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En progrès, la Russie n’est pas encore un Eldorado

La gestion de l'eau occupe une part importante de l'aide suisse en Russie. Keystone

Présente en Russie depuis la chute du communisme, la Suisse doit faire fructifier les investissements déjà consentis.

Les secteurs des machines et de la sécurité ont un potentiel de croissance important.

En 2002 et depuis le début de cette année, Moscou affiche la meilleure performance boursière, tous marchés financiers confondus.

Un peu plus de dix ans après la fin du communisme et cinq ans après une très grave crise du système financier, l’économie russe aurait-elle déjà rattrapé celles de ses voisins occidentaux?

Non, bien évidemment. Mais il faut cependant constater que la croissance économique enregistrée par la Russie en 2002 (4%) a de quoi faire envie à n’importe quel pays membre de l’Union européenne, et à la Suisse en particulier.

Une carte à jouer

«Depuis quelques mois, la demande des entreprises russes s’est renforcée», constate Rolf Noll, consultant pour l’Europe de l’Est auprès de l’Office suisse d’expansion commerciale (OSEC).

Et dans certains secteurs économiques, la Suisse a une carte à jouer. Il s’agit avant tout du secteur des machines, surtout dans les domaines manufacturier et alimentaire. «Le parc actuel est obsolète et beaucoup d’entreprises cherchent à le renouveler», explique Rolf Noll.

Compte tenu de l’énorme production agricole russe, le marché de l’emballage offre des débouchés potentiels très intéressants.

L’univers de la sécurité à également le vent en poupe. Qu’il s’agisse de surveillance générale, de contrôle d’accès des bâtiments, etc…, la demande est très importante.

Un autre secteur dans lequel les entreprises suisses jouissent d’une réputation internationale et dans lequel elles peuvent gagner des parts de marché.

Multiplication de projets d’aide au développement

Cette prospérité, difficilement envisageable il y a trois ans encore, découle directement de l’amélioration de la stabilité politique et de la santé économique engendrée par les réformes du président Vladimir Poutine.

«Le pays est maintenant revenu sur le chemin de la croissance. Le fonctionnement du système bancaire après la crise de 1998 en est la meilleure illustration», poursuit le consultant de l’OSEC qui juge positif le processus de transition économique.

De quoi satisfaire les efforts entrepris par la Suisse depuis la fin du régime soviétique, tout au début des années 90.

Depuis cette période, l’aide helvétique poursuit deux objectifs principaux: accélérer le processus de transition économique d’abord; permettre aux entreprises suisses de prendre pied sur le marché russe ensuite.

Dans les faits, cette politique s’est traduite par la multiplication de projets d’aide au développement en Russie et dans certaines ex-Républiques soviétiques.

La Suisse s’est ainsi illustrée en menant à bien des projets liés à l’épuration des eaux dans les villes de Perm et de Nijni Novgorod.

Conjointement, le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) et la Direction du développement et de la coopération (DDC) ont participé au réaménagement des réseaux de distribution d’eau.

Le revers de la médaille

Malgré le succès de ces aménagements, les choses n’ont pas été faciles pour toutes les entreprises qui ont tenté de nouer des relations avec des partenaires russes. Corruption, défauts de paiements, arnaques étaient monnaie courante.

Au tel point que les échanges commerciaux entre les deux pays en ont gravement souffert. A l’ère communiste, le montant des importations suisses en provenance la Russie atteignait 1 milliard de francs environ.

En 1993, et pour les raisons susmentionnées, ces importations n’atteignaient plus de 300 millions de francs. Depuis, leur niveau est remonté progressivement pour avoisiner les 900 millions de francs en 2002, la majeure partie se composant de métaux précieux dont la Suisse est dépourvue.

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si la Russie d’aujourd’hui est aussi fiable qu’elle l’était avant la chute du communisme et l’instauration d’une période de capitalisme sauvage.

Des risques importants demeurent

Comme la plupart des marchés émergents, le marché russe n’est pas exempt de risques. Et même s’il y a un mieux, la situation reste fragile. Pour plusieurs raisons, mais deux sont particulièrement importantes.

Il y a tout d’abord les faiblesses de l’environnement légal et de la mise en œuvre du droit. «Même si elle va dans le bon sens, la transformation prend du temps», remarque Rolf Noll.

Mais la plus importante découle de la forte corrélation entre le prix du pétrole et la santé de la Russie, qui en est l’un des principaux exportateurs.

La hausse du prix du baril a profité à l’ensemble de l’économie et contribué à l’amélioration de la conjoncture. Et une baisse importante et durable entraînerait une forte diminution des liquidités de l’état, de même qu’une détérioration de l’économie en général.

Les mentalités ont évolué

Avec le risque de voir les faiblesses structurelles dont souffre le pays s’exacerber. Dans le désordre, retour d’une inflation élevée, forte remontée du chômage dont le taux officiel est de 8% et, par conséquent, fragilisation des conditions sociales.

Mais pour Rolf Noll, la période que le pays vient de traverser aura au moins eu un mérite. Celui de faire prendre conscience aux Russes des inconvénients qu’implique une recherche du profit à court terme.

«Si cette maximisation immédiate du profit s’explique après 80 années de frustration, ils ont néanmoins pris conscience aujourd’hui de l’importance de la qualité, tant des produits que des relations.»

swissinfo, Jean-Didier Revoin

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