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Des aliments frais pour renforcer LeShop

Dominique Locher, directeur de l’offre et de la communication client de LeShop. leshop.ch

Après avoir frôlé la fermeture, l’épicerie en ligne LeShop vendra sur sa plate-forme les produits Migros dès le mois de janvier.

Une association par laquelle LeShop espère tripler sa clientèle et, ainsi, devenir rentable.

La vente d’articles alimentaires par Internet peine à décoller en Suisse. L’histoire de LeShop, première épicerie en ligne en Suisse, en témoigne. Née en 1997, la jeune entreprise a frôlé la catastrophe et failli disparaître.

Dès lors, le partenariat conclu avec Migros le 19 septembre permettra-t-il à la société de décoller? Dominique Locher, directeur de l’offre et de la communication client de LeShop a répondu aux questions de swissinfo.

swissinfo: Quel est l’apport principal de votre partenariat avec la Migros?

D.L.: D’abord les produits. Beaucoup de nos clients nous demandaient d’accéder aux produits Migros. Ensuite, les volumes. Cela nous permet d’avoir une masse critique suffisante pour optimiser la gestion des flux.

Près de 99% des ménages suisses passent, entre autres, à la Migros pour faire leurs achats. La marque est l’une des plus connues du pays et la qualité des produits Migros y contribue beaucoup.

Dès le mois de janvier, nous pourrons donc offrir à nos clients tous les produits que l’on trouve à la Migros, en plus des produits de marque que nous leur proposons déjà.

swissinfo: Et cela suffira-t-il à faire décoller vos activités?

D.L.: Si l’on se base sur ce qui s’est fait à l’étranger, cela nous aidera. Les commandes par Internet de produits alimentaires en Suisse sont 14 fois moins développées qu’en Grande-Bretagne et 7 fois moins qu’à Paris, qui compte pourtant 7 millions d’habitants.

Il n’y a pas de raison pour que la Suisse ne les rattrape pas. Or, on constate que dans ces pays, les plates-formes qui marchent le mieux sont celles qui ont été lancées par les supermarchés, comme Auchan en France ou Wait Rose en Angleterre

Migros nous offre donc une visibilité accrue auprès de 99% des ménages et la possibilité de distribuer ses produits. Nous restons donc seuls maîtres à bord de LeShop tout en livrant des produits Migros ou des produits de marque directement chez le client.

swissinfo: Quel est le client cible de LeShop?

D.L.: La maman active. Ou plutôt le couple actif. Le fait de recevoir ses aliments directement à la maison, sans devoir s’arrêter dans un supermarché après une journée de travail, fait gagner un temps considérable.

swissinfo: N’est-ce pas un peu restreint?

D.L.: Non, pas du tout. Il y a au moins 360’000 ménages qui correspondent à ce profil en Suisse.

Trop souvent encore, les femmes qui travaillent à temps partiel éprouvent une certaine culpabilité à l’idée de se faire livrer des produits à domicile.

D’après les sondages que nous avons menés, le «qu’en dira-t-on» les dissuade de commander en ligne. Ou plutôt la peur que le voisin considère la livraison à domicile comme un trait prononcé de paresse.

swissinfo: Quels sont les produits qui ont le plus de succès auprès de vos clients?

D.L.: 80% de nos 30 produits les plus vendus sont des produits frais. Et 80% des commandes contiennent des produits frais. Le hit absolu, c’est la banane.

A travers LeShop, nos clients pourront désormais s’approvisionner en produits de marque comme en produits de la Migros. Et comme le rapport qualité/prix des produits Migros est reconnu, nous comptons bien pouvoir profiter de cette réputation.

swissinfo: Avez-vous toujours écoulé des produits frais?

D.L.: Non. Au début nous pensions que les clients préfèreraient les choisir au marché. Mais suite à leur insistance, nous avons décidé de franchir le pas en livrant les produits. Fort heureusement, car c’est grâce à ces produits que le succès de LeShop a commencé.

swissinfo: L’objectif de 50 millions de francs de chiffre d’affaires d’ici 2006 est-il réaliste?

D.L.: Tout à fait. Nos bons clients dépensent en moyenne 195 francs par mois, soit six fois le prix moyen d’un magasin physique. Il suffit que chacun d’eux nous en amène deux pour que nous dégagions des bénéfices. C’est un objectif tout à fait réaliste.

Interview swissinfo: Jean-Didier Revoin

– Deux ans après le lancement de LeShop, Bon Appetit Group (BAG), propriétaire des marques Pick Pay, Magro, Primo ou encore visAvis, prenait une participation de 33,3% au sein du capital de la société.

– En octobre 2002, BAG a repris la totalité du capital.

– Mais quelques mois plus tard, un cataclysme s’abat sur l’épicier en ligne.

– En décembre 2002, BAG décide de se séparer de ses activités non rentables et lâche LeShop, dont la fermeture est annoncée.

– In extremis, un groupe d’investisseur, constitué de clients fidèles, viennent en aide à la société.

– Le 3 janvier, la direction de LeShop est en mesure d’annoncer que la société a sauvé sa tête.

– Le 19 septembre, LeShop signe un partenariat avec Migros pour pouvoir vendre les produits du géant orange sur sa plate-forme.

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