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L’horlogerie suisse n’échappe pas à la morosité

Les difficultés actuelles de l'horlogerie suisse ne préfigurent en rien une crise comparable à celle des années 70-80. Keystone

En juin, Cartier et Ebel ont restructuré. 200 postes de travail ont été supprimés en Suisse le même mois.

La conjoncture défavorable et le début d’année difficile au plan international sont montrés du doigt. Mais certains marchés restent sous exploités.

La conjoncture difficile n’épargne personne. Pas même le monde de l’horlogerie, composante essentielle de l’image de marque de la Suisse.

Au début du mois de juin, Cartier supprimait 180 postes. Le 25, Ebel à son tour en a supprimé 24. Faut-il s’attendre à voir ce type de mesures se multiplier dans le secteur?

Si tout le monde espère une reprise dans la seconde partie de l’année, personne n’est prêt à donner des garanties. Principale accusée, la faiblesse de la conjoncture particulièrement en Allemagne.

Mais au-delà, cette période de vaches maigres met en évidence des problèmes structurels auxquels le secteur devra de toute façon remédier.

Surcapacités sur fond de crise

«Les réseaux de distribution sont engorgés», note par exemple Jean-Claude Rennwald.

Mais le responsable pour l’horlogerie du syndicat FTMH s’appuie également sur l’évolution défavorable de la conjoncture et la force relative du franc suisse pour expliquer ces restructurations.

Il faut également garder à l’esprit le couac de la Foire de Bâle. A cause de l’épidémie de pneumonie atypique (SRAS), le gouvernement suisse avait interdit l’entrée de la manifestation horlogère la plus importante du pays aux exposants venus d’Asie au mois d’avril dernier.

«Cette interdiction contribue aussi à la baisse des exportations horlogères que la Suisse connaît aujourd’hui», poursuit le responsable syndical. Car les Asiatiques sont très friands de produits horlogers.

Premier semestre en fort recul

En effet, au premier semestre 2003, la baisse atteint 6,3%, soit 244,3 millions de francs. Elle est particulièrement importante pour les montres, dont les exportations en valeur ont diminué de 13,3%, à 701,4 millions de francs, au mois de mai.

Le nombre de pièces a littéralement chuté de près de 900’000 unités, soit 36,4% de moins qu’une année auparavant. Raison que les entreprises du secteur avancent pour engager des restructurations.

A ce petit jeu, les sous-traitants sont ceux qui souffrent le plus. «Leurs commandes sont en diminution ou souvent reportées», explique Jean-Daniel Pasche, de la Fédération de l’industrie horlogère suisse.

«Contrairement à la crise des années 80, l’ensemble du secteur de l’horlogerie traverse une période difficile compte tenu de la morosité du climat de consommation», poursuit l’intéressé.

Les difficultés actuelles ne préfigurent en rien une crise comparable à celle qu’à vécu l’horlogerie suisse dans les années 70-80.

«A l’époque, l’horlogerie suisse avait raté l’arrivée du mouvement à quartz mais un tel saut technologique ne devrait pas se reproduire dans un futur proche», précise Marc Gemoets.

Des marchés à développer

L’analyste de la banque Ferrier Lullin reconnaît que la baisse du tourisme, due à la guerre du Golfe, et l’épidémie de SRAS ont également affecté les résultats de la branche. Il considère néanmoins que le potentiel de plusieurs marché n’est pas suffisamment exploité.

Il y a bien sûr plusieurs marchés émergents tels que l’Inde, la Chine et l’Europe de l’Est. Ces pays affichent des taux de croissance économique bien supérieurs à ceux de l’Union européenne et des Etats-Unis et les horlogers n’y sont pas encore implantés de manière efficiente.

Et du point de vue de l’implantation, des progrès importants sont également possibles sur le marché américain.

«Les horlogers, suisses et étrangers, ont jusqu’à présent privilégié les grands centres urbains. L’intérieur du pays est encore très mal exploité, ce qui lui confère un potentiel important en dépit d’une conjoncture économique hésitante», explique Marc Gemoets.

Optimiste, l’analyste ne croit pas à une crise aussi grave que celle des années 70-80. Ce qui est en revanche certain, c’est que les restructurations vont se poursuivre, le temps de procéder à des ajustements ponctuels.

swissinfo, Jean-Didier Revoin

Les lieux d’exportation de l’horlogerie suisse:

– Europe (36,4%)

– Asie et Océanie (36%)

– Amérique du Nord (16,2%)

– Amérique du Sud (4,1%)

– Pays de l’Est (6,4%)

– Afrique (0,9%)

En 2002, 28,3 millions de montres ont été produites en Suisse pour une valeur de 10,561 milliards de francs.
Soit 2,9 millions de montres mécaniques, 25 millions de montres à quartz analogiques et 0,4 million de montres à quartz digitales.

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