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Diminuer le sentiment d’insécurité

L'Union syndicale suisse partage le constat de Fritz Blaser, président de l'Union patronale à propos de la faiblesse de l'économie suisse. Mais il ne soutient pas ses solutions.

Pietro Cavadini, porte-parole de l’USS s’en explique avec Jean-Didier Revoin.

Pour résoudre les problèmes de l’économie suisse, les déclarations de Fritz Blaser sont sans équivoque. Le patron des patrons s’appuie en effet sur une doctrine libérale pour permettre à la Suisse de rester au contact de ses partenaires économiques.

Son credo: moins d’Etat, moins de social, plus de flexibilité et des conditions-cadre plus favorables, notamment du point de vue des apports de capital à moyen et long terme.

Pietro Cavadini, porte-parole de l’Union syndicale suisse (USS) réagit pour swissinfo.

swissinfo: Quelle réaction vous inspirent les propos de Fritz Blaser?

Pietro Cavadini: Fritz Blaser est très autocritique et avec raison. Depuis une dizaine d’années, les conditions économiques tant pour les employés que pour les entreprises ne sont pas bonnes. Adapter les conditions-cadre est nécessaire. En revanche, nous sommes contre les diminutions supplémentaires des prestations sociales.

swissinfo: Pourquoi?

P.C.: Ces solutions sont mises en œuvre depuis dix ans avec les résultats que l’on sait. Les assurances ont connu une crise importante, Swissair a mis la clef sous le paillasson et nombre d’entreprises qui ont fait la réputation de la Suisse sont en difficulté ou ont disparu.

swissinfo: Dans ces conditions, quelles solutions préconisez-vous?

P.C.: Il faut absolument arrêter de déstabiliser la population et ne pas aggraver le sentiment d’insécurité des travailleurs.

Au fil des déclarations, de Pascal Couchepin, par exemple, qui prône une augmentation de la durée du travail en contrepartie d’une diminution des prestations de l’assurance vieillesse, les gens sont de plus en plus craintifs.

Repliés sur eux-mêmes ils consomment moins, ce qui grippe le moteur de la croissance économique.

swissinfo: Sur les dix dernières années, la croissance économique est pourtant plus faible en Suisse que chez les pays européens de taille comparable, comme la Hollande. Comment y remédier?

Les origines de ce phénomène sont multiples. Il y en a beaucoup mais je crois que la politique menée par la Banque Nationale Suisse jusqu’au milieu des années 1990 en est principalement responsable.

Depuis quelques années, sa politique est plus efficace et devrait favoriser le processus de reprise économique. Et comme l’évolution récente l’a démontré, il suffit d’une reprise de la croissance, pour l’instant hésitante dans le monde entier, pour que la machine reparte.

swissinfo: Les statistiques (celles de l’OCDE) démontrent, elles aussi, que la Suisse est moins compétitive en comparaison internationale qu’il y a dix ans?

P.C.: On ressort souvent cet argument en pareille situation. Mais je crois qu’il faut distinguer en fonction des secteurs d’activité.

Il y a des domaines où la Suisse fait toujours partie du peloton de tête. Et à condition que l’Etat procède aux investissements nécessaires, il n’y a pas de raison qu’elle le quitte.

En revanche, dans les domaines où le coût de la main d’œuvre est beaucoup moins cher à l’étranger, il est extrêmement difficile de rivaliser. Même avec des machines performantes.

Interview swissinfo: Jean-Didier Revoin

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