suis le maire de la ville de la communication, car c’est la communication qui a l’avenir devant elle!»

Le futur donnera raison à ce maire visionnaire qui multiplie les coups de poker. Affublée de son nouveau qualificatif, Bienne allait tout d’abord réussir à attirer l’Office fédéral de la communication (OFCOM) dans ses murs. Suivront Orange, Sunrise, UPS et une foultitude de call center.

«Nous avons toujours voulu lier le contenu de l’information et son mode de transport. C’était une chance à ne pas manquer pour Bienne, ville bilingue située entre Genève et Zurich, qui possède une main d’œuvre habituée à la précision.»

Mais cela n’aurait sans doute pas suffi sans le renouveau du secteur horloger helvétique, aujourd’hui fleuron de l’économie suisse. La présence de Swatch et Rolex (les deux entreprises achètent des terrains pour s’agrandir) offre du travail à près de 10% de la population des lieux.

Expo 02 et la résurrection finale

Et puis, il y a eu Expo02. Avec, là encore, la patte d’Hans Stöckli qui a mis toute son énergie à convaincre ses citoyens de voter un premier crédit de 8 millions de francs pour se lancer dans l’aventure au début des années 90.

«Je savais ce qu’était une exposition nationale, je connaissais le potentiel d’énergie qu’on pouvait en tirer. J’avais 12 ans lorsque j’ai visité celle de Lausanne. Depuis lors, je collectionne les objets liés aux expositions nationales et il ne se passe pas un jour sans que j’en reçoive, de toute la Suisse.»

«L’expo 2002 à Bienne, c’était un rêve de jeune garçon qui se réalisait», explique-t-il aujourd’hui encore avec des étoiles dans les yeux.

150 millions d’investissements plus tard, la ville s’est refait une beauté. Adieu tristesse et grisaille. Bienne éclate au grand jour. Elle a su profiter de cette plateforme inespérée pour renaître de ses cendres.

Peu d’ombres au tableau

La rénovation de la place centrale, le passage sous voie pour ouvrir la ville sur son lac, et la rénovation du Palais des Congrès, notamment, égaient la cité.

Aujourd’hui, Bienne vit pleinement son succès et profite de sa situation géographique stratégique pour attirer les investisseurs et lancer des projets de développement.

Dans ce tableau idyllique, les seules zones d’ombres semblent être la fermeture du casino, les problèmes de trafic routier et, comme ailleurs, la criminalité et la prostitution. Plus spécifique à Bienne: les frasques à répétition du conseiller municipal et Directeur de la police biennoise Jürg Scherrer.

Ce dernier étant également président du ‘Parti de la Liberté’ (extrême droite), il profite de ce statut pour multiplier les ‘exploits’ médiatiques à caractère xénophobe comme se délecter d’un minaret en chocolat devant les objectifs des photographes.

Le problème principal pour Hans Stöckli est que les citoyens et la presse ne font pas la différence entre les casquettes.

L’exception Stöckli

Maire de la ville, député au Parlement fédéral, Hans Stöckli porte, lui aussi, plusieurs casquettes. A Bienne, il est également le Directeur des finances. Dans ce rôle, il surveille les cordons de la bourse tel l’oncle Picsou son trésor.

Dès le début de son premier mandat, il a traqué les moindres dépenses superflues afin de disposer de capitaux pour des projets précis et ponctuels. Une technique qui a fait ses preuves.

Grâce à elle, l’homme est populaire… et il le sait. Il connaît presque tout le monde et tout le monde le connaît, les décideurs comme les simples citoyens. Difficile pour le maire de traverser sa ville, à pied ou à vélo, sans être obligé de s’arrêter tous les dix mètres pour répondre aux sollicitations de ses administrés.

Il joue de cela et sait séduire son monde par un enthousiasme communicatif. Hans Stöckli parle beaucoup, fort et avec assurance. S’il aime le pouvoir, il marche aussi beaucoup à l’émotion.

Tenace, il choisit patiemment les combats qu’il mène pour mieux les gagner. En seize ans, il n’a perdu qu’une seule votation populaire à Bienne, sur un objet qui a tout de même fini par passer!

A lui désormais de démonter qu’il peut vivre un destin aussi glorieux sur le plan national dans son costume récent de député.

swissinfo, Mathias Froidevaux à Bienne

La ville de Bienne a été fondée au 13ème siècle (entre 1220 et 1230) par le prince-évêque de Bâle Henri de Thoune.

Même si rien n’est prouvé, son nom vient très probablement du Dieu celte Belenus.

La première grande industrie biennoise fut la fabrication d’indiennes (tissus imprimés). Mais c’est l’horlogerie qui va finalement s’imposer grâce surtout à une décision du conseil de Ville au milieu du 19ème siècle: Celui de faire venir des horlogers jurassiens en leur offrant la taxe d’habitation.

La venue de 1700 d’entre eux est également à l’origine du fameux biliguisme biennois.

Par ordre d’importance, Bienne se situe à la neuvième place du classement des villes du pays. Son lac, le lac de Bienne, est la neuvième surface lacustre de Suisse.

Les Chemins de fer fédéraux (CFF) viennent d’annoncer qu’ils désirent faire de la gare de Bienne leur carte de visite au niveau national. Ils vont investir pour cela 27 millions de francs pour transformer les bâtiments existants d’ici 2009.

Au dessus de la ville de Bienne, à Macolin, se trouve l’Office fédéral du Sport.

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